Madan Dulloo a démarré sa carrière politique dans les années 70’, lorsqu’il faisait des études universitaires à Londres et à Paris. Il a ainsi été membre du Parti socialiste français. En 1976, à son retour au pays comme avocat, il s’est joint au MMM. Depuis, il a été élu à sept reprises à des élections législatives et a été, tout à tour, ministre de l’Agriculture, des Affaires étrangères, de la Justice et Attorney General, de la Pêche et du Commerce international.
Dans l’entretien qui suit, le leader de l’Union socialiste mauricien (USM) soutient que « l’émergence d’une troisième force à Maurice dans une démocratie comme la nôtre est très difficile ». Pour lui, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, « tentera de mieux faire » dans son prochain budget, car c’est le dernier exercice budgétaire avant la tenue des élections générales. En ce qui concerne sa candidature, il dit avoir une préférence pour la circonscription No 6, qu’il considère comme « lakaz mama ».
Pouvez-vous nous expliquer ce changement d’appellation au niveau du parti ?
L’USM est au fait le résultat d’un amalgame entre l’Union sociale mauricienne (USM) et le Mouvement militant socialiste mauricien (MMSM). Donc, j’assume le leadership de l’Union socialiste mauricien actuellement. À la suite de ma révocation du gouvernement, en 1992, j’ai décidé de lancer le MMSM le 8 avril 1995.
Pour la petite histoire, sachez que le MMSM était un Merger de deux partis dont je faisais partie, en l’occurrence le MMM et le MSM. J’ai donc décidé de mettre fin à mon congé politique depuis 2021. Pour redescendre dans l’arène politique, il fallait donc une plateforme et une équipe soudée pour travailler pour l’électorat et la population. Au lieu de relancer le MMSM, j’ai décidé, après différentes rencontres, de faire le Merger entre le MMSM et l’Union sociale mauricienne. Le nouveau parti m’a donc confié le leadership.
Pourquoi avoir pris le leadership de l’USM ?
J’ai pris le leadership pour servir le pays, pour servir la population, et pour assurer une fois encore que Maurice redevient un paradis, la perle de l’océan Indien. Dans les années 80 et 90, lorsque j’étais au gouvernement, Maurice jouissait d’une image extraordinaire sur le plan international. Cette image attirait les investisseurs et redonnait confiance à la population pour la production, l’harmonie sociale et surtout pour le bien-être de chaque citoyen, de chaque famille.
Nous avons passé certes par des périodes difficiles en raison des problèmes sur le plan mondial, et Maurice a subi ses répercussions. Même les superpuissances qui passent encore par des moments difficiles aux plans économique, social et climatologique ont beaucoup souffert.
Tous ces événements étaient prévisibles. Maurice était parmi un des premiers pays à faire un plaidoyer au niveau national et international pour l’écologie, la préservation de l’environnement, l’énergie renouvelable, et surtout la lutte contre la drogue.
Nous avons certes donné les résultats escomptés pour le bien-être et le bonheur de la population mauricienne et pour l’image de marque de Maurice. Le pays passe actuellement par des moments difficiles à tous les niveaux dans différents secteurs. J’ai répondu donc à l’appel de la population, des organisations et des institutions. J’ai donc décidé de mettre mes compétences au service de la population.
Pensez-vous qu’il y aura réellement une partielle dans la circonscription de Montagne-Blanche/Grande-Rivière Sud-Est (No 10), ou aura-t-on des élections générales à la place ?
C’est le grand débat du moment. C’est au gouvernement de décider ce qu’il compte faire. D’après la Constitution du pays, c’est le Premier ministre qui décidera de la marche à suivre. Il y a certes beaucoup de spéculations, car nous sommes tout près de l’échéance pour la tenue des élections générales. Le mandat de ce gouvernement tire à sa fin en novembre de cette année, d’où les spéculations. Le débat est donc lancé pour la dissolution du Parlement avant la partielle au No 10 en vue d’organiser les prochaines élections générales.
Je ne souhaite pas faire une analyse de ce qui pourrait se passer. La Representation of People Act définit en tout cas les procédures à suivre et les pouvoirs et les responsabilités du Premier ministre et du président de la république dans ce genre d’équation politique.
Avez-vous déjà décidé où vous serez candidat aux législatives ?
