À la veille de Noël : 11 techniciens d’Harel Mallac Technologies sur le pavé

  • « On s’est fait jeter comme de vieilles chaussettes et sans indemnité la veille de Noël »
  • Une décision qui soulève pas mal d’interrogations compte tenu du bilan de profitabilité révélé par le groupe HM
  • Le président du Redundancy Board, Rashid Hossen, n’avait-il pas déclaré, le 19 août 2021, que « seules les entreprises surendettées peuvent licencier pour une restructuration financière ? »

Ils ont beau cumulé en moyenne plus de 20 ans de bons et loyaux service au sein de la compagnie Harel Mallac Technologies (HMT), 11 employés affectés au département de câblage, ont été licenciés pour « motif économique. » Le Redundancy Board a agréé la demande de cette filiale technologique du groupe Harel Mallac (HM) de mettre fin aux services desdits employés le 19 décembre. Le Redundancy Board souligne « la situation économique désastreuse à laquelle est confronté l’employeur dans son ensemble. » Des arguments balayés d’un revers de main par les travailleurs licenciés qui sont tombés des nues en apprenant qu’ils ne recevront aucune indemnité financière de la part de HMT. La démarche de réduction du personnel de HMT est d’autant plus amère pour les contestataires qu’ils savent pertinemment non seulement que le groupe HM s’est vanté dans son dernier Audited Condensed Financial Statement d’avoir atteint un profit de Rs 185 millions au 31 décembre 2023. Les 11 personnes sur le pavé envisagent de faire appel de cette décision à la Cour.

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« Owing to its economic performance over the course of the last five years, the company finds itself in a situation where it is compelled to consider reducing its workforce, by terminating the following 11 workers employed in the Cabling department », avait fait ressortir le Human Resources & Talent Manager d’HMT dans sa missive adressée, le 21 mars 2024, au Redundancy Board. Cela faisait un peu moins d’un an que l’épée de Damoclès planait au-dessus des têtes de 11 techniciens aguerris. Le couperet est tombé le 19 décembre. Les traits sont fatigués, les mines sont défaites. Mais qu’importe, malgré le sentiment d’injustice qui les ronge, Owen Chowrimoothoo (25 ans de service), Shakeel Ruhonah (27 ans de service) et Jean-Noël Tuckmansing (23 ans de service), trois des 11 techniciens licenciés, sont venus à notre rencontre vendredi pour nous raconter leur peine de s’être fait « jeter comme de vieilles chaussettes. »

C’est par une simple lettre, reçue des mains du Human Resources & Talent Manager, Prithvy Roy Teeluck, qu’ils ont appris leur licenciement, la veille de Noël, un traitement « inhumain » pour ces employés, victimes collatérales d’une stratégie qui soulève pas mal d’interrogations. « À aucun moment le président du Redundancy Board, Rashid Hossen, n’a fait preuve d’empathie à notre égard. Il y avait comme un parti pris, voire de la connivence avec l’avocat d’Harel Mallac. Lorsqu’on a reçu nos lettres de licenciement le 24 décembre, le responsable des Ressources Humaines, Prithvy Roy Teeluck, nous a regardés avec dédain. Ki nou’nn fer pou merit enn tretman parey ? C’était humiliant », confie Jean-Noël Tuckmansing.

Lors de l’appel de l’affaire, le Human Resources and Talent Manager, Prithvy Roy Teeluck, a déclaré que « l’employeur existe depuis 35 ans, exploite l’entreprise de technologie informatique, et emploie environ 110 travailleurs. Les activités effectuées par les employés du service de câblage sont désormais redundant. Les difficultés financières ont commencé depuis 2019 et en 2021, une étude interne a montré que le service ne pouvait pas se lancer dans une fusion. »

« Cette décision du RB est étonnante »
Le feu vert donné par Rashid Hossen à HMT pour mettre à la porte ses 11 employés peut néanmoins surprendre compte tenu des déclarations qu’il a faîtes le 19 août 2021 à l’Express dans laquelle il souligne que « seules les entreprises surendettées peuvent licencier pour une restructuration financière. » Évoquant les impacts du Covid-19 sur l’économie mondiale et locale, le 7 septembre 2021, chez nos confrères de Business Magazine, Shateeaum Sewpaul, General Manager de HMT, avait fait ressortir que « la structuration opérée au sein à HMT nous a permis de garder le cap sur la profitabilité. En dépit de la crise, on entend bien passer la barre du Rs 1 milliard de chiffre d’affaires dans les prochaines années… » Le discours semble avoir bien changé malgré les Rs 400 millions récoltées par le consortium HMT-Thales pour la conception de la nouvelle carte d’identité et les profits mirobolants annoncés dans son dernier Audited Condensed Financial Statement, dans lequel on peut aussi lire que « consolidated revenue from continuing operations increased by 3 % to MUR 4, 333 million for the financial year ended 31 December 2023, compared to MUR 4, 194 million in the previous financial year. » Le négociateur syndical et juriste Ivor Tan Yan s’est emparé de cette affaire en apportant son soutien aux 11 salariés licenciés. Dans une vidéo postée sur sa page Facebook vendredi, il souligne que « cette décision du Redundancy Board est étonnante à plus d’un titre. Il est notoire que Harel Mallac est une compagnie qui engrange des profits faramineux chaque année grâce notamment aux nombreux contrats qu’elle décroche. N’a-t-elle pas reçu de l’argent du fonds du Covid ? Pourquoi a-t-elle pris la décision injuste de mettre à la porte ces valeureux travailleurs ? Inn ariv ler pou aret fer sa bann gran kapitalis-la fer dominer ar ti travayer », dit-il.

L’un des travailleurs licenciés, Owen Chowrimoothoo, la rage au ventre, soutient que « je me suis donné corps et âme au service de cette compagnie durant 25 ans. Je suis encore jeune. J’ai 45 ans. Ki mo pou fer aster ? La compagnie nous a mis à la porte alors qu’elle est en train de sous-contracter ses opérations de câblage. C’est injuste ! »

Reza Uteem lance un appel au groupe Harel Mallac :« ll serait juste de leur offrir une compensation financière »
Le ministre du Travail, Reza Uteem, dit avoir rencontré sept des 11 salariés licenciés de HMT au cours de la semaine écoulée. Tout en exprimant sa peine quant au triste sort réservé aux personnes concernées, le ministre a lancé un appel au groupe Harel Mallac (HM). « Le Redundancy Board a rendu son verdict et je crois savoir que les 11 licenciés feront appel de cette décision. En attendant, je demande au groupe Harel Mallac de prendre en considération le fait que ces personnes ont travaillé loyalement pour HMT durant plus de 25 ans. Sur une base humanitaire, il serait juste de leur offrir une compensation financière, surtout en cette période festive. »

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