Un dispositif d’espionnage massif sous le MSM
Le Premier ministre Navin Ramgoolam a jeté un pavé dans la mare lors du Prime Minister’s Question Time (PMQT) mardi dernier . Face aux questions du député Adrien Duval (PMSD), il a répondu en dénonçant l’existence d’un système de surveillance de masse orchestré sous l’ancien gouvernement MSM dirigé par Pravind Jugnauth.
Selon Ramgoolam, ce dispositif visait non seulement des opposants politiques, mais également des magistrats, des diplomates étrangers et des hauts fonctionnaires. Une enquête conjointe de la police mauricienne et d’experts internationaux en cybersécurité a confirmé que toutes les communications étaient interceptées : appels téléphoniques, e-mails, messages WhatsApp et Facebook, mais aussi la géolocalisation de certains citoyens jugés “sensibles”.
Le Premier ministre a qualifié cette surveillance de “viol des libertés fondamentales” et de “manœuvre dictatoriale” mise en place sans aucun contrôle judiciaire ni cadre légal. “C’était un système digne des régimes totalitaires”, a-t-il fustigé.
Un coût exorbitant et des contrats suspects
Derriere ce système se cache un scandale financier à hauteur de 110 millions USD (Rs 5,2 milliards), une somme astronomique qui aurait pu être investie dans la santé et l’éducation. L’entretien de ce réseau de surveillance était assuré par l’entreprise PertSol, basée à Dubaï, qui percevait annuellement 7,5 millions USD (Rs 355 millions) pour assurer le bon fonctionnement des stations d’écoute.
Ramgoolam a mis en lumière le manque total de transparence entourant ces contrats et a promis une enquête approfondie pour déterminer qui a signé ces accords et dans quelles conditions.
Lorsque le MSM a perdu les élections de novembre 2024, une opération de destruction massive des preuves a été orchestrée par des proches de l’ancien gouvernement. Des disques durs ont été détruits et des serveurs formatés pour tenter d’effacer toute trace de ce système d’espionnage.
Cependant, les experts en cybersécurité mandatés par la nouvelle administration ont réussi à récupérer une partie des données effacées. “Nous avons les noms des responsables, et ils devront répondre de leurs actes”, a averti le Premier ministre.
Un avenir sans surveillance illégale ?
Navin Ramgoolam a pris un engagement solennel : « Jamais plus un gouvernement mauricien ne pourra mettre en place un tel système de surveillance illégal. » Il a annoncé que tous les équipements utilisés pour ces pratiques seront mis hors d’état de nuire et que des réformes législatives seront entreprises pour s’assurer que plus aucun citoyen ne puisse être écouté sans son consentement ou une autorisation judiciaire stricte. De plus, il a révélé que ce système ne se limitait pas aux communications électroniques : des caméras cachées étaient installées dans des lieux stratégiques pour surveiller les déplacements des citoyens et opposants politiques.
Ramgoolam a assuré que des procédures judiciaires seront engagées pour sanctionner les responsables et rétablir la confiance des citoyens envers leurs institutions.
Alors que les détails de ce scandale continuent de surgir, une question demeure : Maurice pourra-t-elle vraiment tourner la page de cet état de surveillance, ou vivra-t-elle toujours sous l’ombre d’une technologie plus sophistiquée et insidieuse ?