L’inquiétude gagne chez les bénévoles après une vague de disparitions de chiens autour de différents sites de Moka, à savoir Helvetia, Telfair, Royal Green, Bagatelle en l’espace de quelques semaines… À en croire les publications sur les réseaux sociaux, les appâts empoisonnés ont été retrouvés sur place. Selon les rapports d’analyse, il s’agit de trois produits extrêmement dangereux. Des plaintes ont été déposées à la police ainsi qu’à l’Animal Welfare Unit (AWU). Une marche pacifique organisée par l’ONG 4Tilapat et le Pink Pony Charity Trust s’est tenue hier à Moka.
C’est une véritable tragédie qui frappe la région de Moka depuis quelques semaines avec la disparition de plus d’une soixantaine de chiens, constatée par la nourrisseuse et fondatrice de Pink Pony Charity Trust, Usha Oodit Bawani. Ont-ils été relocalisés ? Sont-ils vivants et en sécurité ? Ces disparitions, dénoncées sur les réseaux sociaux, se sont transformées en véritable cauchemar, surtout avec le nombre de disparitions qui augmenteraient sans cesse chaque jour, laissant les bénévoles dans l’incompréhension, l’inquiétude et le désespoir le plus total.
Aucun cadavre n’a été retrouvé alors que des recherches ont permis aux feeders de trouver des croquettes pour chiots suspectes (mélangées à une substance de teinte rouge). Ce qui les a poussés à confier des échantillons au laboratoire QuantiLab à des fins d’analyse. Le rapport, dont nous détenons une copie, confirme qu’il s’agit bien d’appâts empoisonnés contenant trois puissants poisons, notamment le brodifacoum, le difenacoum et le bromadiolone, mélangés aux croquettes pour chiots (Baby Pongo).
Selon Usha Oodit Bawani, “tout comme tous ces bénévoles qui nourrissent les chiens de rue, je connais mes chiens, leur nombre, leurs habitudes. Ils se présentent toujours à l’heure du repas. À des endroits différents, j’ai d’abord constaté la disparition d’une dizaine. Puis, le nombre a augmenté au fur et à mesure. Aujourd’hui, il y a plus de 70 chiens disparus alors que pas un seul cadavre n’a été retrouvé. Je demande à la police de faire la lumière sur ces disparitions. Si tous ces chiens sont véritablement morts empoisonnés, ce sont des actes ignobles qui ne peuvent rester impunis. Qui peut bien avoir donné l’ordre de tels pratiques pourtant réprimées durement par la loi ? Qui est prêt à prendre un tel risque et surtout dans quel intérêt ? Nous demandons que justice soit faite. Que les autorités agissent rapidement, car les cas sont en recrudescence”.
Dans les récentes vidéos postées sur les réseaux sociaux, la présidente de Pink Pony Charity Trust ainsi que l’activiste Linley Moothien, également président de l’association 4Tilapat, s’interrogent sur le silence du groupe ENL, propriétaire des différents sur lesquels les chiens ont disparu et sur lesquels les croquettes empoisonnées ont été retrouvées.
Contacté par nos soins, Mikaël Le Luron, Head of Marketing chez ENL, a déclaré que : “Moka Smart City a, en effet, pris connaissance des allégations faites par certaines personnes sur les réseaux sociaux par rapport à la disparition présumée de chiens sur le territoire. Soucieux de ne pas alimenter des polémiques infondées, nous avions jusqu’à présent choisi de ne pas réagir publiquement. Aujourd’hui, nous souhaitons clarifier les faits : Nous n’avons reçu aucune demande officielle de Mme Usha Oodit Bawani, que vous avez mentionnée durant notre appel, concernant cette affaire. Nous comprenons sa détresse profonde face à la disparition des animaux qu’elle prend soin de nourrir. Bien que sa peine soit légitime, nous ne disposons à ce stade d’aucun élément concret permettant de confirmer l’hypothèse d’un empoisonnement systématique. À notre connaissance, à ce jour, aucun corps de chien n’a été retrouvé sur le territoire, et nous n’avons reçu aucune demande de renseignements des autorités en la matière. La direction de Moka Smart City n’a jamais donné d’instruction visant à éliminer des chiens errants. L’analyse des images vidéo effectuée n’a révélé aucune activité problématique liée à ces accusations. Moka Smart City a toujours traité la problématique des chiens errants – un enjeu national à Maurice – avec le plus grand respect pour le bien-être animal. À ce titre, nous avons engagé les actions suivantes : le financement d’associations engagées dans la protection animale. La mise en place de campagnes de stérilisation pour une gestion durable de la population canine. Des actions de sensibilisation auprès du public. Une collaboration active avec les autorités compétentes. Nous comprenons que ce sujet puisse susciter de l’émotion. Toutefois, nous rappelons que les émotions ne peuvent remplacer des faits avérés. Moka Smart City continuera à agir avec responsabilité et transparence dans l’intérêt du bien-être animal et de la communauté. Si ces allégations venaient à être avérées, nous collaborerions évidemment pleinement à toute enquête initiée par les autorités.”
Ce cas pousse les ONG à s’interroger sur l’inaction des autorités, notamment la MSAW et l’Animal Welfare Unit (AWU), non seulement par rapport aux nombreuses disparitions et cas d’empoisonnement en hausse dans le pays, mais également sur le cas récent de maltraitance alléguée sur les chevaux de courses à Petit Gamin (une vidéo qui nous est parvenue montre des chevaux faméliques dans des box sans copeaux au sol, sans eau ni nourriture – ils auraient été euthanasiés et incinérés). L’Animal Welfare Unit (AWU), qui s’était rendue à Petit Gamin, a t-elle consulté les logbooks, visionné les caméras CCTV et interrogé les vétérinaires? Attendons voir le rapport.
Par ailleurs, deux journaux anglais, The Independant et The Mirror, ont dévoilé récemment des images de singes en provenance de Maurice dans un état lamentable, blessés ou morts durant leur transportation. Face à la maltraitance animale grandissante, les ONG demandent depuis des mois qu’une Animal Police soit créée pour des enquêtes et résultats plus efficaces.