Alors que l’on s’apprête à commémorer l’arrivée des travailleurs engagés le 2 novembre, l’occasion est donnée de se pencher sur leurs motivations en venant à Maurice et sur ce qui les différenciait des esclaves. Si l’esclavage était aboli, les engagés étaient-ils appelés à une autre forme de travail forcé ?
Pour Mookhesswur Choonee, ancien ministre de la Culture, président de Gopio International et fondateur de la Girmitiyas Foundation, fondation des Travailleurs engagés à Maurice, les travailleurs engagés ont été « bien dupés par de grandes promesses qui n’ont pas été honorées. Ces travailleurs ont emmené avec eux le strict minimum sans savoir où Maurice se trouvait. Ils n’avaient même pas une notion de la distance qui allait les séparer de leur pays ». Pour lui, «les travailleurs engagés ont eu presque le même traitement que les esclaves. Le nom avait changé certes mais le traitement était presque le même ». Il ajoute que l’industrie sucrière et par extension, l’économie du pays, ont pu être développées grâce aux travailleurs engagés. « Il y a eu 452 000 engagés à Maurice ».
L’historien, Jocelyn Chan Low, tient à préciser que ce n’est pas le 2 novembre 1834 que les premiers travailleurs engagés sont arrivés à Maurice mais que bien avant l’abolition de l’esclavage, sous la période française, on note la présence d’engagés en provenance d’Asie du Sud-Est et du Sud de l’Inde. Ils étaient toutefois peu nombreux. L’année 1834 marque l’arrivée en masse des engagés.
« Au départ, les travailleurs venaient seuls. Mais, par la suite, ce sont des familles entières qui sont venues quand elles ont compris qu’elles pouvaient acheter des terres. À la fin du XIXe siècle, les gens venaient d’eux-mêmes, car ils entendaient dire qu’on réussissait à Maurice ». Derrière leur réussite, souligne-t-il, il y a eu beaucoup de sacrifice et de dur labeur.
Didier Michel, Senior Lecturer en Historical Wrongs, Slavery & Reparatory Justice, ne voit pas vraiment de ressemblance entre l’engagisme et l’esclavage. « Les travailleurs engagés n’avaient pas le statut d’esclave et n’étaient donc pas régis par le Code Noir. Ils ne pouvaient donc pas être vendus et rachetés puis hypothéqués comme des esclaves. Un engagé n’a pas connu ce déracinement culturel qu’a connu un esclave. L’engagé avait le droit de conserver sa culture, son identité, ses liens ancestraux et sa famille tandis que les esclaves étaient obligés, d’après le Code noir, d’être baptisés. Les propriétaires de ces derniers leur donnaient un nouveau nom, une nouvelle identité ». Il se réjouit que contrairement à d’autres colonies, et ce, « grâce aux Verts Fraternels » , le 1er février et le 2 novembre sont fériés.
MOOKHESSWUR CHOONEE (GOPIO INTERNATIONAL) :« Il y a eu 452 000
travailleurs engagés à Maurice »
Le 2 novembre 1834, Maurice accueille ses premiers travailleurs engagés. Qu’est-ce qui devait les motiver à venir à Maurice ? Leur avait-on fait de fausses promesses ?
C’étaient définitivement de fausses promesses. Les agents leur ont fait des propositions bien alléchantes comme quoi quand ils iraient à Maurice, eux des gens pauvres, n’ayant pas une éducation de base, ils trouveraient de l’or quand ils soulèveraient les roches. On les a convaincus à un point tel qu’ils étaient prêts à venir.
La plupart sont venus seuls, laissant derrière eux femmes et enfants. Il n’y avait qu’une poignée de femmes. On leur a aussi dit qu’au bout de cinq ans, on les retournerait dans leur pays aux frais des agents. On les a bien dupés avec de grandes promesses qui n’ont pas été honorées. Ces travailleurs ont emmené avec eux le strict minimum sans savoir où Maurice se trouvait. On l’appelait Marich (Maurice) Desh (pays).
Les travailleurs engagés n’avaient même pas une notion de la distance qui allait les séparer de leur pays. On leur a fait croire que ce pays alléchant se situait juste à côté. La plupart venaient du Bihar et sont arrivés du port de Calcutta. Ils ont voyagé par de petits bateaux qui les a menés à Calcutta où il y avait des dépôts pour chaque pays.
