La démission de l’opposition pas à l’agenda.
« Ce serait faire le jeu du GM », dit Paul Bérenger
Pour leur dernière conférence de presse de l’année, les dirigeants de la plateforme de l’Espoir ont été unanimes à souhaiter non seulement la fin du Covid, mais aussi la fin du règne du MSM. « Des élections générales anticipées, ont réclamé, Xavier Duval, Paul Bérenger, Nando Bodha et Roshi Bhadain, en vue d’un changement pour un meilleur avenir. » « Cependant, a expliqué le leader du MMM, une démission en bloc de l’opposition n’est pas à l’agenda, car ce serait faire le jeu du gouvernement. N’empêche, 2022 sera l’année de l’espoir concernant la pandémie et pour le pays. »
Alors que le leader du Reform Party exhortait, vendredi, après son interpellation par la police, que l’opposition démissionne en bloc du Parlement, les dirigeants de la plateforme de l’Espoir ont remis les pendules à l’heure lors de leur conférence de presse, indiquant que cette option n’est pas à l’agenda. Du fait, a expliqué le leader du MMM, que « ce n’est pas la solution de laisser le terrain libre au GM de faire comme il veut au Parlement. » Cela, tenant compte que la clause 47 de la Constitution à ce sujet n’est pas particulièrement claire à cet effet.
« Nous sommes tous d’accord que le GM doit partir, mais la démission de toute l’opposition ne mènera pas à cela. Gouvernma-la pou assiz en place et kapav fer n’importe quoi. Démissionner en bloc serait faire le jeu du gouvernement », dit Paul Bérenger, s’appuyant sur la « dangereuse » ambiguïté existante dans la Constitution. « Ena enn ambiguité dans la Constitution s’agissant du trois quarts. Trois quarts de quoi ? Est-ce trois quarts de tous les membres du Parlement ou de ce qui reste s’il y a une démission au Parlement ? Cela est un risque additionnel que nous ne pouvons prendre », dit-il. Mais il est clair que la plateforme de l’Espoir et la population dans sa majorité souhaitent que « le GM s’en aille au plus vite. »
Minutes of meetings
D’autant plus avec les derniers scandales qui ébranlent le régime MSM, dont celui des Rs 70M de pilules de Molnupiravir. À ce sujet, le leader du Rassemblement Mauricien s’en prend au Premier ministre, estimant que « Pravind Jugnauth ne peut pas dire – comme il l’a fait lors d’une sortie lundi dernier à Phoenix — qu’il n’était pas au courant. » Reprenant ainsi les propos du chef du GM au Parlement le 7 décembre dernier à l’effet qu’il y a un contrat et une première livraison de 1million de doses de Molnupiravir, Nando Bodha confronte ainsi Pravind Jugnauth, rappelant que c’est lui, en tant que Premier ministre, qui préside le High Level Committee sur le Covid. Comité qui se rencontre quotidiennement pendant au moins 300 jours depuis le début de l’année et dont Pravind Jugnauth, à défaut, doit détenir les Minutes of Meetings.
« J’ai moi-même assisté à ces réunions et il y a des minutes. Il est impossible que Pravind Jugnauth ne savait rien de cette affaire. C’est complètement faux de dire qu’il n’était pas au courant », souligne-t-il. D’autant, fait remarquer le leader du RM, que le ministre de la Santé a révélé au Parlement qu’il s’agissait des procurements pour extreme urgence et life saving drugs. « Est-il possible de faire une acquisition de cette importance sans que le ministre et le Premier ministre ne soient au courant ? » se demande Nando Bodha, estimant que « le PM pa kapav dir ki li pa responsable seki finn pase. »
L’ICAC : une cover-up machine
Concernant l’enquête menée à ce propos par l’ICAC, la plateforme de l’Espoir dit ne pas faire confiance à l’établissement. « Nous n’avons aucune confiance en l’ICAC. L’institution est un outil dans la main du GM, une cover-up machine, une whitewashing machine », dit Paul Bérenger. Dans le sillage, il estime que les suspensions et autres départs à la retraite des fonctionnaires mêlés à cette affaire ne sont que des stratègies « pou protez certains ministres. » Paul Bérenger relève de même que tout au long jusqu’à la dernière séance parlementaire, Pravind Jugnath a défendu « all out » le ministre Kailesh Jagutpal, cela alors que c’est lui-même en tant que Premier ministre qui préside le High Level Committee.
