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À Wenzhou, en Chine – Sur le terrain : La Dr Sumayyah Hosany, la Mauricienne qui n’a pas froid aux yeux

Cette Curepipienne de 31 ans et son époux de nationalité pakistanaise font partie d’une équipe de médecins volontaires traquant les cas suspects de coronavirus en Chine

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« Mo bann paran finn dir mwa retourne. Me mo finn explik zot ki pena okenn rezon pou panike. Zis bizin pran prekosion »

Face à la menace du coronavirus, des médecins volontaires sont partis dans diverses régions de Chine afin de prêter main-forte aux autorités locales et à la population. Parmi eux se trouvent la Mauricienne Sumayyah Hosany et son époux, d’origine pakistanaise. Tous deux sont engagés sur le terrain à Wenzhou, dans la province de Zhejiang, dans l’Est de la Chine. Evoquant le virus, notre compatriote précise d’emblée que « la Chine pe aksepte ki so lekonomi paralize zis pou ki anpes sa virus-la propaze », tout en rappelant que « personne n’a le droit de sortir de chez soi ».

La presse étrangère ne manque pas d’éloges concernant Abdul Zahir Hamad et Sumayyah Hosany, rappelant la détermination dont ils font preuve pour venir en aide aux habitants de la province de Zhejiang. En effet, la Mauricienne, issue de Curepipe, et son époux pakistanais font partie d’un groupe de médecins volontaires et dont le travail « remarquable » consiste à prodiguer des conseils à la population de Wenzhou et à participer aux contrôles visant à identifier les porteurs potentiels du coronavirus.

Pour autant, dans ce groupe de volontaires, qui travaillent côte à côte avec la police, les médecins et les fonctionnaires chinois, pas facile de les identifier, tous étant en effet munis de lunettes et de masques de protection à un point de contrôle de sortie d’autoroute. Sumayyah Hosany, 31 ans, est chirurgienne, tandis que son époux, lui, est un orthopédiste âgé de 35 ans. Depuis le début du mois, tous deux sont sur le terrain afin d’aider les autorités à prendre la température corporelle des conducteurs et de leurs passagers. Le couple, qui vit en Chine depuis plus d’une décennie, a choisi de rester sur place plutôt que de rentrer chez eux.

Cela fait 12 ans que Sumayyah Hosany se trouve en Chine. Elle explique qu’après ses études, dans un collège privé de Port-Louis, elle a mis le cap sur la Chine en 2008 pour des études en médecine. C’est ainsi qu’elle a obtenu son diplôme de maîtrise en médecine clinique à l’Université médicale de Wenzhou, dans la province côtière du Zhejiang. Son mari, lui, est arrivé au centre médical de Panhealth de Wenzhou, où Sumayyah a travaillé, après avoir obtenu son diplôme de l’Université de Zhengzhou, dans le centre de la Chine.

Sumayyah Hosany explique qu’avec la propagation du coronavirus en Chine et la psychose mondiale qui s’en est suivie, ses parents lui avaient ordonné de rentrer à Maurice. « Mo bann paran finn dir mwa retourne. Me mo finn explik zot ki pena oken rezon pou panike. Zis bizin pran prekosion. Mo finn explik zot ki pep ase reelman dan la Sinn e zot finn konpran ek zot finn suportive », explique la jeune femme au Mauricien. Idem pour les parents de son époux pakistanais, qui eux aussi ont fait preuve de compréhension. Notre compatriote ajoute qu’à l’endroit où elle se trouvait alors, elle n’était pas en contact avec les autres Mauriciens, qui avaient, eux, communiqué leur intention de rentrer au pays aux autorités mauriciennes. « Mo pa finn gagn kontak ek person », avance-t-elle.

