Ce 22 mars, dix auteurs mauriciens ont signé une demande de remise en liberté de l’écrivain algérien Boualem Sansal, incarcéré depuis le 16 novembre dernier et qui a entamé une grève de la faim depuis le 17 février. J.M.G Le Clézio, Issa Asgarally, Ananda Devi, Cassam Uteem, Sudhir Hazareesingh, Jean Claude de L’Estrac, Davina Ittoo, Serge Rivière, Barlen Pyamootoo et Robert Furlong ont ainsi envoyé une lettre dans ce sens au président de la République algérienne démocratique et populaire, AbdelMadjid Tebboune, par l’entremise de son ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire Filali Ghouini, basé à Antananarivo, Madagascar.
Les auteurs commencent leur lettre ainsi : « Nous, soussigné(e)s, vous demandons de bien vouloir libérer l’écrivain Boualem Sansal, qui est en prison à Alger depuis le 16 novembre 2024 et qui a commencé une grève de la faim le 17 février 2025. » Cette demande de remise en liberté est motivée par des raisons humanitaires et littéraires. D’abord, « Boualem Sansal, âgé de 75 ans, est atteint d’un cancer, et la grève de la faim ne peut que menacer sa vie », écrivent-ils.
Ensuite, quelle que soit son opinion, la place de l’écrivain n’est pas en prison, disent les signataires. Avant de souligner que « de nombreux lecteurs dans le monde lisent avec intérêts les livres de Boualem Sandal », citant Le Serment des barbares, couronné du Prix du Premier roman, 2084, la fin du monde, celui du Grand Prix du roman de l’Académie française, et Lettres d’amitié, de respect et de mise en garde aux peuples et aux nations de la terre.
Ils précisent : « Nous tenons à souligner qu’il n’est pas tenu à quiconque de partager toutes les idées de Boualem Sansal pour être convaincu de la place légitime qu’il occupe dans la littérature. La place d’un écrivain n’est pas en prison, peu importent les idées qu’il exprime dans ses écrits ou dans ses déclarations publiques. Agir autrement, ce serait le condamner pour délit d’opinion. »
Cela fait 127 jours depuis que l’écrivain est incarcéré pour « avoir porté atteinte à l’intégrité du territoire algérien ». Naturalisé français quelques mois avant sa détention, il est très critique envers son pays natal. Il aurait affirmé dans « un média français réputé d’extrême droite que le Sahara occidental, territoire disputé entre le Maroc et l’Algérie, était historiquement marocain ».
Boualem Sansal, qui s’exprime par les mots, estime aussi qu’il faut « résister physiquement ». C’est la réponse qu’il aurait donnée au linguiste Issa Asgarally, qu’il a croisé il y a quelque temps à Saint-Denis, La Réunion, affirmait celui-ci au Mauricien en décembre dernier.
Le 20 mars, dix ans de prison ferme et une amende d’un million de dinars algériens ont été requis contre lui devant le tribunal. Le verdict final est attendu pour le 27 mars. Le comité de soutien de Boualem Sansal, lui, s’attend à ce qu’il bénéficie de la grâce présidentielle. Sur le site de France Info, nous pouvons même lire : « Même s’il y avait une condamnation, finalement le sort de Boualem Sansal serait entre les mains du président Tebboune, qui pourrait décider à la fin du ramadan d’inclure Boualem Sansal dans une grâce présidentielle », indique Arnaud Benedetti, politologue et fondateur du comité de soutien de Boualem Sansal.
J.M.G Le Clézio est Prix Nobel de Littérature 2008; Issa Asgarally, docteur en Linguistique, ancien professeur associé à l‘Institut de l’Education de Maurice et auteur; Ananda Devi, docteure en anthropologie sociale, traductrice et auteure; Cassam Uteem, ancien président de la République de Maurice et auteur; Sudhir Hazareesingh, professeur d’histoire à l’université d’Oxford (Grande-Bretagne) et auteur; Jean Claude de L’Estrac, ancien ministre des Affaires étrangères de Maurice, ancien Secrétaire de la Commission de l’océan Indien (COI) et auteur; Davina Ittoo, docteure en Lettres modernes, enseignante à l’Open University of Mauritius (OUM) et auteure; Serge Rivière, professeur émérite à l’université de Limerick (Irlande) et auteur; Barlen Pyamootoo, organisateur du Salon du Livre de Trou-d’Eau-Douce et auteur; et Robert Furlong, ancien président du Centre culturel d’expression française (CCEF) et auteur.