Pour l’opposition, la situation sanitaire à Maurice est loin de s’assainir. Certes, si avec une cinquantaine de morts et quelque 1500 cas détectés par semaine, « le pic a été atteint avec le variant Delta et qu’actuellement nous nous retrouvons sur un palier, une explosion des cas d’Omicron dans les prochains jours n’est pas exclue », estime le leader du RM, pour qui il est évident que le variant Omicron est bel et bien présent sur notre territoire et au sein de la communauté locale. « Ce virus est extrêmement contagieux et nous allons au-devant d’un cyclone classe 4 », dit-il.
Comme le leader de l’opposition, il avance que la question est désormais : sommes-nous préparés à cette nouvelle vague ? Notamment par rapport aux hôpitaux, au stock de médicaments ou encore au niveau de personnel soignant, déjà overstretched. « Ou allons-nous nous retrouver en mode de saturation très vite ? » s’interroge également Xavier Duval, redoutant un crash des services hospitaliers dans les semaines à venir. Si pendant de longs mois Maurice s’est retrouvé au hit-parades du taux de des morts, l’opposition espère que le GM tirera des leçons de « sa propre incompétence » et apportera au plus vite des changements nécessaires, qu’il s’agisse d’un changement de ministre ou au sein de la haute hiérarchie, ou parmi le personnel, pour que la population en sorte gagnante.
Soutien à Bhadain
Dans un autre régistre, les trois autres dirigeants de l’entente de l’Espoir ont exprimé leur soutien à leur camarade Roshi Bhadain. D’emblée, Paul Bérenger se dit d’avis que l’interpellation du leader du Reform Party vendredi relève « d’un complot et de fausses accusations ourdis — même si cela s’est révélé un fiasco — en tentative pour détourner l’attention de la population. » « Ceux qui ont organisé cela auront à rendre des comptes en temps et lieux », dit le elader du MMM. Nando Bodha fait, lui, ressortir que si l’affaire pour laquelle Roshi Bhadain a été interpellé date de 2012, « c’est le leader du Reform Party qui avait défendu Pravind Jugnauth en 2013 et c’est la candidature de ce même Roshi Bhadain que le leader du MSM a trouvé bon de proposer pour les élections générales de 2014. Allant même jusqu’à le nommer ministre », dit l’ancien secrétaire général du MSM, pour qui toute cette affaire relève d’un « harcèlement politique ».
Revenant sur la journée de vendredi, le principal concerné évoque le traumatisme encouru par sa femme, sa sœur et sa mère qui étaient en sa compagnie quand les limiers de la police ont procédé à son arrestation. « Ce qui s’est passé dépasse les limites », dit Roshi Bhadain, avançant détenir des « informations » à l’effet que cette interpellation émane du bureau du Premier ministre. « Plusieurs policiers finn dir moi ki instructions vinn depi PMO akot ena enn misier fek retourner ki pe prend li pou Zorro », dit-il. L’objectif étant selon lui de « détruire mo moral, ek mo motivation pour dénonce la vérité. » Cette arrestation a été faite pour
« détourner l’attention de la population sur les faits réels avec notamment les ministres Jagutpal et Padayachy se retrouvant actuellement en situation difficile », estime Roshi Bhadain, qui s’étonne que la police s’est attardée sur une déposition d’un récidiviste dans un cas où lui était témoin il y a dix ans.
« Jamais mo
pou pardonne li »
Disant savoir que c’est l’homme d’affaires Jean-Michel Lee Shim qui « finn paye dimoun pou ale donne fos statement », Roshi Bhadain fait ressortir que tous les protagonistes devront répondre devant la loi. Il souligne en outre qu’il savait qu’on tenterait de s’en prendre à sa personne, d’où la precautionary measure déposée auprès de la police de sa localité en février dernier. « Mo ti fini kone, mais au lieu mo gagn protection la police, la police vinn aret moi », s’indigne-t-il. Dans le sillage, il annonce des poursuites contre le patron de la MCIT, l’ASP Ghoorah, qui a procédé à son arrestation, estimant que ce dernier a commis une lourde faute dans l’exercice de ses fonctions.
