Elle attend fébrilement mais avec confiance le jugement de l’ERT prévu pour janvier 2024
Dans un développement significatif en début de semaine, l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA) a enfin vu le bout du tunnel avec la fin du procès concernant sa plainte déposée devant le Tribunal des Relations de Travail (T/RN/35/21) contre Air Mauritius Ltd. Le cas, introduit en vertu de l’article 69(9) de la Loi sur les Relations de Travail de 2009, aborde une multitude de griefs découlant des actions de la compagnie pendant et après l’administration volontaire et la période du Covid-19.
Suite à l’administration volontaire le 22 avril 2020, l’AMCCA, représentant trois catégories de membres – Senior Flight Purser (SFP), Flight Purser (FP) et Cabin Crew (CC), a engagé des discussions avec les administrateurs nommés. Malgré l’opposition des neuf syndicats reconnus de MK, la réunion a conduit à des demandes des administrateurs pour que tous les syndicats renoncent aux accords collectifs, avec des implications pour la réduction du personnel et d’autres avantages obtenus de haute lutte par les employés syndiqués.
+10% de salaire depuis 2018
Dans sa plainte, l’AMCCA soulignait que leur Accord Collectif, dû en 2014, n’a été finalisé et signé qu’en 2018 avec seulement une augmentation de salaire de 10% mise en œuvre jusqu’à présent. La résiliation de l’allocation repas et l’introduction de l’Allocation de Devoir à l’Étranger (ODA) sans consultation ont créé une insatisfaction parmi l’équipage de cabine.
Le syndicat soulève dans sa plainte à l’ERT ses préoccupations concernant les nouveaux contrats individuels offerts en juillet 2020, citant des disparités dans les échelles de salaires, des changements dans les conditions de travail supplémentaires, une restructuration des catégories à bord et la restauration de l’effectif de l’équipage aux niveaux d’avant l’administration.
Le dossier aborde également les paramètres du congé sans solde (LWP), affirmant que les conditions devraient être clairement définies pour éviter les abus. Des allégations de pratiques discriminatoires surgissent concernant les rémunérations à temps partiel et à temps plein, affectant de manière disproportionnée les membres les plus anciens.
Préjudice Financier pendant l’administration volontaire
L’AMCCA soutient que les sacrifices faits par les employés, y compris la réduction des salaires et l’imposition du LWP, de l’ODA, du FDH, du FRA, de l’allocation de toilettage, de la prime de productivité, n’ont pas été accompagnés d’un réinvestissement par Air Mauritius. Le syndicat demande le remboursement du préjudice financier causé pendant l’administration volontaire.
Le dossier conteste les décisions unilatérales prises par Air Mauritius sous administration volontaire, contournant les accords existants, et exige la réinstauration de tous les accords précédents ou une transparence totale concernant les fonds de pension.
L’AMCCA souligne la nécessité d’équité, mettant en évidence les disparités dans les conditions de travail, les rémunérations et les droits. Le syndicat désapprouve fermement les conditions actuelles imposées par la direction et appelle à la restauration des accords collectifs. L’avocat Me Mooneeapillay, représentant l’AMCCA à l’ERT lundi et mardi 14 et 15 novembre derniers, a solidement étayé sa position en réfutant plusieurs points de droit lors de ses échanges avec l’avocat d’Air Mauritius. L’AMCCA se dit extrêmement satisfaite de la manière dont son avocat a défendu les arguments du syndicat, et à présent, l’AMCCA attend que la justice soit rendue en faveur de ses membres, même si cette attente a été longue. Le jugement est attendu en janvier 2024.
L’affaire au Tribunal des Relations de Travail marque un moment clé dans le différend en cours entre l’AMCCA et Air Mauritius Ltd. Les allégations suggèrent une violation des accords, des pratiques discriminatoires et une demande d’un traitement équitable des membres de l’équipage de cabine. L’issue aura probablement des implications sur les relations de travail au sein de la compagnie aérienne et pourrait établir un précédent pour des cas similaires dans l’industrie.
