« Je me suis réveillée avec son sperme sur la jambe », raconte-t-elle
Le témoignage glaçant d’une journaliste française de 30 ans, victime d’un pervers sexuel sur la plage de Belle-Mare, dépasse la simple chronique des faits divers. Il pose avec acuité la question de la sécurité sur nos plages, la vulnérabilité des visiteurs, et l’impact de tels actes odieux sur l’image internationale de Maurice.
Venue pour un séjour de plusieurs semaines, cette jeune journaliste du groupe EBRA (Est Bourgogne Rhône Alpes) avait pour ambition de réaliser un reportage mettant en lumière les atouts de notre île. Son premier voyage hors d’Europe devait être l’occasion d’un coup de projecteur positif. Il s’est transformé en traumatisme.
Ce lundi 7 avril, à la mi-journée, elle s’installe sur sa serviette sur la plage publique de Belle-Mare, dans un coin un peu isolé pour profiter de la tranquillité. Très vite, elle remarque la présence insistante d’un homme qui la fixe à plusieurs reprises. Par précaution, elle glisse son sac sous sa tête et s’assoupit quelques minutes.
Le réveil est brutal. “J’ai senti quelque chose d’humide et de collant sur ma jambe”, raconte-t-elle, encore choquée. En se redressant, elle aperçoit l’homme s’enfuyant précipitamment dans les buissons. “Je regarde ensuite ce qui était tombé sur ma jambe, je vois que c’est visqueux, je le prends dans ma main, et là je sens et comprends immédiatement ce qui s’est passé : il s’était masturbé et j’avais reçu son sperme”, poursuit-elle. La jeune femme est sous le choc. Elle vient d’être victime d’un pervers et réalise que cela aurait pu être encore plus grave. “J’ai éclaté en sanglots, j’étais complètement bouleversée”, confie-t-elle à Week-End, encore sous le coup de l’émotion
Paniquée, elle se précipite à la mer pour se nettoyer. Avec le recul, elle regrette ce réflexe compréhensible mais malheureux, qui a fait disparaître une preuve matérielle. Se sentant vulnérable et isolée, elle contacte son amie mauricienne, qui l’incite immédiatement à porter plainte. La police est saisie rapidement, mais elle se contente d’une déposition de précaution. La déposition se lit comme en partie comme suit : “.. Aujourd’hui, le lundi 7 avril 2025, alors que je me trouvais sur la plage publique de Belle-Mare pour des loisirs, j’ai été victime d’un acte offensant perpétré par un individu de sexe masculin dont l’identité lui (m’) est inconnue. L’homme portait un t-shirt noir ou vert foncé et un pantalon vert foncé. Je ne souhaite engager aucune action policière ni procédure judiciaire, mais demande simplement que des patrouilles fréquentes de police soient effectuées sur la plage, afin de prévenir de tels incidents à l’avenir. Je déclare avoir consigné ce témoignage à titre de précaution et pour référence, dans l’espoir que la police assure une présence dissuasive sur les lieux.” Une partie écrite en anglais qu’elle dit ne pas vraiment correspondre à ses dires en français.
Qu’à cela ne tienne, puisque de son côté, son amie publie un appel à témoins sur les réseaux sociaux, et plusieurs personnes reconnaissent l’homme, déjà connu pour ses difficultés à contenir ses pulsions. Des photos et vidéos de lui sont partagées en ligne. “Je l’ai immédiatement reconnu, c’était incontestablement la même personne, la même corpulence, la même coupe de cheveux. De plus, les témoins décrivaient le même endroit”, affirme-t-elle. Grâce à ces nouveaux éléments, la police, n’aura aucun mal à identifier et à appréhender le récidiviste. Mais elle ne sait à ce stade si le pervers reconnu sur les photos récupérés sur les réseaux sociaux a, oui ou non, été interpellé…
Au-delà du drame personnel, cet épisode soulève plusieurs questions de fond. Car il ne s’agit pas seulement d’une agression isolée. La multiplication des témoignages autour de ce suspect révèle l’existence d’un prédateur opérant en toute impunité sur une plage publique très fréquentée par les touristes. La réponse des forces de l’ordre et la mobilisation citoyenne sont à saluer, mais elles interviennent a posteriori.
La journaliste française, basée dans l’est de la France, était initialement venue à Maurice pour soutenir un refuge pour chiens dans le Sud. Comme elle prévoyait de rester plusieurs semaines, elle envisageait également de réaliser un reportage sur l’île. Souhaitons que cette agression ne soit pas le seul souvenir que cette jeune femme garde de Maurice. Partie pour faire la promotion de notre pays, elle repart avec des souvenirs traumatisants. “Je voulais montrer la beauté de votre île. Je repars avec ce cauchemar. Mais j’espère que mon témoignage empêchera d’autres femmes de vivre cela”, déclare-t-elle.
Maurice mise beaucoup sur son image de destination de rêve, mais ce type d’agression frappe directement au cœur de cette promesse. Car au-delà du choc personnel, se pose la question plus large de la sécurité sur les plages publiques. Trop souvent reléguée au second plan dans les discours officiels, la vigilance reste limitée dans certaines zones isolées.
Les professionnels du tourisme s’en inquiètent, eux aussi. “Nous ne pouvons pas prétendre accueillir des visiteurs du monde entier sans garantir leur sécurité, même sur les plages”, souligne un opérateur du secteur hôtelier de l’Est. Les récidives présumées du suspect interrogent sur l’efficacité et la réactivité des dispositifs de surveillance locaux.
Ce drame rappelle l’urgence d’une approche renforcée en matière de sécurité des zones touristiques. Il souligne également la nécessité d’une meilleure prise en charge des victimes, locales ou étrangères, pour que le traumatisme ne soit pas aggravé par des démarches administratives ou judiciaires décourageantes.
Enfin, cette affaire illustre à quel point l’image d’un pays repose sur la réalité vécue par chaque visiteur. La communication institutionnelle ne suffit pas si le terrain dément le récit idyllique. À l’heure des réseaux sociaux, un tel témoignage traverse les frontières en un éclair, avec des conséquences mesurables sur la réputation d’une destination.
Pour cette journaliste, ce voyage devait être synonyme de découvertes et de rencontres. Il restera marqué par une agression sordide, révélatrice d’une faille que les autorités devront impérativement combler.