L’ancien président de la République et leader historique du MSM, sir Anerood Jugnauth, fait le contraste entre le temps où le miracle économique mauricien était cité en exemple et la présente situation marquée, selon lui, par l’absence de leadership d’un gouvernement « sans vision et incompétent ». Intervenant, hier, à une conférence de presse du Remake de 2000, sir Anerood devait insister sur l’unité nationale, « condition nécessaire pour la stabilité ». Paul Bérenger, leader de l’Opposition et du MMM, est lui aussi d’avis que le gouvernement dirigé par le Dr Navin Ramgoolam « mène le pays vers un naufrage ». « Le plus tôt les élections générales, le mieux ce sera pour le pays », devait-il estimer. Avant de lancer un défi au Premier ministre pour qu’il tienne son engagement de présenter le projet de loi sur la réforme électorale.
L’ancien Président explique que c’est par devoir envers la nation qu’il a participé à la constitution du Remake de 2000. Il promet, à ce titre, de tenir ses engagements. Il souligne qu’au moment de démissionner de la Présidence, il s’était fixé pour objectifs d’aider à débarrasser le pays de la corruption, de remettre l’économie sur les rails, de combattre la misère et l’insécurité grandissante ainsi que de consolider l’unité nationale.
« Avec le camarade Paul au sein du Remake, nous nous sommes fixés pour mission de susciter un nouvel espoir dans la population », dit-il. Sir Anerood rappelle le temps où le génie mauricien faisait la fierté de la nation. « Le monde entier nous félicitait pour notre miracle économique », souligne-t-il. Et de poursuivre en faisant le contraste avec la situation présente marquée, selon lui, par « l’absence de leadership d’un gouvernement sans vision et incompétent ».
Au chapitre de l’unité nationale, SAJ condamne « sévèrement » le récent article d’opinion paru chez un confrère qui, dit-il, a « offensé et blessé la communauté créole ». « Comme je l’ai toujours répété, l’unité nationale est la condition nécessaire en vue de la stabilité pour le développement et la prospérité », dit-il.
L’ancien Président lance ainsi un appel à tous les Mauriciens pour qu’ils mesurent leurs paroles et actions. « Il est de notre devoir d’éviter que ce genre d’incidents ne se renouvelle », dit sir Anerood qui exprime au passage son appréciation de la manière par laquelle la communauté visée a globalement réagi à cet incident. « Tout un chacun mérite le respect de sa dignité », conclut-il.
Parlant de la situation économique, SAJ s’appuie sur les indicateurs officiels de Statistics Mauritius pour soutenir que l’écart se creuse davantage entre les riches et les pauvres. « Des milliers de familles vivent dans la misère, voire, dans la misère noire, alors qu’avec le chômage qui avoisine les 8%, de jeunes diplômés se retrouvent sans emploi ». Aussi, trouve-t-il normal que plus de 50% de la population souhaitent émigrer. L’ancien Président aborde aussi l’endettement de l’Etat de même que celle des entreprises.
Evoquant, ensuite, la situation dans l’industrie sucrière, il accuse le PM et leader du PTr, Navin Ramgoolam, de double langage. Selon lui, ce dernier n’a fait que laisser la situation s’empirer pour, par la suite, « faire du cinéma » en feignant de compatir avec la souffrance des travailleurs de l’industrie sucrière. « Zot fer vot laloi anti-travayers apré fer politik ipokrit ek démagozik », dit-il.
Sucre: Rs 5 milliards aux sucriers
Toujours concernant l’industrie sucrière, sir Anerood ne manque pas d’évoquer la hausse du prix du sucre sur le marché local qui est passé, rappelle-t-il, de Rs 5.00 à Rs 38.00 le kilo. Ce qui, selon lui, aura permis aux sucriers d’engranger Rs 5 milliards. Il termine sous ce chapitre en insistant pour que se poursuivent les négociations nationales patronat/syndicats en vue d’une solution consensuelle à la satisfaction des deux parties.
Par ailleurs, SAJ critique, de nouveau, vivement le renvoi des élections régionales. « Le PTr se présente comme un grand défenseur de la démocratie. Pourtant, déjà, dans le passé, sous sir Seewoosagur Ramgoolam, les élections générales avaient été renvoyées et, aujourd’hui, sous Navin Ramgoolam, les élections municipales et villageoises ont été reportées en deux fois », rappelle-t-il.
