Le rationnement de l’huile comestible annulé, l’instabilité des prix due au conflit russo-ukrainien et la rentrée parlementaire étaient au menu des discussions lors de la conférence de presse du MSM, animée par les ministres Soodesh Callychurn et Bobby Hurreeram, vendredi, au Sun Trust Building. Le ministre du Commerce a assuré qu’il n’y aura aucune pénurie d’huile sur le marché.
“On vient de passer par une crise qu’est le Covid-19 et même s’il y a eu la reprise de certaines activités, elle se fait lentement, notamment le tourisme qui ne reprend pas à plein régime”, a indiqué d’emblée Soodesh Callychurn. Il a rappelé que le contexte actuel est “très compliqué pour Maurice et ajouté à cela, comme on dit add salt to injury, il y a eu la guerre russo-ukrainienne.” Selon lui, il est “malheureux” que certaines personnes puissent faire de la démagogie à un moment aussi difficile, mettant de côté la réalité des faits. “Certains disent que la guerre ne nous affecte pas, car nous importons uniquement 1%, et c’est faux” a-t-il répondu. Il a ainsi expliqué que la Russie et l’Ukraine restent les deux major players dans l’exportation et fournissent 76% de l’huile de tournesol dans le monde. “Il est évident que quand il y a une baisse dans la production, il y aura un manquement énorme sur le plan mondial.”
Il a aussi précisé que les pays qui importaient traditionnellement de l’Ukraine et de la Russie se tournent en ce moment vers les pays comme l’Argentine et le Brésil, qui sont les producteurs d’engrais et d’huile comestible.
“La semaine dernière, il y avait une décision pour mettre une limite sur l’achat de l’huile et cette mesure a été critiquée par certains, disant que c’était une décision prise à la va-vite”. Il a précisé que “mon ministère avait constaté un engouement généralisé pour l’huile comestible, c’est-à-dire que l’achat de l’huile était à la hausse dans tous les supermarchés et cela avait un impact sur le stock.” C’est pour cette raison, dit-il, que ces mesures ont été prises.
Après une rencontre avec trois des plus gros importateurs de l’île, le ministre assure désormais qu’il y a un stock d’huile raisonnable “et qu’ils sont en négociation avec d’autres pays pour l’importation d’huile. Je redonne l’assurance que nous aurons suffisamment de stock pour l’huile comestible et j’invite la population à ne pas faire du panic buying.” ll a ainsi demandé que chacun fasse preuve de responsabilité. “Nous sommes dans une situation difficile, mais le gouvernement fait tout pour qu’on ait ce produit sur le marché avec un regular supply en huile comestible.” Il a aussi affirmé que les autorités ont déjà pris contact avec “des pays amis pour assurer que nous continuerons à avoir de l’huile comestible.”
« Mindset pour faire du désordre »
Soodesh Callychurn a par ailleurs rappelé que “la situation est bien difficile mondialement”, ajoutant que les pays du G7 se sont rencontrés pour faire un constat de la situation alimentaire dans le monde, et qu’une décision a été prise pour faire appel aux pays qui ont imposé des restrictions sur l’importation. Il a précisé que Maurice, petit pays qui ne produit pas beaucoup, sera de ceux à subir les impacts. Le ministre du Commerce a aussi assuré que le ministère des Finances travaille “sur des mécanismes et des mesures pour aider la population”, rappelant que le gouvernement a mis en place des subsides sur de nombreux produits. “On absorbe beaucoup de coûts pour alléger le fardeau de la population”, a-t-il dit.
Il a également lancé un appel pour changer nos “consumer patterns” et pour “devenir autosuffisants sur plusieurs produits alimentaires.” Concernant le prix du lait, le ministre a affirmé qu’une rencontre a eu lieu avec les commerçants et que leur demande de revoir la marge du prix du lait est actuellement à l’étude et qu’une décision sera prise après l’analyse de toutes les données. Quant au prix du carburant et des requêtes de la Petrol Retailers Association qui envisage de refuser le paiement par carte bancaire aux stations-service, il a soutenu qu’un travail se fait actuellement au niveau du ministère des Finances. Soodesh Callychurn a par ailleurs commenté la manifestation de l’activiste Ivan Bibi devant le Parlement et il a vertement critiqué ses propos à son égard. “Ivan Bibi a réclamé ma démission et a dit que j’étais concerné par le rapport PAC, car il y aurait fraude et corruption. S’il continue dans cette direction, il y aura diffamation et je lui demande de se ressaisir et de présenter ses excuses, sinon il va se retrouver avec des poursuites.”
Dans le deuxième volet des discussions, le ministre des Infrastructures publiques, Bobby Hurreeram, a parlé de l’octroi de carte professionnelle de pêche aux pêcheurs durant la semaine et de la rentrée parlementaire la semaine prochaine. “Quand on va retourner dans le temple de la démocratie, il est important de faire preuve de patriotisme”, a-t-il dit. Il a ainsi lancé un appel aux membres de l’opposition parlementaire pour “met latet ansam pour faire un travail constructif, où chacun apportera sa contribution pour faire que le peuple mauricien ait un avenir meilleur.” Il n’a pas manqué de tirer à boulets rouges sur ses adversaires politiques, relevant le manque de sérieux de certains. “Il y a des gens qui ont ce mindset pour faire du désordre et pour challenge l’autorité du Speaker. Dans la conjoncture, il n’y a pas de place pour ce genre de cinéma.”