En quoi l’engagisme a constitué une étape clé dans le développement de l’île ?
Après l’abolition de l’esclavage, la plupart n’ont pas voulu continuer avec cette souffrance qu’ils avaient connue au travail. Ils n’étaient pas traités comme des humains. Ils ont donc délaissé les champs. Les patrons ont donc recruté des travailleurs pauvres en Inde pour les remplacer. Les travailleurs engagés ont eu presque le même traitement que les esclaves. Le nom avait changé certes mais le traitement était presque le même.
Sans les travailleurs engagés, Maurice ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Ils sont venus surtout pour travailler dans les champs de canne. Il y a eu 452 000 travailleurs engagés à Maurice. L’industrie sucrière et par extension l’économie du pays ont pu être développées grâce aux travailleurs engagés. De par la loi qui leur était imposée, ils ont vraiment travaillé dur. S’ils s’absentaient un jour, le ‘Double Cut System’ faisait qu’ils devaient rembourser deux jours de paye. Ils travaillaient de 6h à 18h. Comme punition, ils avaient des coups de fouet.
Une loi les empêchait d’aller rencontrer des amis sur une autre propriété. S’ils devaient bouger, ils devaient avoir un Pass mais ne sachant ni lire ni écrire, ils se retrouvaient donc à rester sur place. C’est le fruit de leur dur labeur qui a contribué au développement du pays.
Que reste-t-il aujourd’hui des valeurs, traditions, de la culture des travailleurs engagés ?
Il est vrai que tout leur héritage culturel, linguistique a été répandu et promu. Ils n’avaient pas de loisirs comme les réseaux sociaux. Ils passaient donc leur soirée dans des bhaitka, des lieux où ils se rencontraient, où ils se bagarraient, où ils partageaient leurs souffrances. Ils échangaient dans leur langue maternelle.
La plupart avaient emmené avec eux leur Ramayana. Ils faisaient du Ramayana Chanting. Ils ont su conserver ces traditions, ce qui n’a malheureusement pas été le cas pour les descendants d’esclaves. On a obligé à ceux-ci à oublier leur racine et à apprendre une nouvelle langue qui est devenue la langue mauricienne.
Quelle était la place des femmes des travailleurs engagés. Quel rôle avaient-elles ?
À un certain moment, pour 67 000 hommes à Maurice, il n’y avait que 11 000 travailleurs femmes qui étaient femmes au foyer. La plupart ne travaillaient pas mais prenaient soin de leurs enfants. Il y a eu certaines femmes laboureurs et parfois il y eut des abus de plusieurs formes à leur encontre. Ce n’est qu’après qu’elles sont venues en plus grand nombre. Elles n’avaient pas de bons traitements.
Quand peut-on dire que ces travailleurs ont connu de meilleures conditions de travail et de vie ?
C’est après l’arrivée de deux grandes personnalités. Lorsque Gandhi sortait de l’Afrique pour retourner en Inde en 1901, il y eut un problème avec son bateau. Il fit un transit d’une quinzaine de jours à Maurice. Il a rencontré pas mal de Mauriciens et de businessmen indiens basés à Maurice de même que des travailleurs engagés.
Après avoir appris leurs souffrances, il devait à son retour en Inde prendre contact avec Manilal Doctor, un avocat formé en Angleterre pour lui demander de venir à Maurice en vue d’alléger la souffrance de ces travailleurs et qu’ils aient plus de respect de leurs droits car à l’époque les lois étaient davantage en faveur des colonisateurs. Il a donc défendu leurs cas en Cour.
La plupart du temps ils le faisaient gratuitement et ils le faisaient non seulement pour les Indiens mais pour d’autres personnes dont les ex-esclaves. C’est là que les travailleurs engagés ont eu un peu de respect dans la vie sociale de Maurice et plus de dignité.
Après Manilall Doctor, il y a eu d’autres Indiens qui sont venus mais aussi des Mauriciens qui lui ont emboîté le pas jusqu’à l’arrivée du Parti Travailliste. Le pandit Basdeo Bissondoyal a aussi travaillé en ce sens.
En conclusion ?
Maurice doit son succès au dur labeur des travailleurs engagés et des esclaves. Les travailleurs engagés étaient plus nombreux et ils aimaient faire des sacrifices. La plupart de ceux qui ne sont pas retournés en Inde après cinq ans, ont acheté des marginal lands – pas des terres fertiles – que les propriétés leur avaient vendues.
