Anticyclone des Mascareignes : la zone qui oblige les systèmes à filer tout droit vers l’ouest

Actuellement dans le bassin des Mascareignes, la tempête tropicale modérée Dikeledi se déplace tout droit vers le Nord-Est de Madagascar, sans descendre vers le Sud. Sa trajectoire linéaire est similaire à celle du cyclone Chido, qui a balayé l’archipel d’Agalega avant de dévaster Mayotte le 14 décembre 2024. C’est une zone de haute pression – un anticylcone -, bien marquée qui contribue à pousser les systèmes vers l’ouest en les empêchant de plonger au Sud. C’est ce qu’avancent des spécialistes de la Météo dans Ia publication Imaz Press.

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« Un cyclone ne se déplace pas de son propre chef », indique Sébastien Langlade, le responsable des prévisions cycloniques à Météo France Réunion. « Son déplacement est dicté par l’environnement atmosphérique dans lequel il va se trouver » , ajoute-t-il
L’anticyclone des Mascareignes est bien marqué cette année » commente le responsable des prévisions cycloniques à Météo France Réunion. C’est cette zone de haute pression où les alizés circulent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, qui contribue à générer pour les systèmes dépressionnaires des trajectoires quasiment en ligne droite vers l’Ouest sans descendre vers le Sud.

« Actuellement, les systèmes qui ont réussi à se développer sur la façade Nord sont pris dans ce flux d’alizé qui emmène les masses d’air d’Est en Ouest », explique Sébastien Langlade.

C’est le cas de la tempête modérée Dikeledi comment le montre la trajectoire adoptée depuis ces derniers jours. « Ce phénomène météorologique est porté par l’oscillation entre El Niño et la Niña », poursuit le responsable des prévisions cycloniques à Météo France Réunion.

Au cours des dernières années plusieurs systèmes ont déjà eu ces déplacements linéaires. En 2023, cela a notamment été le cas de Freddy « un système parti de l’Australie qui a terminé sa course sur l’Afrique australe en traversant l’océan Indien », rappelle Sébastien Langlade. Batsirai et Emnati en 2022, Idai en 2019 ou encore Litanne en 1994 ont également eu une trajectoire en ligne droite.

Impact sur la force du système cyclonique
Cette structure linéaire – appelée zonale en terme technique -, peut avoir un impact sur la force du système cyclonique.
« Dans un contexte de trajectoire durablement orienté vers l’Ouest, si a un phénomène cyclonique reste longtemps dans les eaux chaudes, il aura les conditions atmosphériques nécessaires pour exploiter son carburant et devenir plus intense que les systèmes plongent très vite vers le Sud », explique Sébastien Langlade.
C’est ce qui s’est passé avec le cyclone Chido – qui a dévasté Mayotte et provoqué la mort de 39 personnes, selon le dernier bilan officiel.
« En décembre, l’anticyclone des Mascareignes s’est renforcé », dit-il.
Une situation peu commune « alors que quand on arrive vers l’été austral, il a tendance à s’affaiblir. Mais sous le coup d’un contexte global favorable à son renforcement, il a pris du galon ».

Zonale, parabolique, méridienne
Si Dikeledi et dernièrement Chido ont eu des trajectoires linéaires (zonale en terme tecbhnique), « cela ne veut pas dire que les autres systèmes seront pareils », prévient Sébastien Langlade.
L’anticyclone actuellement présent dans la zone des Mascareignes peut aussi contribuer à « des trajectoires paraboliques comme pour Bheki ».
Ainsi la tempête Dikeledi a une trajectoire zonale pour le moment, mais « elle devrait effectuer sa parabole dans le canal du Mozambique dû à un changement d’environnement », estine le météorologue.

Une autre trajectoire est également possible. Il s’agit de la méridienne, comme Belal où « le système se forme au Nord des Mascareignes et descend de suite vers le Sud » , note Sébastien Langlade.
 » Cette année, nous serons dans une année où les trajectoires paraboliques et zonales seront privilégiées » , prévoit le responsable des prévisions cycloniques à Météo France Réunion.

Toujours dans la même zone
Que les trajectoires soient zonale, parabolique ou méridien, tous les systèmes commencent toujours dans le même secteur. « Sur une zone de formation, il y a des zones climatologiques privilégiées et identifiées », explique Sébastien Langlade.
 » Dans cette zone de l’océan Indien, tout commence plutôt au Nord, loin des terres habitées, dans la zone de convergence tropicale où se rencontrent les deux alizés, celui de l’hémisphère Nord et celui du Sud », ajoute-t-il.

Phénomènes situés plus au Sud
À l’avenir, et avec le dérèglement climatique, ces trajectoires pourraient se modifier.
« Les études de l’activité cyclonique dans le contexte de réchauffement climatique ne sont pas allées jusqu’à étudier la différente répartition des types de trajectoire », avance Sébastien Langlade.

 » Toutefois il a été identifié qu' »à terme, dans des dizaines et dizaines d’années, on pourrait avoir un déplacement de la zone où les phénomènes ont leur maximum d’intensité (actuellement au Nord des Mascareignes) vers le Sud », explique le responsable des prévisions cycloniques.

« Il pourrait donc y avoir des systèmes dans des zones situées au Sud qui avant n’étaient pas intéressées par le risque cyclonique et où la zone d’intensité maximale serait plus centrée sur les Mascareignes et donc La Réunion », prévient-il.
(Imaz Press)

 

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