- Une messe d’action de grâce a eu lieu à l’église St François Xavier
Pionnier dans la formation technique à Maurice, le Collège Technique Saint Gabriel, à Sainte-Croix, fête ses 50 ans cette année. Élèves – actuels et anciens – formateurs, responsables et partenaires financiers ont célébré l’événement par une messe d’action de grâce ,hier. L’évêque de Port-Louis, Mgr Jean-Michael Durhône, a salué la vision de feu cardinal Jean Margéot et des frères de Saint Gabriel, qui ont lancé ce projet en 1974, comme une porte ouverte à pour plus de justice sociale. Il a plaidé pour un système éducatif qui reconnaît l’intelligence multiple et ne laisse aucun enfant au bord de la rout.
Les 50 ans du Collège technique Saint Gabriel (CTSG) marquent une nouvelle étape dans son histoire. Dès janvier prochain, cette institution se transformera en lycée professionnel. Un projet qu’a porté le cardinal Maurice E. Piat et qui bénéficie du soutien de l’État. La présence de l’évêque émérite, qui a concélébré cette messe d’action de grâce, était hautement symbolique. Dans son homélie, Mgr Durhône a fait ressortir que le Collège technique Saint Gabriel a formé des générations de Mauriciens. « C’est un projet de formation qui reconnaît l’intelligence multiple et qui prépare Maurice au développement industriel, qui est survenu après 1982 », fait-il ressortir.
C’est ainsi que les premiers élèves ont pu bénéficier d’une formation professionnelle en soudure, mécanique et tourneur-ajusteur, entre autres. Ils ont été préparés pour le monde du travail. Par la suite, ce sont les Frères Salésiens de Don Bosco et des laïcs qui ont repris le Collège technique Saint Gabriel en mains. De 1974 à 2024, 2 673 jeunes ont ainsi été formés à divers métiers. Ils étaient seulement 30 au départ. Beaucoup ont aujourd’hui des carrières réussies et font la fierté de l’institution.
Mgr Durhône explique : « L’Évangile a résonné dans le coeur des formateurs qui ont œuvré pour la justice sociale. Pour qu’il y ait la paix, il faut la justice sociale. Nous ne pouvons avoir un système où certains enfants sont laissés sur le bord de la route. » Il fait ressortir que chaque enfant a ses propres capacités et qu’il faut lui donner l’occasion de les développer. « L’éducation, ce n’est pas seulement dans la tête. Il faut réajuster le système d’éducation injuste, qui laisse chaque année 30% des enfants du PSAC au bord du chemin », plaide-t-il encore.
Le CTSG, a-t-il ajouté, est l’exemple d’un projet éducatif prônant l’intelligence multiple et la justice sociale. « C’est une éducation qui prend en compte le développement intégral de la personne », réaffirme-t-il. Les graines semées il y a 50 ans ont porté leurs fruits, a encore fait ressortir Mgr Durhône. Avant de citer le projet de lycée professionnel, qui sera bientôt une réalité. « Les frères St Gabriel, qui étaient spécialisés dans la formation technique, avec le coup de main du cardinal Margéot, ont planté cette graine qu’est le Collège Technique Saint Gabriel. Les frères Salésiens de Don Bosco et le cardinal Piat ont fait grandir la plante pour devenir un lycée professionnel. »
La formation technique, a-t-il souligné, n’est pas une éducation de deuxième ou troisième classe. « Dieu reconnaît la valeur en chaque être humain. » Il a salué la démarche du ministère de l’Éducation qui, dit-il, prend au sérieux la formation technique. « J’espère que cela se fera également dans les collèges. »
Il a plaidé pour la formation des formateurs, tout en saluant la contribution des différents partenaires qui ont permis au CTSG d’avancer au cours de ces 50 dernières années, en dépit des difficultés. « J’espère que dans 50 ans encore, des milliers de jeunes auront encore bénéficié de la formation technique. Ce sera la réalisation de la justice sociale dans notre pays. »
——————————————
TÉMOIGNAGES
Thierry Goder (CEO d’Alentaris, ex-élève et ex-formateur) : «Le savoir-faire et le savoir-être»
« Les 50 ans du CTSG, c’est une très belle histoire. J’ai tenu à être là pour la célébrer avec la communauté. Cette histoire a contribué à l’économie du pays. Je pense à ces techniciens que nous avons formés. Certains sont aujourd’hui des chefs d’entreprise; d’autres sont partis exporter leurs talents à l’étranger, et d’autres encore grandissent ici à travers les fonctions qu’ils occupent.
