Rebelote pour le QEC, qui arrive encore en deuxième position. L’établissement des villes-sœurs fait quand même mieux que l’année dernière, avec 11 lauréats, contre 8 en 2023. L’ambiance était électrique hier au Queen Elizabeth College (QEC), et ce, avant même la proclamation des résultats.
Très confiantes de la performance de leurs doyennes, les plus jeunes, à peine plus hautes que trois pommes, chantaient et hurlaient leur excitation. Et elles ont eu raison puisque 11 boursières venaient de leur collège. Il y a eu quand même un léger goût d’inachevé du côté des membres du personnel enseignant et des élèves qui, scotchés à la radio, pensaient pouvoir rééditer la performance de 2020/2021 qui avait, in extremis, devancé le Royal College de Curepipe avec 13 lauréates contre 12 à leurs homologues de la ville lumière. Sous un soleil de plomb, malgré tout, 10 des 11 boursières, – Poshita Babajee se trouvant à l’étranger -, ont été ovationnées à leur arrivée au collège.
Sanhya Putchay (QEC) : « C’était le choc »
« Je savais que j’avais le potentiel pour briller à ces examens, mais de là à figurer parmi les 49 boursiers de la cuvée… C’était le choc lorsque j’ai entendu mon nom. Je ne peux décrire ce que je ressens. Je sais que j’étudierai le droit, mais sincèrement je n’ai pas encore pris de décision concernant l’endroit où j’étudierai. Je ne ferme pas la porte à des études à Maurice. Pour combattre l’indiscipline à l’école, c’est simple, il faut inculquer la discipline aux enfants. Les autorités se doivent d’être intransigeantes sur ce point. Il y a un laisser-aller criant. »
Maniska Ida Rambarun (QEC) : « Je n’y croyais pas…mes parents et mon frère si ! »
« La compétition était encore plus féroce au niveau de la cuvée 2024. En me réveillant ce matin, pas une seconde je n’avais imaginé être portée en triomphe par mes camarades. Mes parents et mon frère ont toujours cru dur comme fer que j’allais le faire. C’est là tout le paradoxe. Ils me disaient, hier soir, qu’ils s’étaient préparés à sabrer le champagne. C’est un truc de fou ! Ce sont eux qui m’ont poussé à donner le meilleur de moi-même.
« Je compte poursuivre mes études en Droit, en Angleterre, peut-être, et emboîter le pas à ma mère qui après avoir exercé comme Magistrate, travaille actuellement comme avocate au bureau du Directeur des Poursuites publiques (DPP). Il n’y a pas de solution miracle pour freiner la violence et l’indiscipline chez les collégiens. Ça passe par l’éducation où les parents et les professeurs doivent être rigoureux dans leur approche. »
Kelly Jade Mie Lie Leung Siong Fat : « J’ai travaillé à mon propre rythme »
« J’étais très surprise et je ne voulais pas trop regarder les messages sur mon téléphone. J’étais un peu stressée hier et ce matin, comme tous ceux qui ont pris part aux examens. J’ai été très régulière dans mon travail, mais j’avoue que je n’ai pas travaillé comme une acharnée, car j’attendais tout le temps la dernière minute. Heureusement, même en ayant révisé beaucoup à la dernière minute, cela m’a servi et j’ai pu réussir et devenir lauréate.
« Je n’ai pas de recette magique à vous donner, mais l’essentiel est d’apprendre et d’être consistante. Ma famille m’a soutenue, mais tout en me laissant libre de travailler comme je voulais et à mon rythme. Je n’ai pas trop d’opinions sur le système éducatif actuel, mais je constate que l’école mixte fonctionne bien, car ça nous prépare mieux pour le monde adulte. Maintenant, la prochaine étape, c’est l’université en Australie. Je ne suis pas encore certaine de la filière que je vais choisir, c’est possible que ce soit la finance. »
Bibi Aisha Siddiqua Juman : « La préparation a été difficile »
« Je ne m’attendais pas du tout à être lauréate, surtout que tous ceux qui étaient dans ma classe avaient un très bon niveau, il y en a même qui – j’en suis sûre – sont meilleurs que moi. La préparation a été difficile, il y avait beaucoup de devoirs et de leçons. J’ai dû prendre un peu de leçons particulières, car j’étais dans un autre collège et j’étais en Form IV lorsque j’ai pris part aux examens de SC ; donc j’ai dû rattraper, car je sentais que les autres étaient plus forts dans ma classe au QEC. Quoi qu’il en soit, je remercie tout le monde, tous ceux qui ont contribué à mon succès. »
Naïlah Zaynab Elahee : « Toujours garder en tête son objectif »
« Le secret de ma réussite, c’est la persévérance, car le travail n’a pas commencé il y a un an mais depuis plusieurs années. Je dois beaucoup au soutien de mes parents, ma famille, mes amis et j’ai beaucoup misé sur la prière qui m’a donné du courage. Il y avait des moments où j’étais très “down” mais c’est la prière qui m’aidait à me relever. Car réussir aux examens est très dur, cela demande beaucoup de travail et de sacrifices et il y a des jours où je perdais espoir.
