- Le chef commissaire sortant, Serge Clair, joue les prolongations au
sujet de sa décision de briguer le suffrage au N°6 - Franceau Grandcourt, leader de l’UPR : « Inn ariv ler pou zet zot (OPR) dan karo may »
- Le PMSD-Rodrigues s’efface pour céder la place au Parti Rodriguais
- Les rassemblements politiques devront se tenir en plein air avec le
respect de la distanciation sociale et interdiction des réunions privées dans des lieux fermés
Depuis la fin de la semaine, Rodrigues s’est mise aux couleurs des élections régionales devant se dérouler le dimanche 13 février avec le Nomination Day le samedi 22 janvier. À ce stade, tout semble indiquer que ce sera un match électoral inédit opposant l’Organisation du Peuple de Rodrigues (OPR) du vétéran et Père de l’Autonomie, Serge Clair, à l’Union du Peuple de Rodrigues (UPR) du Minority Leader sortant, Franceau Grandcourt. Ce dernier pourrait se retrouver à la tête d’une alliance de l’opposition, avec pour mission de déloger l’OPR, qui est en quête d’un troisième mandat consécutif au gouvernement régional de Rodrigues. Les prochains jours devront définir les contours des forces en présence que ce soit du côté de l’OPR avec le leader historique jouant les prolongations quant à sa participation au scrutin, ou encore les composantes de cette alliance de l’opposition.
Un autre aspect inédit est que la campagne électorale se déroule dans des conditions où doivent être respectées à la lettre les conditions du protocole sanitaire contre la propagation du Covid-19. Ainsi, dès vendredi, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, agissant selon les dispositions de la Quarantine Act, a fait publier des règlements sur le déroulement de la campagne. Ainsi, tous les rassemblements politiques devront se dérouler en plein air, car toute réunion privée en salle fermée est formellement interdite.
Par ailleurs, toute personne participant à un rassemblement électoral est tenue à porter un masque de protection couvrant sa bouche et son nez, garder une distance d’un mètre de son voisin le plus proche et éviter tout contact avec l’autre. Par ailleurs, les institutions devant servir de dépôts de candidatures, de centres de vote, de dépouillements pour les besoins de ces élections régionales sont exemptées de contraintes sous la 5ème partie des Consolidated Covid-19 Regulations 2021 pour la période allant jusqu’au 15 février.
De son côté, le commissaire électoral, Irfan Rahman, qui a déjà procédé à la nomination des Returning Officers pour les six différents Wards devant élire chacun deux candidats par vote direct, se rend aujourd’hui à Rodrigues pour l’enregistrement des partis politiques contestant ce scrutin régional. L’exercice se déroulera demain et mardi au bureau de la Commission électorale à Port-Mathurin avec l’attribution des symboles pour les bulletins de vote annoncée mercredi à Port-Louis.
Toutefois, sur le terrain politique, le suspense est de mise dans le camp de l’OPR. Serge Clair, qui entretient le suspense quant à sa candidature, a réuni ses principaux lieutenants, dont les commissaires de l’Executive Council et ses principaux délégués en sa résidence de Mont-Lubin. Il n’a soufflé mort sur le leadership de la campagne pour le compte de l’OPR tout en passant en revue le calendrier et rappelant surtout que c’est un Caretaker Executive Council qui est en place, avec le besoin de geler les procédures de recrutement déjà engagées.
Des recoupements d’informations indiquent que dans les rangs de la majorité sortante, des commissaires et autres membres de l’Assemblée régionale de Rodrigues pourraient ne pas être alignés pour le scrutin du 13 février. Les commissaires Jean Richard Payendee et Rose de Lima Édouard sont cités à cet effet, alors que l’actuel Deputy Chief Commissioner, Nicolson Lisette, est en ballottage défavorable au sein de l’OPR.
Mais aucune des sources n’a voulu être plus précise sur les délibérations de Mont-Lubin ou encore confirmer le talk of the island à l’effet que Serge Clair pourrait solliciter un nouveau mandat de chef commissaire avant de passer le relais à Francisco François en cours de mandat.
Obstacle légal majeur
Du côté de l’opposition, un premier développement est intervenu avec le projet de Parti Rodriguais prenant la place du PMSD-Rodrigues. Cette décision, qui a été prise en vue de faciliter la constitution de ce front de l’opposition, a été entérinée lors d’une séance de travail en présence des représentants du PMSD dans l’île, Vincent Perrine et Louis Ange Perrine. La prochaine étape pour le Parti Rodriguais est d’ouvrir des discussions avec le FPR (e) de Johnson Roussety en préambule à une alliance UPR/FPR (e)/PR.
Si Johnson Roussety, qui se trouve actuellement en Australie, a signifié son intention d’être partie prenante de la campagne électorale à Rodrigues, même si ses réservations d’avion devront lui permettre d’être à Rodrigues juste à temps pour le Nomination Day du 22 janvier, le leader du FPR (e) devra faire face à un obstacle légal majeur à sa candidature. Tout aspirant candidat à des élections régionales devra avoir résidé dans l’île pendant au moins six mois. Ce qui ne semble pas être le cas pour Johnson Roussety.
Pour sa part, le leader de l’Union du Peuple de Rodrigues (UPR) Franceau Grandcourt se félicite de la performance de son équipe sur le terrain. Animant un point de presse à La Ferme, hier matin, il a lancé le mot d’ordre « inn ariv ler pou zet zot (OPR) dan karo may ». Commentant la situation, le Minority Leader de l’Assemblée régionale de Rodrigues a fait ressortir que « dan nou dernie konferans depres nou ti dir disoud parlman ek fer eleksion, akoz tousa kantite problem ki ena ek sa sitiasion katastrofik ki ena dan pei la. Nou ti dir rann pouvwar lepep, les lepep deside ki lekip li anvi rekondwir pou enn manda sink an dan Rodrig ».
Franceau Grandcourt soutient qu’économiquement parlant, la population rodriguaise vit dans une situation précaire. « Pena okenn lavanse personel, nou sistem lasante pa bon, nou lagrikiltir pa kone kouman ete, bann kamarad peser ek elver pa kone ki sitiasion zot pe viv, pa kapav kontinie koumsa », dit-il. Il s’est appesanti sur le fait que le moment est venu pour donner une correction aux dirigeants du jour en votant pour un changement de gouvernement régional. « Inn ariv ler pou zet zot dan karo may, parski tou bann promes ki zot ti fer, donn ou delo tou lesemenn (zordi li pa donn ou delo pou so kamion gagn kontra), ek li ena toupe rod tike ankor pou vinn fer ou pass mizer », rajoute-t-il.
Nicolas Volbert, membre influent du parti, a fait comprendre qu’avec la dissolution de l’Assemblée régionale le 6, tous les projets en cours auraient dû être mis en arrêt. « Kouma parlman disoud, tou proze bizin freeze. Me nou pe trouve ki depi parlman inn disoud, pe donn kart peser, pe donn bail, pe sign kontra pou bann proze, pou laeropor, ape ranz pon dan Vainqueur ek dan Graviers, ek ape fer rekritman dan RodClean. J’ai l’impression que les deux gouvernements, régional et national, ont mal accordé leur violon », s’étonne-t-il.
Ce point de presse de l’UPR a été également l’occasion de présenter officiellement les nouveaux adhérents au parti.