« C’était important de célébrer cela et, en même temps, de se rappeler que le collège a été fondé à un moment où le pays connaissait un gros problème de chômage. Il y avait un besoin de compétences. Le cardinal Margéot, qui a toujours été un visionnaire, a vu loin en décidant de mettre sur pied le premier collège technique à Maurice.
« J’ai été étudiant et formateur ici. J’ai aussi aidé à mettre sur pied le département des relations publiques avant de partir. Personnellement, le slogan du savoir-faire et de savoir-être me portera jusqu’à la fin de mes jours. C’est ce que j’ai appris ici au collège.
« Les formateurs que j’ai eus à l’époque disaient qu’il faut savoir donner la confiance aux étudiants pour qu’ils aillent encore plus loin. Et l’une des valeurs que j’ai apprises ici, c’est de ne jamais baisser les bras. J’en suis la preuve vivante. »
Alain Bêche (proviseur) : « Donner une deuxième chance aux jeunes »
« Ces 50 ans pour moi représentent 50 ans de richesse et de partage. C’est une grâce aussi d’avoir pu former pas mal de jeunes parmi toutes ces années. Les rendre heureux et leur donner une deuxième chance dans la vie. Très souvent, nous accueillons des jeunes qui ne se sont pas adaptés à l’éducation académique. Par contre, ils ont une intelligence différente qu’ils ont pu développer à travers la formation professionnelle.
« Avec la transformation du collège en lycée, nous allons davantage valoriser nos jeunes. Ils auront cette joie de dire qu’ils fréquentent un lycée. Cela nous permettra aussi d’accueillir plus d’élèves. Surtout qu’actuellement nous entendons dire qu’il y a un manque d’ouvriers qualifiés. Il y a des jeunes aussi qui ne trouvent pas leur voie; nous pourrons leur donner une nouvelle chance. Il y aura de nouvelles formations, comme la maçonnerie et tout ce qui touche au bâtiment. La première phase sera inaugurée vers la fin janvier. »
Damien Polimon (élève) : « Lancer mon propre business »
« J’apprends la tôlerie-soudure au Collège Technique Saint Gabriel. C’est un domaine qui m’intéresse beaucoup, étant donné que j’ai déjà des proches qui pratiquent ce métier. Ils m’ont dit qu’il y a de l’avenir dans ce domaine et je peux travailler pour moi-même. Mes cours se passent très bien. Mon rêve est de devenir un bon soudeur et d’avoir mon propre business. »
Chloé David (élève) : « La cuisine, ma passion »
« Je suis des cours de cuisine et de pâtisserie. Je viens d’intégrer le collège en septembre dernier. La cuisine est une passion pour moi et j’apprends beaucoup de choses dans cette formation. J’aime l’ambiance qu’il y a au collège, et j’ai de bons amis. Après mes cours, je compte construire ma carrière en plusieurs étapes, en travaillant d’abord dans la restauration, puis dans l’hôtellerie et, finalement, sur des bateaux de croisière. »
Emmanuel Roque (ex-élève) : « Une expérience extraordinaire »
« J’étais en formation de Brevet études professionnelles (BEP) en 2017-2018. J’ai découvert le Collège Technique Saint Gabriel grâce à un voisin. C’était une expérience extraordinaire. Je ne savais pas trop quoi faire dans la vie. Grâce à ma formation, j’ai appris plein de choses et j’ai évolué.
« J’avais fréquenté deux collèges avant de venir au CTSG, mais j’ai vécu ma meilleure expérience ici. L’environnement, les professeurs, l’approche… tout était différent. Aujourd’hui, je suis technicien chez Rey Lenferna. En ce moment, je travaille juste à côté du collège pour le projet de lycée. Le Collège Technique Saint Gabriel m’a permis d’avancer dans la vie. »