C’est grâce à eux que nous sommes là aujourd’hui. La jeune génération a le devoir de leur rendre hommage. Le gouvernement dans sa sagesse a décrété le 2 novembre férié pour réfléchir sur leur contribution et valoriser leur apport.
Nous sommes un des rares pays où les descendants de travailleurs engagés sont présents aujourd’hui en politique et dans le gouvernement. Nous devons être fiers de la contribution de nos ancêtres. Quand Gandhi était venu, il avait dit aux travailleurs engagés d’éduquer leurs enfants et qu’ils se lancent dans la politique.
JOCELYN CHAN LOW : « La présence des engagés remonte à la période française »
Le 2 novembre 1834, Maurice accueillait ses premiers travailleurs engagés qui devaient prendre le relais des esclaves…
Ce n’est pas tout à fait juste. Qui étaient les engagés ? Des travailleurs sous contrat. Il faut briser les stéréotypes. Sous la période française déjà, il y avait des engagés : des petits ouvriers qui signaient un contrat soit avec la Compagnie des Indes, soit avec le gouverneur ou les particuliers.
Certains ont aidé à construire Port-Louis. Parfois, ils étaient maltraités. Les contrats disaient comment ils allaient être traités, quelle partie de leur argent allait être reversée à leur famille. Comme ils coûtaient quand même assez cher, on a emmené des engagés du sud de l’Inde : des marins, des artisans tamouls qui sont là depuis le XVIIIe siècle.
Bien avant la fin de l’esclavage, il y a eu des tentatives de particuliers de recruter des engagés du sucre. En 1829, il y avait quelques engagés du sucre dont des Chinois de l’Asie du Sud-Est. Pourquoi a-t-on choisi le 2 novembre 1834 ? C’est parce qu’à partir de là que la tendance des engagés du sucre s’accentue.
Mais, il ne s’agissait pas des premiers engagés. Il s’agissait du début de l’arrivée en masse des engagés du sucre et pas que de l’Inde mais de Madagascar et des Comores… Avec le développement de la canne à sucre, il y avait un manque de main-d’œuvre.
À quand plus précisément remonte donc l’arrivée des premiers engagés ?
Cela dépend ce qu’on entend par engagés. Si c’est des engagés en général et pas du sucre, c’est sous la période française et pas nécessairement des Indiens. Bien avant l’abolition de l’esclavage, il y a eu quelques engagés du sucre qui sont arrivés de l’Asie du Sud-Est, du Sud de l’Inde mais ils étaient peu nombreux. Mais, les Indiens étaient présents bien avant novembre 1834 parce qu’il y avait des esclaves indiens.
Qu’est-ce qui motivait ces engagés à venir à Maurice ? Leur avait-on fait de fausses promesses ?
Oui et non. Il y a les Push and Pull Factors. À certains, certes on a fait de fausses promesses. On le voit aujourd’hui avec les Bangladais. Au départ, les travailleurs venaient seuls. Mais, par la suite, ce sont des familles entières qui sont venues quand elles ont compris qu’elles pouvaient acheter des terres. À la fin du XIXe siècle, les gens venaient d’eux-mêmes car ils entendaient dire qu’on réussissait à Maurice.
En quoi l’engagisme a constitué une étape clé dans le développement de l’île ?
Avec la fin de la traite négrière et avec la révolution sucrière, il y a eu un manque de main-d’œuvre. Les esclaves n’avaient plus besoin de travailler avec leur maître mais cela ne voulait pas dire qu’ils n’allaient plus travailler. Après l’apprentissage, le gouvernement britannique a interdit l’arrivée des engagés indiens.
De 1939-1943, il n’y a pas d’engagé indien qui arrive – ils étaient 23 000 déjà dans le pays. La production sucrière s’est grandement développée pendant cette période. Les ex-esclaves refusent de signer un contrat. Ils travaillent à la tâche, ils sont payés après chaque travail. Ils ont eu beaucoup plus d’argent ainsi. Ce n’est pas qu’ils refusaient de travailler mais ils voulaient travailler à leurs conditions (bien payés, sans contrat). C’est là que ces ex-esclaves ont pu acheter des terres. En 1843, les Indiens retournent mais sur contrat à bas prix.
Y avait-il des femmes parmi les engagés ?