« Beaucoup de faussetés »

Selon elle, « beaucoup de faussetés ont été rapportées » de part et d’autre, surtout via Internet, en ce qui concerne la propagation du virus. « A vre dir, ena bokou foste ki ti pe propaze. Tou dimoun pe koz tou kalite koze », avance Sumayayah Hosany. « La Sinn, li bien gran. Mazorite dimoun ena enn lavi normal. Enn ti poinie manz bann zafer ki deranz lezot, me pa ve dir ki tou lapopilasion koumsa », renchérit-elle. Et de déplorer aussi les commentaires d’internautes. « Ki la fiev zon ? What the hell ? Pourquoi n’a-t-on pas surnommé le virus A(H1N1) comme la fièvre américaine ? Bullying a community or bullying a country is not fair ? » lance la doctoresse, avant de préciser que la lutte contre la propagation du coronavirus est réelle. « Nous combattons le virus, pas le peuple de Chine », lance-t-elle.

« Nous avons atteint plus de 1 000 victimes dans un pays de 1,4 milliard d’habitants. Wuhan compte à elle seule plus de 11 millions d’habitants. Si ces chiffres démontrent quelque chose, c’est bien la compétence, et non pas le contraire. Nous pourrions envisager la mort par millions sinon. Il y a des milliers de médecins, de policiers et de bénévoles à braver ce virus. Sans compter les mesures et les contrôles imposés par le gouvernement », poursuit la jeune femme.

La région de Wenzhou, où elle habite, est « très affectée » par le virus et en situation de “lockdown”. Ainsi, dit notre compatriote, « personne n’a le droit de sortir de chez soi ». Sumayyah Hosany explique également que les gens sont « repérés grâce à leur carte d’identité » et que seule une personne désignée par famille a le droit de sortir tous les deux jours afin d’assurer le ravitaillement pour la maison.

Notre compatriote explique que son époux et elle ont rejoint le groupe de médecins volontaires depuis début février. Et d’ajouter que bien que tous les départements chinois soient fermés, le peuple, lui, continue de communiquer, et ce principalement à travers les applications mobiles. « Tou pe pas a traver app lor telefonn. Mem servis medikal. Si ou santi ena sign coronavirus, se servis medikal ki vinn sers ou. Obzektif se minimiz kontak imin e break the chain of transmission », affirme Sumayyah Hosany.

« Personn pa sorti. Pa trouve mem dimounn pe marse. Ziska fer komision kapav fer li atraver aplikasion mobil ek servis home delivery », poursuit la doctoresse. Dans la foulée, elle explique que les chaussures qu’elle utilise restent à l’extérieur de sa maison. Idem pour les manteaux et les vestes qu’elle porte. « Kot inn arive, nou bizin aret protez nou mem e konsantre lor protez lafami, ban koleg e ban dimounn dan lantouraz. Tou dimounn bizin protez ban avek ki zot gagn kontak », affirme Sumayyah Hosany.

Selon Sumayyah Hosany, la Chine « se sacrifie » en espérant briser au maximum la chaîne de transmission du virus. « La Sinn pe aksepte ki so lekonomi paralize zis pou ki anpes sa virus-la propaze », lance-t-elle, expliquant que les congés ont été étendus à plusieurs niveaux. Toutefois, les écoles et les autres activités devraient, selon elle, reprendre normalement début mars, à l’exception de la région de Wuhan. « Se sa bann dimounn ki finn presipite pou kit la Sinn-la ki finn sarye sa, finn amen lezot plas, alor ki la Sinn ena kapasite pou deal ek sa », laisse entendre la jeune femme. Et d’ajouter que les autorités chinoises ont déployé les grands moyens pour endiguer la transmission du virus.

Concernant son rôle de médecin volontaire, elle explique qu’elle opère selon un “Shift System”, soit de 8h30 à midi ou de midi à 17h30. Sumayyah Hosany et Abdul Zahir Hamad se positionnent alors aux “Toll Gates”, où les autorités ont pris place pour contrôler l’accès à Wenzhou. « Kan ou rant dan lavil, ena personel medikal, lapolis, etc. O debu, ti ena 5 000, 6 000 dimounn ti pe ale vini. Aster, ena 200 a 300 mem. Fini dir ou pans de fwa avan ou sorti. Toutes les voitures sont vérifiées et les passagers sont interrogés sur leurs mouvements. Nou checke kot zot sorti. Ek noun test zot tanperatir pou gete si zot ena lafiev », avance Sumayyah Hosany. Et cette dernière de conclure en disant avoir jusqu’ici identifié trois personnes affichant des signes de contamination. Celles-ci ont été placées sous observation médicale.

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