« Survey » ou « Sniffing»: nuances troublantes entre la version de Sherry Singh et celle du PM

Qui dit vrai entre le Premier ministre Pravind Jugnauth et l’ex-CEO de Mauritius Telecom Sherry Singh ? Si l’interview vidéo trop hachée du CEO de Mauritius Telecom sur le site internet de la Sentinelle n’a pas permis de trancher définitivement sur la question, cependant, les nuances qu’a apportées Sherry Singh à la version du PM sont plus que troublantes et embarrassantes pour le chef du gouvernement.

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Alors qu’ils confirment celles de Pravind Jugnauth sur la trame et le déroulé des évènements, les détails révélés par Sherry Singh apportent un éclairage détonnant avec ceux du Premier ministre. Ce dernier a maintenu qu’il s’agissait d’un simple « Survey » aussi bien au Sun trust, samedi, qu’au parlement, ce mardi à mi-journée. Alors que Sherry Singh a lui expliqué, avec une précision de celui qui semble détenir des preuves de ce qu’il avance, une « intervention physique » de l’équipe indienne et un mystérieux homme à la moustache.

En effet, le CEO démissionnaire de Mauritius Telecom a donné davantage de détails sur la très longue « intervention physique » réalisée par une équipe de techniciens indiens à la Landing Station de Baie-Jacotet, en avril, alléguant qu’elle était une « intervention physique » perpétrée par une équipe de techniciens indiens, dont l’homme à la moustache. Et ce, sur le câble SAFE, qui appartient à un consortium et non à Mauritius Telecom, a ajouté l’ancien conseiller du Premier ministre. Une opération qui serait « illégale », selon l’ex-patron de MT.

Ce dernier dit détenir « toutes les preuves » démontrant qu’il y a eu « intervention physique » sur ce câble appartenant au consortium. L’affaire pourrait ainsi avoir une répercussion « internationale ».

« Kan ou fer enn intervansion lor rezo ou server, li les enn tras. Mo ena toutes les preuves ki mo pou soumet (…) ki prouve ki bann-la inn ale pou intervenir », a déclaré Sherry Singh, en soulignant que Baie-Jacotet est un « restricted area » et que cette intervention a été opérée sans l’aval du consortium.

Pressions alléguées du PM

C’est « le Premier ministre » qui, selon Sherry Singh, aurait fait pression sur lui afin qu’il autorise l’accès à ce site à l’équipe technique indienne. Et ce, lors d’une conversation téléphonique tenue dans la matinée du 15 avril à 10h18

« Le Premier ministre m’a téléphoné (…) li komans koz avek enn ton », a relaté Sherry Singh en revenant sur la chronologie des évènements. Pravind Jugnauth lui aurait reproché d’interdire l’accès à ce site à l’équipe indienne, à la veille du déplacement du chef du gouvernement en Inde, où il rencontrera son homologue Narendra Modi. Le PM lui aurait alors confié son embarras à avoir à expliquer au PM indien que ses hommes n’ont pu avoir accès au site.

« Je lui ai expliqué que nous n’avions pas le cadre légal pour cela, que cela pourrait créer un incident diplomatique », a ajouté Sherry Singh. « Je lui ai dit que je ne pourrais pas les laisser intervenir physiquement. Tout le monde aurait eu des problèmes ». Les détails de cette intervention physique lui auraient été donnés lors d’une réunion la veille, soit le 14 avril, avec le leader de l’équipe de techniciens indiens, qualifié de « M. Moustache ».

Lors d’une rencontre tenue à Mauritius Telecom en présence d’un officier du bureau du Premier ministre, « M. Moustache » aurait expliqué, selon Sherry Singh, vouloir « analyser notre trafic internet à travers le câble SAFE pour pouvoir le dimensionner pour un équipement » à d’autres fins le cas échéant. D’après Sherry Singh, « M. Moustache » lui aurait décrit « un appareil capable de capter le trafic internet entrant et sortant » de l’île. En d’autres termes, selon Sherry Singh, pour faire du “sniffing”, tout en soulignant que son interlocuteur n’a pas utilisé ce terme.

« Donné l’ordre ».

Sherry Singh avait au préalable fait comprendre au PM  qu’une telle opération « est impossible », parce qu’il n’y a pas de cadre légal en ce sens, d’instructions formelles et que le câble SAFE « pa zis pou Mauritius Telecom mais pour le consortium », a listé l’ancien CEO.

Mis devant ces faits le lendemain, le Premier ministre aurait malgré tout « donné l’ordre » à Sherry Singh de « donn akse » à cette Restricted Area, soulignant qu’il rencontrerait son homologue indien lors d’un déplacement en Inde prévu le lendemain.

Sherry Singh a affirmé avoir donné son autorisation « sous la pression ». Il a dit avoir, par la suite, téléphoné à son collègue technicien pour qu’il accompagne l’équipe de techniciens indiens et « make sure » qu’ils n’installent aucun équipement.

Cette étape aurait scellé sa décision de démissionner comme CEO de Mauritius Telecom, qu’il annoncera en juin, le temps de, dit-il, « accumuler des preuves ».

Hormis deux lettres datant d’octobre et de décembre 2021 demandant des informations sur Baie-Jacotet au CEO de Mauritius Telecom, il n’y aurait eu aucune conversation officielle entourant ce Survey. Donc, a poursuivi Sherry Singh, « on what basis » aurait-il informé le board de Mauritius Telecom, a-t-il questionné.

Le 15 avril, suite à l’appel téléphonique du PM à 10h18, l’équipe de techniciens indiens entre à Baie-Jacotet « à 12h59 », selon des images CCTV que Sherry Singh dit avoir consulté en tant que CEO de Mauritius Telecom. Ils en sortiront « à exactement 18h52 ». Les Footages de cette opération, soutient-il, sont disponibles à Mauritius Telecom et au PMO

« Il n’y avait aucune correspondance officielle pour mentionner un Survey physique », a insisté Sherry Singh, qui accuse le Premier ministre d’avoir « mislead tou dimounn » au parlement aujourd’hui.

Pour lui, sans la permission du consortium, « ou pa gagn drwa fer intervansion lor kab SAFE », a-t-il appuyé, ajoutant que « ce n’était pas un ‘survey’ mais une intervention physique « . Il a aussi soutenu que « bannla inn fer plizir intervansion lor nou rezo pou intersepte trafik ».

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