« Même pour les examens, j’ai fait certaines erreurs et pour être franche, avant la proclamation des résultats, je n’avais pas d’espoir d’être nommée lauréate. Je suis très contente. J’explore mes options pour la suite mais je vais solliciter l’avis de mes parents.
Face à la montée de l’indiscipline dans le milieu scolaire, nous devons toujours garder en tête notre objectif, c’est très facile de succomber à la tentation, d’être indiscipliné, mais il faut toujours se rappeler les sacrifices de nos parents. Mais je dois dire qu’au QEC, il y a cette discipline nécessaire au bon travail. »
Jiveshnee Jadoo Barosee : « Ne pas abuser des réseaux sociaux »
« Mes parents m’ont bien soutenue, ainsi que mes amis. Je souhaiterais étudier la finance en Angleterre ou au Canada. Les trois Credits sont une bonne mesure, car il y a des élèves qui sont des Late Learners et qui arrivent à rattraper lorsqu’ils arrivent en HSC. On parle de réforme de l’éducation, mais je pense que les jeunes doivent se concentrer davantage sur leurs études et moins sur les réseaux sociaux. Il ne faut pas abuser des réseaux sociaux. Mais ils doivent réaliser qu’ils ont un but dans la vie et s’appliquer davantage dans leurs études. Le téléphone portable doit être utilisé uniquement en cas de besoin et judicieusement. Il faut être discipliné et aussi prendre le temps de s’amuser et passer du bon temps, il faut trouver le juste équilibre. »
Amira Khalil Elahee : « Je souhaite une approche holistique à l’éducation »
« La préparation aux examens a commencé très tôt, dès le primaire. J’ai fréquenté l’école du gouvernement James Toolsy avant et aujourd’hui je suis fière que trois anciens élèves de cette école soient devenus lauréats. Dès mon jeune âge, j’ai été fascinée par les lauréats et c’est peut-être ça qui m’a encouragée à étudier. Mes enseignants ont cru en moi beaucoup plus que moi-même. J’ai beaucoup prié et je remercie mes enseignants ainsi que mes parents, qui ne m’ont jamais mis de pression. Ils m’ont dit qu’ils allaient toujours être fiers de moi, que je sois lauréate, ou classée, ou pas. Ils m’ont seulement dit de donner le meilleur de moi-même.
« C’est vrai que l’indiscipline grandit dans les collèges, surtout avec la drogue et l’alcool, et j’espère que le nouveau gouvernement développera une nouvelle approche pour s’attaquer au mal par la racine.
« Sinon, si on parle de réforme de l’éducation, j’aurais aimé beaucoup plus d’activités extrascolaires et une approche holistique à l’éducation, en développant le sport et l’art notamment. Pour la suite, je dois discuter avec mes parents mais je m’intéresse un peu au droit. »
Pareenita Dhawka : « Une pensée pour ceux et celles qui n’ont pas décroché le Graal »
« Mon objectif était d’être lauréate mais je n’étais pas obnubilée par cette perspective. Maintenant que c’est fait, je savoure cette réussite tout en ayant une pensée pour ceux et celles qui étaient dans les starting-blocks comme moi mais qui ont, hélas, été déçus de ne pas entendre leurs noms à la radio. Beaucoup de mes amies pouvaient décrocher le Graal.
« J’entends continuer mes études en optant pour l’ingénierie. À la question de savoir où j’irai, je dirais que j’ai une préférence pour les États-Unis. Et sur la question de l’indiscipline dans les établissements secondaires, je pense qu’il faut se pencher sur la socialisation. L’indiscipline est souvent causée par plusieurs facteurs, dont l’éclatement de la cellule familiale, le Peer Pressure, ou encore de mauvais exemples. Il faut situer l’importance de responsabiliser les parents qui sont les plus grands éducateurs pour un enfant. Ce sont ceux qui vont inculquer les valeurs à leurs enfants. « Malheureusement, l’absence de parents ou ceux qui donnent le mauvais exemple font que les enfants, à leur tour, reproduisent ce qu’ils voient chez eux à l’école. »
Zaara Fatima Toorawa : « Je suis aux anges »
« Je suis aux anges ! Le terme n’est pas assez fort pour décrire ce que je ressens actuellement. Je dois une fière chandelle aux membres de ma famille et à mes professeurs qui m’ont permis d’évoluer dans un climat sain. Pour la suite, je peux d’ores et déjà dire que je compte me lancer dans le monde des finances. J’ai déjà fait des demandes du côté des universités de la Grande-Bretagne et je piaffe d’impatience de franchir ce palier.
« Je tiens à saluer le travail ardu consenti par les recteurs et les enseignants pour inculquer la discipline aux élèves. La solution pour mettre un frein à la violence doit venir des élèves eux-mêmes. La mise en place d’une association des Head Boys & Girls de tous les collèges en vue d’une prise de conscience, avec l’apport des parents, peut conduire à long terme à une diminution de tout type de violence. »