Très peu. Certaines se mettaient en concubinage avec d’ex-esclaves. C’est ainsi qu’il y a eu beaucoup de métissages de 1835 jusqu’à la fin du XIXe siècle. Par la suite, les villages se sont constitués et le groupe s’est fermé.
Quand peut-on dire que ces travailleurs ont connu de meilleures conditions de travail et de vie ?
Ils ont fait pas mal de protestation et les autorités de l’Inde ont mis de la pression. Cela a été un processus continu. Ce qui s’est passé, c’est ce qu’on appelle le ‘grand morcellement’. Maurice n’était pas une colonie comme les autres. Les Anglais ont investi dans l’industrie sucrière et sont par la suite partis.
Il y a donc eu le capital local. Ce capital local était relativement faible. Mais, avec les transformations dans l’industrie sucrière, ils ont décidé de changer la structure de l’industrie sucrière. Ils ont vendu une partie des terres à des travailleurs indiens. Mais, ceux-ci allaient cultiver la canne sur les terres qu’ils avaient achetées. Ils ont donc créé un Land Market pour avoir des capitaux. Cela a profité grandement aux Indiens qui ont eu plus d’indépendance.
Maurice vendait son sucre en Inde, en Australie et en Afrique du Sud. Avec la Première Guerre Mondiale, l’Autriche ne produit plus de sucre de betterave. Par ailleurs, la Russie, grande exportatrice de sucre de betterave est coupée de l’Europe avec la guerre. Il y a donc un manque de sucre en Europe. Ce qui fait que le sucre de Maurice va en Europe à des prix très élevés. Les Indiens qui ont acheté des terres font d’énormes profits. Ils s’enrichissent.
Que reste-t-il aujourd’hui des valeurs, traditions, de la culture des travailleurs étrangers ?
Il faut comprendre que ces valeurs étaient très hétéroclites culturellement, religieusement, linguistiquement. Il y a eu beaucoup de sacrifice, de dur labeur pour pouvoir réussir. On n’a qu’à voir comment les travailleurs bangladais travaillent à Maurice en ce moment.
En cette période de crise économique actuelle, peut-on dire que l’engagisme se perpétue à travers les travailleurs étrangers à Maurice ?
Oui, l’engagisme, c’est quoi ? C’est un système de recrutement sur contrat à durée et salaires déterminés pour pallier une pénurie de main-d’œuvre. Si on emmène des maçons et on ne fait pas de contrat, ils vont demander des prix forts. Donc, le contrat est une manière de garder le coût de la main-d’œuvre bas. On dit que les travailleurs étrangers sont soi-disant plus productifs mais le Mauricien peut le faire s’il est payé plus. C’est une manière de contrôler le marché du travail.
DIDIER MICHEL (CHARGE DE COURS) : « Un engagé n’a pas connu de déracinement culturel »
Le 2 novembre, on célèbre l’arrivée des travailleurs engagés à Maurice. L’engagisme était-il vraiment en rupture avec l’esclavage ?
Pour moi, il n’y a pas vraiment de ressemblance entre l’engagisme et l’esclavage. Les engagés sont arrivés à Maurice en tant que travailleurs. Ils n’avaient pas le statut d’esclave et n’étaient donc pas régis par le Code noir. Juridiquement parlant, ils n’étaient pas considérés comme des « biens meubles ». Ils ne pouvaient donc pas être vendus et rachetés puis hypothéqués comme des esclaves.
C’est là la première différence que j’établis entre les deux. La deuxième différence est que l’engagé avait le droit de conserver sa culture, son identité, ses liens ancestraux et sa famille tandis que les esclaves étaient obligés, d’après le Code noir, d’être baptisés. Les propriétaires de ces derniers leur donnaient un nouveau nom, une nouvelle identité. Ils étaient arrachés à leur famille. Le plus fort était choisi pour être vendu à un prix plus cher.
Un engagé n’a pas connu ce déracinement culturel qu’a connu un esclave. Les travailleurs engagés étaient très bien répertoriés. Une personne de descendances engagées par exemple peut aller retracer sa généalogie en se rendant au MGI. Il a la possibilité de retracer la région, le bateau sur lequel par lequel son ancêtre est arrivé à Maurice ; le village où il a été engagé en Inde. Pour un descendant d’esclave, refaire sa généalogie est un vrai parcours de combattant parce qu’il n’y a pas de trace, pas d’acte d’état civil.
