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AIDS CANDLELIGHT MEMORIAL Den Ramsamy : « La majorité des PVVIH n’ont ni travail ni maison »

Le dimanche 20 mai, Maurice marquera pour la septième année consécutive le AIDS Candlelight Memorial. Il y a trois ans, Den Ramsamy, ancien toxicomane et PVVIH (Personne vivant avec le VIH) déclarait publiquement sa condition de séropositif. « Les choses ont certes changé, reconnaît-il. Beaucoup d’argent et de moyens sont mis à profit dans la lutte contre le virus. Cependant, la grande majorité de PVVIH que je rencontre, chaque jour, vit dans une grande précarité. La plupart n’ont ni travail ni maison… »
« Je suis moi-même un travailleur social et j’ai obtenu du travail auprès de l’ONG Kinouete. C’est très bien, reconnaît Den Ramsamy. Nous sommes encore quelques autres PVVIH qui avons pu décrocher un boulot. Mais pour la plupart, au sein d’autres ONG oeuvrant soit dans la lutte contre le sida, soit contre la toxicomanie. »
La grande majorité de PVVIH, poursuit notre interlocuteur, « continue à vivre dans une grande précarité. Je prends mon propre exemple : valeur du jour, même si je suis employé, je ne peux faire de projets pour les miens. Pour preuve, je ne peux prendre un emprunt en vue d’acheter un terrain pour construire une maison pour ma famille, ni souscrire à une assurance… J’ai vécu ces expériences et beaucoup d’autres PVVIH sont dans le même cas ! » Il ajoute : « On ne peut ni construire, ni acheter. Dans quel avenir peut-on se projeter ? »
Le travailleur social explicite : « Quand on va souscrire pour une assurance et qu’on explique qu’on est atteint d’Hépatite C, immédiatement on est disqualifié ! Hépatite C et VIH sont synonymes de mort pour ces institutions, donc, nous, on n’a pas droit à économiser, penser à l’avenir de nos enfants… C’est révoltant ! »
Den Ramsamy poursuit : « Ce type de problème frappe surtout les plus démunis, soit les ex-toxicomanes qui sont aussi PVVIH. On sait que les toxicomanes sont des personnes qui, de par leur parcours, ont pendant de longues années, mené une existence dictée par le “yen”. Zot priorité touzour rode zot dose, manzé, bwar… passe apre. Quand ces personnes bénéficient du traitement de méthadone, cela les aide à ne plus avoir à chercher leur dose, c’est bien. Mais en contrepartie, ils se retrouvent avec tellement de temps libre qu’ils n’ont rien à faire ! Or, c’est dans ces moments-là que les mauvaises idées prennent le dessus sur les bonnes intentions… »
S’il salue les mesures prises par le gouvernement pour aider les toxicomanes et les PVVIH, notre interlocuteur pense que « simplement donner de la méthadone ne suffit pas ». « Ces personnes n’ont pas de formation. Elles n’ont, pour la plupart, jamais appris un métier. Pourquoi ne pas penser dans cette direction ? Pourquoi ne pas diriger ces personnes vers des boulots plus manuels qu’elles pourront faire, car c’est selon leurs capacités. Nombre de ces personnes, parce qu’elles n’ont pas d’emploi stable, optent pour aller voler les fils métalliques, les tuyaux, les câbles… Zot mem ki pousse brouette… Alor, donn zot bann travay ki dan zot capasite ek paye zot pou sa. Mo sir tou pou aret kokin feray, difil… Ce n’est pas une question de certificat de moralité. Avec ou sans ce document, ces personnes ne peuvent aspirer à des boulots normaux. Donc, pourquoi ne pas créer des emplois selon leurs spécificités ? »
Den Ramsamy est « indigné par la façon dont l’on traite les PVVIH qui sont des anciens toxicomanes. 97 % d’entre nous avons aussi l’Hépatite C. Or, selon mes renseignements, seuls ceux qui ont les moyens peuvent avoir recours à un traitement. Et l’État fournit le traitement gratuitement uniquement à ceux qui ont contracté l’Hépatite C suite à une transfusion sanguine. C’est de la discrimination ! »
Autre élément qui « agace » notre interlocuteur : « Il y a beaucoup d’argent qui est injecté dans la lutte contre le sida. Or, on entend souvent parler de l’émergence de nouvelles ONG qui disent oeuvrer contre le virus. Je me demande si ce n’est pas simplement une couverture pour faire des sous… Ces soi-disant travailleurs sociaux descendent-ils vraiment sur le terrain pour travailler avec les PVVIH ? »
Den Ramsamy juge « inégale la lutte contre le sida et la source du problème : la drogue. Il faudrait que le gouvernement mette autant d’effort et de moyens dans les deux. »

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