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Air Austral et Air Madagascar montent en puissance dans l’océan Indien

  • Jean-Marc Grazzini (Air Austral) : « Quand on recherche de la croissance, il faut s’allier »

Depuis 2017 qu’Air Austral est entrée dans le capital d’Air Madagascar, les deux lignes aériennes ont uni leur destin pour mieux exploiter les dessertes régionales. Elles misent pour cela sur leurs quatre “hubs” : Paris, Marseille, La Réunion et Mayotte.

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À défaut d’une compagnie régionale en bonne et due forme (projet cher à la COI du temps de Jean Claude de l’Estrac), les deux lignes aériennes de la région, qui n’ont pas froid aux yeux, se positionnent désormais en duo, sans complexe, sur l’exploitation des dessertes régionales. Depuis le 30 novembre 2017, quand Air Austral a investi dans Air Madagascar (le gouvernement malgache détient toujours 51% de la compagnie), la stratégie est claire : monter en puissance et « devenir une force » dans l’océan Indien, en s’appuyant d’abord et prioritairement sur un redressement d’Air Madagascar, car chaque partenaire doit opérer « d’égal à égal ». Tous deux affichent aujourd’hui un chiffre d’affaires combiné de 550 millions d’euros et regroupent 2 000 employés.

Jean-Marc Grazzini, directeur général adjoint d’Air Austral, et Gilles Talec, directeur général adjoint d’Air Madagascar, regardent donc dans la même direction. Avec un “business plan” solide et malgré un « contexte concurrentiel de plus en plus agressif », leur objectif est désormais de « coopérer pour mieux résister ». Jean-Marc Grazzini, d’Air Austral, n’a aucun doute : Madagascar est un « territoire à haut potentiel » dans l’océan Indien et, pour lui, assurer la croissance dans le domaine de l’aviation d’aujourd’hui implique qu’il faut « construire des synergies, alimenter et renforcer les deux réseaux ».

Air Austral et Air Madagascar ambitionnent de devenir des acteurs majeurs de l’océan Indien. Pour mieux exploiter les routes régionales, le tandem s’appuie sur ses quatre “hubs” : Antananarivo, Saint-Denis, Dzaoudzi (Mayotte) et Paris (Charles de Gaulle). Pour Gilles Talec, d’Air Madagascar, cette stratégie couplée au redressement d’Air Madagascar représente « des avancées considérables » et affiche des résultats déjà visibles sur l’ensemble des opérations, à commencer par une meilleure gouvernance d’entreprise au sein d’Air Madagascar. Il y a aussi eu un renforcement des réseaux et des programmes, une consolidation de la flotte, une revalorisation du client, une meilleure efficacité commerciale et, surtout, le développement de synergies conjointes.

Misant sur leurs réseaux existants, les deux lignes ont tout mis en œuvre pour monter en puissance sur l’axe Océan Indien-France. Elles effectuent ainsi plus de trois vols quotidiens par semaine sur cet axe : dix vols Paris-Réunion, sept vols Paris-Tana, deux vols Marseille-Réunion, un vol Marseille-Tana et sept vols Paris-Mayotte. En outre, les deux lignes annoncent la réouverture du vol Tana-Johannesburg le 17 juin. En tout, le réseau des deux compagnies couvre 24 destinations.

Depuis la signature de leur partenariat, elles ont aussi lancé une ligne aérienne domestique pour mieux exploiter le marché malgache et ses 25 millions d’habitants : Tsaradia, qui opère à partir de Tana vers plusieurs destinations domestiques (Diego, Nosy Be, Sambava, Sainte Marie, Tamatave, Morondava, Tuléar, Majunga et Fort-Dauphin, entre autres). En parallèle, Air Austral revalorise également sa propre filiale, Ewa Air, qui opère au départ de Mayotte. « C’était un véritable challenge de lancer Tsaradia en seulement dix mois. Nous l’avons mise sur pied en un temps record », explique Jean-Marc Grazzini. Pour faire fonctionner cette nouvelle ligne domestique, plus de 200 employés y ont été transférés et 27 pilotes ATR et Twin ont été recrutés, sans oublier la création et le positionnement de la nouvelle marque. Tsaradia effectue jusqu’à deux rotations quotidiennes sur Nosy Be, Diego, Tamatave, Tuléar et Fort Dauphin.

Tous ces nouveaux services domestiques, régionaux et internationaux ont pu être mis en place grâce à une consolidation de la flotte globale, qui est passée de 14 appareils (en 2017) à 20 appareils en 2019. De plus, le “business plan” comprend un renouvellement de la flotte long-courrier en 2023, ainsi que de celle moyen-courrier. Pour cela, des discussions sont déjà en cours avec les avionneurs Airbus, Boeing, Bombardier et Embraer.

Les deux lignes ont mis en commun leurs deux programmes de fidélité Namako et Capricorne, transformés en Mycapricorne. Plus important : leur union leur permet désormais de réaliser des économies d’échelle sur leur approvisionnement, notamment en termes de carburant, mais aussi de loyers et achats, maintenances, services au sol et formations, entre autres.

Autre nouveauté, la mise en œuvre du plan “Ponctu85” pour assurer une meilleure ponctualité des vols d’Air Madagascar et porter le taux de ponctualité à 85% au minimum. Par ailleurs, pour élargir leur réseau, les deux lignes misent sur un développement en Asie via La Réunion, notamment avec la desserte de Canton et le renforcement de la liaison sur Bangkok. Elles travaillent également à harmoniser les horaires des vols afin d’offrir de meilleures connexions, via La Réunion, vers la France et l’océan Indien.

Dans cette stratégie de croissance, Maurice est considérée comme un marché clé pour le développement des deux compagnies. Des fréquences « soutenues » seront mises en œuvre entre Maurice et La Réunion et entre Maurice et Tana, avec plus de destinations en connexion, sans oublier le développement de produits “packagés”. Le directeur général adjoint d’Air Austral situe l’importance de Maurice au sein du réseau mis en place par les deux lignes : « En fait, on propose toutes les destinations que l’on dessert dans notre réseau, principalement celles qui ont de bonnes correspondances au départ de Maurice. »

Coopérer pour résister à la concurrence

Pour Jean-Marc Grazzini, ce partenariat entre les deux lignes est « nécessaire dans l’océan Indien, car nous opérons sur de petits marchés ». Il poursuit : « Nous avons besoin l’un de l’autre. Nous recherchions une coopération pour résister au contexte concurrentiel et nous avons trouvé un territoire à haut potentiel dans l’océan Indien, car n’oublions pas que Madagascar est de la taille de l’Espagne. Quand on recherche de la croissance, il faut s’allier. L’avenir pourrait être bien sombre si nous n’avions pas coopéré. » Interrogé sur le fait de savoir si un tel partenariat stratégique serait porteur pour Air Mauritius également, Jean-Marc Grazzini ne souhaite pas faire de commentaires. « Je ne connais pas les problématiques et les visions stratégiques d’Air Mauritius. Je ne peux pas répondre. »

Questionné sur le montant des ressources financières injectées dans tous ces changements depuis l’entrée au capital d’Air Madagascar, le directeur général adjoint d’Air Austral déclare : « On fait venir des investisseurs. En propre, nous ne sommes pas des financiers. Par contre, nous apportons l’expertise et la réflexion stratégique. » Concernant la viabilité d’une compagnie aérienne régionale, projet proposé par la COI il y a quelques années, le directeur général adjoint d’Air Austral souligne simplement : « Vous avez des États qui sont souverains, sauf La Réunion. Est-ce qu’il est possible d’imposer un projet à un de ces gouvernements ? Non. »

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