L’année 2024 restera gravée dans l’histoire de Maurice comme une année de bouleversements politiques et sociaux majeurs, marquée par la défaite cinglante de 60/0 de Pravind Jugnauth lors des élections générales de novembre et le retour triomphal de Navin Ramgoolam à la tête du gouvernement dix ans après avoir lui-même connu les affres de deux défaites électorales.
Après une campagne électorale intense, l’Alliance du Changement, dirigée par Ramgoolam, a remporté une victoire écrasante, balayant le MSM et ses alliés, et mettant fin à une décennie de domination politique sous Jugnauth.
Ce bouleversement a remodelé le paysage politique mauricien, consolidant la position du Premier ministre Navin Ramgoolam en tant qu’acteur clé, soutenu par Paul Bérenger et son MMM, ainsi que par les Nouveaux Démocrates, une faction dissidente du PMSD menée par Richard Duval, Kushal Lobine et Véronique Leu-Govind. À cela s’ajoute l’élection, inattendue mais significative, des membres de Rezistans ek Alternativ : Ashok Subron, Babita Thannoo et Kugan Parapen.
Au-delà de cet événement phare, 2024 a été marquée par une série de défis et de réformes qui ont secoué la nation. Sur le plan judiciaire, des affaires retentissantes ont secoué l’opinion publique, à commencer par les fuites téléphoniques des Missié Moustass Leaks, exposant des pratiques de surveillance gouvernementale et menaçant la stabilité politique. Parallèlement, l’extradition de Jean-Hubert Célérine, alias Franklin, vers l’île soeur a révélé la portée des trafics illicites de drogues entre Maurice et La Réunion, alimentant les débats sur la sécurité et la justice dans le pays.
L’année a également été marquée par des tragédies humaines, avec une série de noyades et d’accidents de la route qui ont lourdement endeuillé la population, ravivant le débat sur la sécurité publique. Sur le front environnemental, le pays a dû faire face à des catastrophes naturelles, avec le passage des cyclones Belal et Chido, qui ont laissé des cicatrices profondes, notamment à Agalega, soulignant la vulnérabilité de l’île face aux changements climatiques. L’incendie de Mare Chicose a aussi mis en exergue l’inertie qui a marqué la politique du traitement des déchets et celle de l’environnement dans son ensemble.
Les réformes économiques ont aussi été au cœur des préoccupations, avec une dette publique atteignant des sommets inquiétants, incitant le FMI à appeler à une consolidation budgétaire. Dans le secteur du transport aérien, Air Mauritius a traversé une crise profonde, marquée par des suspensions de cadres et des tensions sur la gestion des fonds publics. En réponse à la pression sociale, le nouveau gouvernement a annoncé des mesures pour alléger les souffrances économiques des Mauriciens, avec le paiement d’un 14e mois de salaire et une réduction des prix du carburant, bien que le gouvernement sortant ait laissé derrière lui des caisses vides et une situation financière qualifiée de catastrophique par les nouveaux gouvernants.
Les scandales financiers et la corruption qui ont gangrené le pays ces dernières années, comme la MIC, Silver Bank, et les achats autour du Covid-19, n’ont d’égal que les mystères qui entourent le meurtre de Kaya Kistnen et d’autres fonctionnaires, l’arrestation arbitraire d’opposants victimes de planting…
Cependant, 2024 a aussi été une année de célébrations et de réussites. Les athlètes paralympiques mauriciens ont brillé sur la scène internationale, tandis que des projets d’infrastructures emblématiques, comme le SAJ Bridge, ont vu le jour, améliorant la connectivité du pays. La commémoration du 56e anniversaire de l’indépendance de Maurice a été l’occasion de rendre hommage à sir Anerood Jugnauth, figure historique de l’île, symbolisée par l’inauguration de sa statue au Waterfront de Port-Louis.
Alors que la nation se tourne vers l’avenir avec un nouveau gouvernement et des attentes élevées, les défis économiques et sociaux demeurent. L’année 2024, marquée par la fin d’une ère politique et le début d’une autre, s’annonce déterminante pour l’avenir de Maurice, qui devra naviguer entre réformes nécessaires, défis climatiques et aspirations sociales.