1,144 chiens laissés volontairement à mourir de faim : réactions de l’opposition

Selon l’Animal Welfare Act, les mauvais traitements, les tortures, la privation de nourriture ou de soins, etc. sont désignés comme étant des actes de cruauté qui sont lourdement sanctionnés, surtout après les amendements apportés dans le Finance Bill d’août 2022. L’amende pour toute personne coupable de cruauté envers un animal va jusqu’à Rs 500,000 et l’emprisonnement jusqu’à 10 ans. Or, il se trouve que malgré l’enquête interne réalisée en octobre 2021 à la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW) – qui révèle que plus d’un millier de chiens ont été impitoyablement laissés à mourir de faim –, aucune action pénale n’a été prise contre les responsables, si ce n’est qu’ils ont tout simplement été remerciés. Une aberrance pour Arvin Boolell, ex-ministre de l’Agro industrie, et d’autres députés de l’opposition, dont Joanna Bérenger et Osman Mahomed, qui s’étaient déjà rendus sur place (en déc. 2020 et jan. 2021, respectivement) et avaient soulevé plusieurs failles et questions à l’Assemblée nationale.

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Il s’agit du plus grand cas de cruauté jamais enregistré à Maurice. Selon l’enquête interne réalisée en octobre 2021, la MSAW aurait délibérément et impitoyablement laissé mourir un millier de chiens dans d’atroces conditions. Trois personnes sont mentionnées dans le rapport : Fazanah Ganga, Jean Clément Caphane et Kavita Hurbunsee. Nous avons envoyé quelques questions au directeur de la MSAW, Julien Georges, ainsi qu’au ministre de l’Agro industrie, Mahen Seeruttun (à travers son attaché de presse), pour savoir quelles sont les sanctions qui ont été prises contre les employés incriminés et si le cas avait été référé à la police. Aucune réponse précise ou retour de leur part. Toutefois, ce génocide d’animaux et cette gestion catastrophique à la MSAW ont fait réagir les députés de l’opposition. Ces derniers nous rappellent même leurs visites inopinées au Dog pound de Vallée-des-Prêtres, ainsi que le rapport annuel et comptes de la MSAW jamais soumis.

“La MSAW n’a jamais été à la hauteur de ses objectifs, comme le prévoit la législation sur le bien-être animal. La cruauté envers les animaux est le résultat d’une mauvaise gestion et de pratiques frauduleuses”, dit le leader de l’opposition Arvin Boolell. L’ex-ministre de l’Agro déplore que ces animaux “n’ont pas été euthanasiés, mais tués atrocement.” Il soutient que la sonnette d’alarme avait été tirée déjà dès 2019-2020, mais que d’autres “alleged pressing matters ruled the waves”, exemples le Covid, les problèmes économiques et la crise d’Air Mauritius. “Suite au tollé des défenseurs des animaux et du public, de la presse et des politiciens partageant les mêmes idées, une enquête interne a été menée. Les résultats sont choquants et le rapport n’a jamais été publié”, déplore t-il. Arvin Boolell affirme qu’il se penchera sur le sort des animaux et que plusieurs mesures seront prises par l’alliance Parti Travailliste–Mouvement Militant Mauricien–Nouveaux Démocrates (PTr-MMM-ND) sur ce sujet.

“Ce problème de mauvais traitements infligés aux animaux doit appartenir au passé, ceux qui commettent des actes de cruauté envers les animaux seront sévèrement punis. Plusieurs mesures seront prises. D’abord, une campagne de stérilisation en masse doit être organisée sur l’île. Ensuite, l’abrogation de la législation existante et une nouvelle législation globale pour lutter contre la cruauté, la création de centres de bien-être animal avec un personnel formé et visites régulières de vétérinaires (vétérinaires sur place). Nous devons créer un organisme de surveillance du bien-être animal. Nous disons NON à une culture d’intimidation”, dit Arvin Boolell.

La députée du MMM, quant à elle, évoque le budget alloué pour le nourrissage des animaux à la MSAW. “J’ai soulevé la question à l’époque et on m’a affirmé que la MSAW facturait au ministère de l’Agro Rs 260 par chien, par jour. Toutefois, selon le rapport, seulement 0,92 sous a été dépensé par chien. Selon le calcul, 260 x 1100 x 31 x 12, c’est plus de Rs 106 millions par an ! Et la MSAW ne soumet pas ses comptes depuis des années, même si c’est obligatoire selon la loi. Alors, où est passé l’argent ? Pourquoi n’ont-ils pas enquêté sur ce sujet dans cette « commission d’enquête » ?” Pour elle, laisser volontairement mourir des chiens au sein même d’une société ayant pour objectif de “promote the welfare and good treatment of animals and prevent cruelty to animals” est “inadmissible.” Elle affirme qu’”à maintes reprises, nous (ONG, associations, journalistes, politiciens) avions tiré la sonnette d’alarme sur la situation catastrophique. Souvenez-vous de cette visite que j’avais effectuée au Dog pound de Vallée-des-Prêtres (en décembre 2020) où j’avais publié la photo de chiens affamés, malades et décharnés. Donc, même si nous n’avions pas encore connaissance de l’ampleur de la situation, nous avions attiré l’attention sans arrêt sur la détresse de ces chiens. Conclusion : soit c’était fait de manière consciente et volontaire, soit le fait que cette maltraitance et ce génocide n’aient pas été rapportés à la police était pour protéger certaines personnes. Mais quand on voit le meurtre d’un agent politique MSM être deguisé en suicide, ce n’est pas très surprenant qu’un tel génocide puisse être perpétré sur des animaux. Ils sont sans cœur !”

Comme Joanna Bérenger, le député travailliste Osman Mahomed avait également effectué une visite surprise au Dog pound de Vallée-des-Prêtres, en janvier 2021. “À la lumière du dernier rapport condamnant des employés de la MSAW pour cruauté envers les animaux, le temps me donne raison d’avoir effectué une visite en janvier 2021. Ce rapport condamnant sévèrement les employés de la MSAWme donne raison – ainsi qu’à d’autres membres de l’opposition et autres activistes – qu’il y avait bel et bien maltraitance outrancière envers les chiens en captivité. Après avoir discuté avec l’activiste Reda Chamroo, qui habite non loin de notre maison familiale à Port Louis, nous étions plus d’une trentaine de personnes – certains étant surtout des militants de la cause animale – à nous rendre au centre de la MSAW de Vallée-des-Prêtres en janvier 2021. En me voyant apporter de la nourriture pour chiens, les employés m’avaient finalement donné accès à l’intérieur du centre et m’avait rassuré qu’il y avait suffisamment de nourriture. Mais est-ce vraiment la vérité qui prévalait à ce moment là ?”, s’interroge t-il. Le député travailliste s’est également appesanti sur les comptes de la MSAW. “ Entre 2021 et 2024, j’ai posé deux questions parlementaires sur les obligations légales du ministre de l’Agro-industrie de déposer au Parlement le rapport annuel et les comptes audités de la MSAW. Cela ne s’est pas fait depuis les élections de 2014. Donc, la MSAW ainsi que les ministres successifs ont cumulé 10 ans d’illégalité”, conteste-t-il.

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