En attendant le verdict Les membres exécutifs de l’AMCCA se sont confiés à Week-End
Yogita Baboo, présidente
Yogita Baboo, en tant que présidente de l’AMCCA, a annoncé la conclusion du litige qui opposait l’Association des Membres du Cabin Crew d’Air Mauritius (AMCCA) à Air Mauritius après plus de deux ans de procédures. Elle a partagé cette nouvelle, mettant en lumière la complexité du parcours et les pressions exercées par la compagnie aérienne. Bien que le cas ait été initialement reporté à plusieurs reprises pour diverses raisons, il a finalement abouti malgré les tentatives de la compagnie aérienne de retirer l’affaire du Tribunal du Travail après sa sortie de l’administration en octobre 2021.
En tant que seul syndicat parmi neuf à ne pas avoir signé un nouvel accord collectif avec l’administrateur, l’AMCCA a choisi de porter l’affaire devant le Tribunal du Travail en raison de conditions de travail imposées de manière unilatérale et jugées médiocres. Yogita Baboo a mis en évidence les obstacles rencontrés, y compris les pressions exercées par le management de la Cabin Operations pour entraver le déroulement complet du cas. Malgré les tentatives de changer d’avis des membres exécutifs et les blocages de réunions, l’AMCCA a persévéré.
Lorsque le cas a été porté devant les médias pour sensibiliser à la situation des membres et à leurs difficultés, Yogita Baboo a été licenciée, déclenchant une vague d’indignation au sein de l’AMCCA de leurs familles et du public national et international. Le soutien continu de l’AMCCA par des négociateurs tels que Radhakrishna Sadien du Syndicat des Employés de la fonction publique (SEF) et de nombreuses ONG défendant les droits des femmes et des droits humains a renforcé la position de l’AMCCA.
Après la clôture des plaidoiries les 13 et 14 novembre derniers, l’AMCCA attend maintenant le jugement, prévu pour janvier 2024. Yogita Baboo conclut en remerciant chaleureusement tous ceux qui ont soutenu l’AMCCA dans cette lutte, soulignant que l’union fait la force, comme le reflète leur devise : “Together We Can, United We Stand”.
Finlay Seetaramdoo, secrétaire
Au cœur du conflit opposant la direction d’Air Mauritius à son personnel, émerge une tragédie humaine accentuée par une gestion opaque et des pratiques discutables, selon Finlay Seetaramdoo. Ce bras de fer révèle, selon lui, des violations juridiques et des répercussions sociales, mettant en évidence une réalité poignante où la direction prospère, tandis que les employés, en particulier les membres du personnel navigant commercial (PNC), supportent le poids des réductions drastiques et des licenciements injustifiés.
Cette inégalité flagrante dans la répartition des gains et des pertes crée un climat de détresse parmi les travailleurs, affirme-t-il. Par exemple, la diminution significative des allocations repas exacerbe le drame humain en sapant la qualité de vie des employés, qui sont privés de leurs droits essentiels. Le licenciement de la présidente du syndicat pour avoir exprimé courageusement les préoccupations des employés souligne la répression de la voix des travailleurs, soulevant des questions sur la justice au sein de l’entreprise.
Finlay Seetaramdoo s’interroge sur ce drame humain et pose la question cruciale demeure : la justice restera-t-elle insensible à ces injustices flagrantes ? Les actions de la direction d’Air Mauritius doivent faire l’objet d’un examen minutieux pour garantir que la justice ne soit pas une notion abstraite, mais une réalité tangible pour les travailleurs lésés, conclut-il.
Moïse Fok-Shan, assistant-secrétaire
Moïse Fok-Shan, l’assistant secrétaire, a décrit la bataille longue et difficile pour l’AMCCA, soulignant les sacrifices personnels des membres, notamment la perte d’emploi de la présidente. Il a salué le travail de l’avocat Me Mooneeapillay et a exprimé la satisfaction d’avoir mené à bout une injustice flagrante. Moïse Fok-Shan a souligné que le tribunal devra démontrer que le pays protège les droits des travailleurs contre la manipulation et le déni.
Steve Antoine, trésorier
Steve Antoine, trésorier de l’AMCCA, a déclaré que le cas déterminera les conditions de travail pour les PNC et tous les travailleurs de Maurice sous un accord collectif. Il a souligné l’importance et le poids de l’accord collectif, marquant le droit des employeurs à changer les conditions de travail et des travailleurs à préserver les leurs. Steve Antoine a mis en avant les difficultés actuelles, où le pouvoir d’achat diminue considérablement, impactant particulièrement les PNC.