Le Centre équestre de Balaclava à Petit Gamin, près de la plage du Goulet dans la région d’Arsenal, n’en est qu’à ses balbutiements qu’il fait déjà l’objet de controverses. Mis sur pied par Jean Michel Lee Shim (JMLS), celui que son journal électronique et ses « journaleux » qualifient de visionnaire, de sauveur et d’autres qualificatifs dignes de ses brosseurs de chaussures, ce centre s’est manifesté début 2021 pour avoir obtenu, presque sans l’avoir demandé, les permis nécessaires de la Gambling Regulatory Authority (GRA).
Sans surprise, au vu des relations très proches, matérialisées par des dîners intimes à domicile, entre Dev Bheekary, l’homme fort de la GRA, bien qu’officiellement il ne soit qu’un membre du board, le centre de Balaclava a reçu à vitesse grand V toutes les autorisations pour agir aussi bien comme centre d’entraînement, centre de sécurité pour les chevaux inscrits dans les entrées et centre de quarantaine, alors que ce centre équestre n’avait aucune expérience, tel le centre de Palma du MTC, toujours pas autorisé à agir comme centre de quarantaine pour des raisons pas claires du tout.
À peine un an après, le centre équestre de Balaclava revient à la une de l’actualité à la suite des développements majeurs se dessinant clairement sur une photo aérienne que Week-End s’est procurée : un immense terrain avec la piste originelle de 800 m et 150 boxes (à dr., le long de la route principale), une piste de plus grande envergure d’environ 1400/1600 m et des boxes pour au moins une centaine de chevaux (à ga.) et une longue ligne droite d’environ 1000/1200 m qui pourrait servir de piste d’atterrissage pour un petit avion. Tout cela pour l’entraînement et la préparation des chevaux.
Comme évoqué par le magazine hippique Turf Magazine, des déblaiements massifs ont nécessité l’abattement d’arbres et autre végétation dans la région de Petit Gamin. Ce projet d’une telle ampleur diffère de celui de l’application d’origine « construction of 3-concrete adjacent buildings as animal sheds » et exige, selon les dispositions de l’EIA Act, d’une étude d’impact, au mieux d’un PER.
La loi de 2001 sur le sable marin en question
Ce qui vient corser la problématique est l’arrivée, ces dernières semaines, sur le site de construction appartenant à JMLS, de plusieurs dizaines de tonnes de sable blanc marin en provenance du sud de l’île. Depuis 2001, d’après une loi votée en 1997, l’utilisation du sable est interdite dans les projets de construction. Y-a-t-il infraction à la loi pour l’utilisation du sable marin pour une piste de chevaux ? Est-ce que le financier du gouvernement a obtenu une dérogation spéciale ? Ou y-a-t-il un vide juridique sur la question ? Le ministère de l’Environnement et le Conseil de district de Pamplemousses sont attendus de pied ferme sur la question de savoir si les lois en vigueur ont été respectées.
Par ailleurs, au vu des infrastructures, on se demande si les distances existantes entre les différentes structures répondent aux normes nécessaires de distanciation entre les chevaux en quarantaine et ceux à l’entraînement.
Les affidés de Jean Michel Lee Shim considèrent ce centre équestre de Balaclava comme « excellent en termes de sécurité, de services vétérinaires, de surveillance et de traitement des chevaux ». Si l’homme d’affaires controversé a eu le mérite de vouloir mettre sur pied un tel centre équestre, c’est la culture du secret entourant l’élaboration de ce projet qui interpelle et jette le doute sur les véritables objectifs de ce bookmaker, propriétaire de chevaux. JMLS s’est, en outre, doté d’un personnel trié sur le volet qui a été recruté du Mauritius Turf Club, et d’autres professionnels de courses en quête d’un emploi comme des jockeys étrangers et mauriciens ou ceux naturalisés mauriciens.
Situation industrielle tendue
Mais la situation industrielle au sein des activités hippiques de JMLS n’est pas rose pour autant. Ainsi, des cadres reconnus d’entretien et de sécurité qui avaient rejoint le centre de Balaclava et des jockeys sans emploi ont déjà été virés. Des palefreniers qui s’occupaient de 2 chevaux au MTC s’occupent de 4 ou 5 au centre équestre de Petit Gamin d’où une frustration grandissante, d’autant que le magnat des paris a la main lourde lorsqu’il s’agit d’allonger les paiements.
Des entraîneurs qui avaient la charge par propriétaires interposés des chevaux de JMLS se plaignent également de n’avoir pas eu, en temps voulu, les fonds nécessaires pour faire tourner les écuries dans des conditions soft. Il se chuchote, d’ailleurs, que les chevaux de trois entraînements ont été ramenés de Port Louis à Balaclava afin de réduire les coûts d’entretien et même économiser sur les salaires des entraîneurs.
Il est vrai que JMLS, dont personne ne peut dire comment il brasse autant de millions et les justifier, a dû puiser dans ses réserves pour la mise sur pied d’un projet d’un centre équestre si ambitieux à Balaclava, au lieu-dit Petit Gamin.
On peut effectivement se poser la question du financement d’un tel projet car, contrairement à ce que disent les supporters du patron de SMSpariaz, le MTC a plusieurs fois travaillé sur des projets d’hippodrome et de centre d’entraînement intégré prévu à Pamplemousses, Bagatelle et Gros Cailloux, mais ce qui a fait défaut est le financement, malgré l’apport de terrain par des grands groupes locaux et le soutien de l’État.