Pour le leader du Reform Party, personne n’est à l’abri à Maurice désormais. Il met en garde la population, disant que ce qu’il lui est arrivé peut arriver à n’importe qui, « surtout qu’avec ce GM il n’y a aucune loi ni de principes de droits qui existent ». Pour lui, alors qu’il a défendu Pravind Jugnauth en 2013, aujourd’hui, le leader du MSM veut “sa peau”. « Pravind Jugnauth inn fer mo madame, mo ser, mo mama ploré et pou sa, jamais mo pou pardonne li », dit-il. Cependant, s’il avait le moral en berne ces derniers jours par rapport au traumatisme qui touche sa famille, l’épisode de vendredi dernier n’a fait que décupler sa motivation pour continuer à dénoncer les agissements du GM, dit-il.
Unanimement, la plateforme de l’Espoir en cette fin d’année a une pensée spéciale pour les familles endeuillées à cause du Covid et pour le travail des frontliners. Le souhait de la plateforme pour 2022 est que le monde entier se débarrasse du Covid. « Mais aussi que le pays soit débarrassé du GM MSM. » Paul Bérenger avance ainsi que « si 2021 a été une mauvaise année pour Maurice à cause du Covid, mais aussi pour la démocratie mauricienne, le voeu est que 2022 soit avant tout l’année de la fin du Covid et celle des élections générales. De façon à ce que ce soit la fin du GM MSM », dit-il, rejoint par Nando Bodha, qui relève qu’en deux ans, le GM est parvenu à un niveau de rejet dans la population jamais vu auparavant. « Pravind Jugnauth est un désastre en tant que Premier ministre et son leadership est catastrophique », observe-t-il, ajoutant qu’outre sa démission, le chef du gouvernement a eu à faire face à la démission du ministre Sawmynaden également. « Et durant l’année écoulée, nous avons assisté à la dictature au Parlement et à la dictature dans le pays, contre la démocratie », dit-il, souhaitant pour 2022, « un meilleur avenir pour Maurice. »
Le leader de l’opposition abonde dans le même sens, qualifiant 2021 d’année très difficile pour les Mauriciens et les Rodriguais, avec non seulement la crise sanitaire et économique, mais aussi la crise sociale à laquelle le peuple fait face. Se disant satisfait de la création de la plateforme de l’Espoir, avec un travail collectif au niveau du Parlement notamment où les députés se serrent les coudes et s’accordent d’une même voix sur les différents dossiers, Xavier Duval est d’avis que cette entente augure une bonne année 2022 avec un renforcement de l’unité au sein de l’opposition
Dans le sillage, le leader du PMSD déplore que la demande de l’opposition pour un prolongement du Parlement n’a pas été prise en compte et condamne l’attitude du Premier ministre qui, dit-il, n’a même pas daigné répondre à la lettre envoyée par le leader de l’opposition à cet effet. « C’est mal poli, un manque de respect total, alors que nous occupons tous deux des postes constitutionnels », dit-il. Il note dans la foulée « le foutan de Pravind Jugnauth qui, au lieu de deux mois et demi de congé habituel, finn donne trois mois et demi. » Ce que déplore également le leader du MMM, qui relève que « nous avons terminé l’année avec la suspension de Rajesh Bhagwan du Parlement après la mienne et celle de Shakleel Mohamed. »
Pour conclure, l’opposition, qui exprime ses meilleurs voeux à toute la population pour la prochaine année, espère que « 2022 sera l’année des élections générales et celle pour faire partir le régime MSM pour que les Mauriciens retrouvent leur sourire ». Roshi Bhadain se dit d’ailleurs plus que jamais déterminé pour « libérer le pays des mains des dictateurs. 2022 sera l’année de la libération de Maurice », dit-il. La prochaine conférence de presse de la plateforme de l’Espoir aura lieu le 8 janvier prochain.