Pour le respect de la démocratie régionale, l’ancien Président demande à ce que la Constitution soit amendée pour que, comme cela avait été le cas en 1982 pour les élections législatives, il ne soit plus possible à l’avenir de renvoyer la tenue des élections municipales et villageoises. Il évoque, sous ce rapport, ce qu’il estime être les multiples « magouilles, fraudes, cas de corruption et autres abus de pouvoir » qui auraient cours, selon SAJ, dans les Collectivités locales.
Intervenant ensuite, Paul Bérenger soutient que la raison première de la constitution du Remake de 2000 tient au fait que sir Anerood et lui même sont convaincus que le présent gouvernement dirigé par Navin Ramgoolam « conduit le pays vers un naufrage ». Et ajoute: »Le plus tôt les élections générales sont organisées, le mieux ce sera pour le pays. » Pour le leader de l’Opposition, en effet, les cas de fraude, de corruption et de gaspillages sont tels, depuis 2005, que le gouvernement, acculé, n’a trouvé mieux que d’orchestrer récemment ce qu’il appelle une campagne de dénigrement contre le directeur de l’Audit en personne.
Au chapitre économique, il trouve que le temps donne raison aux dirigeants de l’Opposition présentés par ceux du gouvernement comme des « prophètes de malheur ». Le leader du MMM salue ce qu’il estime être « le sens du devoir et de l’Etat » de sir Anerood de même que son « courage » qui devrait « servir d’exemple aux jeunes. »
Faisant le parallèle avec le Dr Ramgoolam, Paul Bérenger critique ce qu’il considère être « l’absence du sens de l’Etat et du respect du rôle de chef de gouvernement » du PM pour son absence au sommet de la Southern Africa Development Community (SADC) à Maputo, au Mozambique, cette semaine.
Réforme électorale: « défi au PM »
Selon lui, en effet, comme ce fut le cas pour un précédent déplacement de Navin Ramgoolam à Londres pour officiellement discuter de la question des Chagos en pleine célébration des 60 ans de règne d’Elizabeth II d’Angleterre, le présent transit du PM par Londres où il y est demeuré pendant une semaine et d’où il devait initialement ralier Maputo n’aura été qu’un « prétexte ».
Le leader du MMM revient sur ce qu’il souligne être la « déclaration des plus catégoriques » du PM faite à l’Assemblée nationale le 27 juillet dernier dans laquelle le chef du gouvernement s’engageait, d’une part, à présenter au plus vite le projet de loi relatif à la réforme électorale et de convoquer, d’autre part, si nécessaire, une séance spéciale du Parlement durant les vacances parlementaires à cette fin.
Tout en répétant que Navin Ramgoolam avance, dorénavant, « des prétextes » pour « se défiler » sur la question, Paul Bérenger défie le chef du gouvernement d’honorer sa parole et de venir de l’avant positivement avec le projet de loi y relatif.
Le leader de l’Opposition salue, par ailleurs, ce qu’il qualifie de « belle victoire des syndicats » dans le litige qui les a opposés au patronat de l’industrie sucrière. Il explique que maintenant que la Mauritius Sugar Producers’ Association (MSPA) a convenu à de nouvelles négociations nationales en 2013 en vue d’un nouveau protocole d’accord devant s’étendre au-delà de 2015, il existe amplement de temps pour amender la loi et trouver une solution permanente à la question.
Par rapport aux élections régionales qui devaient initialement avoir lieu en 2010 et qui ont été en deux fois reportées, un nouveau renvoi serait « révoltant », selon M. Bérenger et pourrait déboucher sur des manifestations. « Rien ne va plus tant dans les municipalités que dans les Conseils de districts », selon lui. D’où l’utilité des élections régionales dans le meilleur délai.
A l’heure des questions, sir Anerood devait estimer que rien n’empêchait l’organisation de ces élections régionales avant la fin de l’année en cours. Il indique qu’avec la fin du mois du Ramadan, les activités communes des deux partis constituant le Ramake de 2000 vont reprendre. SAJ réaffirme, par ailleurs, qu’il y aura effectivement des enquêtes sur ce qu’il appelle les « grands scandales » qui auraient eu cours sous le présent régime en cas d’accession du Remake de 2000 au pouvoir. Ceux qui seraient éventuellement mis en cause en paieraient les conséquences, répète-t-il. L’ancien Président précise, néanmoins, que tout se fera dans le cadre de notre Etat de droit sans qu’il n’y ait chasse aux sorcières.
REMAKE DE 2000: SAJ dénonce « l’absence de leadership d’un gouvernement sans vision »
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