Lors de la conférence contre le racisme en 2001 à Durban, il y avait des mouvements qui voulaient que l’engagisme aussi soit reconnu comme un crime contre l’humanité mais cela a été rejeté par les parties présentes car justement ce sont deux choses différentes.
On a parfois décrit l’engagisme comme un autre type de travail forcé…
À la base, ils n’étaient pas forcés comme les esclaves. Les esclaves ont été forcés de leur terre natale. Ils ont connu une traversée inhumaine que ce soit vers l’Atlantique ou dans l’océan Indien tandis que l’engagé a été volontairement recruté même s’il y a eu des paroles comme on dit ‘vir ros gagn kas’ quand ils viendraient à Maurice. Mais, il n’y avait pas de capture ni n’ont-ils été forcés. C’était sur une base volontaire.
Y a-t-il parfois eu une confusion entre esclavage et engagisme ?
Oui, cette confusion existe à Maurice surtout. Or, ce sont deux systèmes opposés même s’il y a eu des pratiques extravagantes dans le sens où les engagés étaient contrôlés à Maurice. S’ils ne respectaient pas les termes et conditions de leur contrat, ils étaient emprisonnés. N’empêche, le statut d’un engagé diffère de celui d’un esclave.
Cette confusion vient aussi du fait que quand on parle d’esclave on parle d’esclave de descendance africaine alors que dans le contexte mauricien, il y a eu aussi des esclaves de l’Inde. Il ne faut pas les confondre avec les travailleurs étrangers.
Aussi, en 2004, une motion privée par Jean Claude Armance fut votée à l’Assemblée nationale demandant à ce que le Parlement reconnaisse l’esclavage comme crime contre l’humanité. Il y a eu alors des demandes pour ajouter l’engagisme aussi comme crime contre l’humanité, d’où la confusion aussi.
Il faut rappeler par ailleurs que si on célèbre le 2 novembre, c’est suite à l’accord entre le MSM et les Verts fraternels en 2000 pour que le 1er février devienne férié. Il y a eu aussi l’exigence pour que le 2 novembre soit ajouté dans la liste des jours fériés pour commémorer l’arrivée des travailleurs engagés.
Comment les ex-esclaves voyaient-ils l’engagisme qui est arrivé juste après l’esclavage ?
Malheureusement, on n’a pas de sources fiables pour dire comment il y a eu une adaptation. Une école de pensée nous dit comment les esclaves ont été chassés des camps sucriers. Une autre école nous dit que les esclaves ont accepté sagement la fin de l’abolition et l’arrivée des engagés pour les remplacer sur les camps sucriers. On peut dire dans le contexte mauricien qu’il n’y a pas eu de révolte. Les anciens esclaves ont accepté de faire place aux engagés.
Quelles étaient les relations entre les ex-esclaves et les travailleurs engagés ?
Il y a eu des métissages.
Un rappel de ce que sont devenus les ex-esclaves avec l’abolition de l’esclavage ?
L’abolition de l’esclavage qui a eu lieu le 1er février 1835 – c’était l’abolition symbolique – l’esclave n’était plus considéré comme esclave mais il était forcé à travailler quatre ans de plus. Cette période était connue comme l’apprentissage qui permettait à l’esclave de travailler pour pouvoir acheter sa liberté.
Des conditions plus strictes même que l’esclavage ont été imposées pendant cette période. Que s’est-il passé après le 1er février 1839 quand la cloche de la liberté a sonné ? On ne sait pas vraiment. Est-ce qu’ils ont été chassés des camps sucriers ? Est-ce qu’ils ont déserté volontairement les lieux ?
Un dernier mot ?
À Maurice, on est une exception en comparaison aux autres colonies qui ont connu l’esclavage et le colonialisme. On a beaucoup avancé même si cela n’a pas été facile. Il a fallu une longue bataille politique. Personne ne peut nier, en passant, le travail des Verts fraternels. Ce sont eux qui ont contribué à rendre fériés le 1er février et le 2 novembre.
Le 2 novembre est unique au monde. Même à Trinidad et Tobago, il n’y a pas de journée nationale. Maurice est une exception en ce sens. En sus de cela, il y a eu d’autres réalisations comme la Commission Vérité et Justice et Le Morne comme patrimoine mondial.