- Selon ses dires, d’autres victimes ont également rapporté des faits similaires à la police : « Nous avons son nom, des témoignages, des photos… C’est très lent quand même à Maurice… »
- Le ministère du tourisme précise que le suspect devra répondre de ses actes
Deux semaines après avoir été victime d’un pervers sexuel sur la plage publique de Belle-Mare, une jeune journaliste française venue en vacances à Maurice n’a reçu aucune nouvelle de la part de la police. Elle a regagné la France vendredi dernier, amère et indignée. Contrairement à ce qui figure dans sa déposition écrite en anglais, affirme-t-elle, elle avait clairement souhaité en français que des actions soient prises contre l’agresseur présumé.
« Je leur ai dit : moi, ce que je veux, c’est que vous arrêtiez ce type pour qu’il ne recommence pas », témoigne-t-elle. Grâce à un appel à témoins lancé par une amie, plusieurs personnes lui ont envoyé des informations sur l’homme : son profil Facebook, son nom, son adresse. « Je ne suis pas enquêtrice, j’ai donc transmis tous ces éléments à la police pour les laisser faire leur travail. Avec tout ce qu’ils ont, il est très facile de l’identifier et de l’interpeller. »
Selon ses dires, d’autres victimes ont également rapporté des faits similaires à la police, mais, là encore, aucune suite n’a été donnée. « L’homme vit à Pointe des Lascars, sur Barachois Road. Il a une motocyclette bleue. Nous avons son nom, des témoignages, des photos », précise-t-elle, rappelant que l’inaction des autorités est difficilement compréhensible face à de tels éléments.
À la veille de son départ, la jeune femme dit avoir été profondément choquée par l’attitude des forces de l’ordre. « Personne ne m’a contactée. Après l’article paru dans Week-End, la MBC m’a appelée, mais rien du côté du ministère du Tourisme, ni de la police. Pourtant, je me suis rendue disponible. Ils ont les photos, ils ont tout. Il est vrai que ce type ne m’a pas touchée physiquement, mais il va recommencer. Et qui dit que la prochaine fois, ce ne sera pas pire ? C’est très lent quand même à Maurice… »
Alors même que la victime déplorait ce silence de la part des autorités, le ministère du Tourisme a publié un communiqué, le 13 avril 2025, affirmant avoir pris connaissance de l’affaire avec sérieux. Le ministère souligne que cette agression nuit à l’image de la destination et reconnaît qu’un manque d’effectifs au sein de la Police du Tourisme avait déjà été soulevé lors d’une réunion avec les autorités concernées, début mars – un problème qualifié d’hérité.
Des dispositions auraient depuis été prises pour renforcer la présence policière dans les zones touristiques et les lieux très fréquentés. Les autorités assurent vouloir employer tous les moyens disponibles pour éviter la répétition de tels incidents. Le ministère condamne fermement tout comportement portant atteinte à une victime ainsi qu’à la réputation de Maurice, précisant que le suspect devra répondre de ses actes.
Mais ces paroles officielles ne suffisent pas à calmer la frustration de la victime. Elle met en doute la fidélité de sa déclaration officielle, enregistrée le jour même des faits, alors qu’elle était encore sous le choc. « Elle a été faite en anglais. Je pense qu’ils ont voulu vite passer à autre chose. Un des policiers m’a dit : “Vous êtes journaliste, vous n’allez pas écrire ça, hein, vous n’allez pas faire un article sur Maurice ?” »
Si elle affirme ne pas vouloir écrire spécifiquement sur cet incident – « cela peut arriver n’importe où » –, elle s’indigne du fait que le principal souci des policiers semblait être la protection de l’image du pays, plutôt que sa sécurité.
Pire encore, elle raconte avoir été humiliée par les remarques déplacées de certains officiers lors d’une reconstitution sur la plage : « L’un d’eux m’a dit : “Vous êtes sûre que ce n’était pas de l’eau ?” J’étais dégoûtée ! Je sais très bien faire la différence entre de l’eau et le sperme d’un homme qui vient de se masturber. C’est humiliant qu’on doute de la parole d’une victime d’agression. »
Déçue et dégoûtée, elle ajoute : « Ce qui me saoûle, c’est que ce genre d’histoire est banalisée. On les étouffe. J’ai le triste sentiment que rien n’est fait pour éviter qu’il y ait d’autres victimes. »