C’est le parti qui décidera où je serai candidat. Pour l’heure, nous descendons sur le terrain et faisons le tour de l’île. Aussi, nous recrutons de nouveaux membres. À la suite de cet exercice, le parti dressera une liste de candidats pour briguer la prochaine joute électorale. Il y a plusieurs facteurs qu’il faudra prendre en considération.
Moi, de mon côté, j’ai toujours eu une préférence pour la circonscription de Grand-Baie/Poudre-d’Or No 6). C’est un peu lakaz mama. Je veux m’y présenter parce que c’est la circonscription No. 6 qui m’a donné naissance comme député en 1976. J’ai été élu à plusieurs reprises dans cette circonscription, et c’est grâce à cette circonscription que j’ai pu assumer beaucoup de responsabilités aux niveaux national et international.
Le parti ira-t-il seul aux élections ou fera-t-il partie d’une plateforme ?
Je ne peux me prononcer sur la question à ce stade. Malheureusement, Maurice suit toujours l’exemple des pays amis avec lesquels nous avons des liens très étroits et dont nous avons hérité de pas mal de choses sur les plans économique, social, culturel, politique et même religieux. J’ai en tête certains pays d’Europe comme la France et l’Angleterre, les États-Unis, l’Inde et d’autres pays d’Asie.
C’est toujours dans le cadre des élections générales que le combat ou le match se déroule entre deux blocs politiques. Ce sont les anciens partis et leurs alliés qui forment le gouvernement et les anciens partis et leurs alliés qui forment l’opposition parlementaire. Malheureusement, dans le réflexe et la culture politique des Mauriciens pour les élections générales, c’est toujours le choix entre deux blocs.
Donc, l’émergence d’une troisième force dans une démocratie comme la nôtre est très difficile, voire impossible à ce jour. Donc, tout en étant très réalistes nous gardons des très bonnes relations avec les autres parties extraparlementaires. Nous avons eu des échanges et des dialogues, et nous entretenons aussi de bonnes relations et des contacts avec les autres partis qui sont représentés au Parlement. Nous finalisons actuellement notre programme et nous avons l’intention de le rendre public avant les élections générales. Ce programme sera déterminant dans la constitution d’une alliance pour les prochaines élections générales.
Qu’attendez-vous du prochain budget ?
Le budget de l’année dernière a donné un aperçu de ce qui pourrait se passer plus loin. J’ai en tout cas accueilli favorablement des mesures positives contenues dans le dernier budget, et j’ai eu l’occasion de le dire publiquement. Il y a cependant des problèmes dans différents secteurs, et je pense que le gouvernement devrait s’attaquer à ces problèmes. Il ne faut pas oublier que ce sera le dernier budget du gouvernement avant la tenue des prochaines élections générales.
Donc, il faut s’attendre à « pou ena tou se ki bon » pour satisfaire la population dans sa vie quotidienne, plus particulièrement la cherté de la vie, le manque d’infrastructures dans certaines régions, le problème de transport public, les revenus des salariés et des personnes âgées. Donc, on doit s’attendre que le ministre des Finances donne beaucoup plus dans le dernier budget. Toute la population va donc surveiller le programme gouvernemental ainsi que celui de l’opposition pour faire son choix.
Quelle est votre réflexion sur l’avenir des jeunes à Maurice ?
Il faut accorder la formation appropriée aux jeunes pour que le pays puisse s’épanouir et pour le bien-être de la génération future. Il faut cibler les jeunes dès l’éducation primaire. Dans le passé, nous avons créé le fameux mouvement des Young Farmers. Des terrains se trouvant tout juste à côté des écoles avaient été aménagés pour conscientiser la jeunesse mauricienne sur la production alimentaire. Des infrastructures sportives avaient été créées à l’intérieur et à l’extérieur des écoles. Sur les côtes, les élèves plantaient des mangroves.
J’apprécie le fait que nius mettions actuellement l’accent sur la formation professionnelle, mais il faut en même temps protéger nos enfants contre les influences maléfiques, plus particulièrement la drogue qui pourrait les entraîner vers la délinquance. Tout le monde reconnaît qu’il y a un problème à ce niveau en ce moment, d’où les efforts des autorités compétentes en ce moment.
L’encadrement familial et social est plus que nécessaire. Je suis disposé à mettre mes compétences à la disposition des autorités pour combattre le fléau la drogue et pour que Maurice échappe à cet enfer depuis l’affaire des Amsterdam Boys, où quatre députés avaient été arrêtés pour trafic de drogue aux à l’aéroport aux Pays-Bas
Propos recueillis par Jean-Denis PERMAL