Le Guide - Législatives 2024

PRAVIND JUGNAUTH : Un leader d’une opposition divisée

C’est aux côtés de ses adversaires directs, en l’occurrence Paul Bérenger, leader du MMM, et le Premier ministre, Navin Ramgoolam, que Pravind Jugnauth a participé à sa première fonction officielle en tant que leader de l’opposition, lors de la cérémonie rendant hommage à sir Seewoosagur Ramgoolam, au Caudan Waterfront, jeudi dernier. Depuis, c’est à son bureau, au siège du MSM au Sun Trust Building, que le néochef de l’opposition assume ses responsabilités.
Désormais, Pravind Jugnauth, qui a régulièrement reproché à Paul Bérenger d’avoir abdiqué devant ses responsabilités  alors que ce dernier était encore leader de l’opposition, aura à démontrer — même en peu de temps et loin du Parlement — que ce rôle est fait pour lui. Mais boudé par le MMSD d’Éric Guimbeau, qui ne répond pas à ses appels téléphoniques, et ignorant le FSM de Cehl Meeah, Pravind Jugnauth est un leader d’une opposition divisée. Une opposition qui a perdu de sa force depuis les premières tensions au sein du Remake 2000 et les koz-koze entre le MMM et le PTr.
La première semaine de Pravind Jugnauth en tant que leader de l’opposition n’a pas été chargée. Il a reçu deux syndicalistes, Yousouf Chotoye (UBIW) et Yayah Paraouty (UPSEE). Mais c’est indéniablement au Parlement qu’il aurait souhaité faire valoir ses prérogatives et… faire ses preuves ! Car, avec la conjoncture actuelle sur l’échiquier politique, c’est au sein de l’hémicycle qu’il aurait pu, pense-t-il, embarrasser ses adversaires directes avec des Private Notice Questions portant, entre autres, sur des scandales.
D’ailleurs, il y quelques semaines encore, il affirmait à la presse qu’en tant que leader du MSM, il avait des informations relatives à un scandale dans le secteur de la santé et espérait poser une question en ce sens à la reprise des travaux parlementaires. Ces derniers temps, il n’a eu de cesse de regretter la fermeture du Parlement où il aurait eu l’occasion de se faire entendre. Aussi, au lendemain de sa nomination, Pravind Jugnauth, qui animait sa première conférence de presse comme leader de l’opposition, n’a pas caché son “souhait le plus ardent”, à savoir “ki mo kapav poz enn PNQ”, non sans avoir rappelé que s’il intervenait à l’Assemblée, il ne ferait pas comme son prédécesseur, Paul Bérenger.
“Je ne ferai pas comme Paul Bérenger ! Lui, il communiquait ses PNQ à l’avance à Navin Ramgoolam ou aux ministres du gouvernement (…) Ces derniers temps ses PNQ étaient mollo-mollo !” Dans un contexte où la probabilité que Pravind Jugnauth adresse sa première PNQ à un membre du gouvernement, voire au Premier ministre, reste incertaine, il n’est pas exclu que le leader de l’opposition ne puisse jouer pleinement le rôle qu’il a endossé dans des conditions autres que les législatives. Et ce, jusqu’à la dissolution du Parlement en vue des prochaines élections.
Dans ses premiers commentaires sur son poste, Pravind Jugnauth a assuré qu’il “agira comme un véritable chien de garde, sera la voix du peuple et veillera que la démocratie soit préservée”. Pravind Jugnauth s’est dit convaincu que sa “nomination est venue confirmer la force du MSM au Parlement et sur le terrain…” Et sur le terrain justement, Pravind Jugnauth qui, à deux reprises s’est adressé aux partisans du MSM, à Fond du Sac et à La Source (Quatre-Bornes) respectivement après sa nomination, a pris la précaution de ranger sa veste de chef de l’opposition. Mais en profite pour fustiger son prédécesseur. “Lui, il a fait semblant d’être un leader de l’opposition. Un leader de l’opposition doit se présenter comme une alternance au pouvoir, un challenger au Premier ministre”.
Une nomination sans jubilation
Du côté de ses fervents sympathisants, la nouvelle fonction de Pravind Jugnauth a été accueillie sans jubilation. Pour cause, la priorité, laisse-t-on entendre, est ailleurs : les préparatifs pour les élections. En attendant l’annonce de la date des législatives, le nouveau chef de l’opposition promet qu’il ne se contentera pas d’émettre des critiques. L’opposition, a-t-il avancé mercredi dernier, “fera des propositions et contribuera aux débats d’idées”.
Toutefois, à ce stade, les propositions du leader de l’opposition sont celles qui ont été déjà définies par son parti et qui devraient figurer sur le programme électoral de la coalition qu’il prépare pour contrer le bloc MMM-PTr. Ces mesures qui, selon lui, feraient l’unanimité auprès de ses éventuels partenaires, relèvent du secteur économique, notamment avec de nouvelles mesures fiscales pour redonner un nouveau souffle aux petites et moyennes entreprises, de la création d’emplois, d’un centre de biotechnologie, de faire de Maurice une Duty Free Island, entre autres.
La nomination de Pravind Jugnauth au poste de leader de l’opposition marque néanmoins un tournant dans sa carrière politique. Toutefois, ce sont des circonstances politiques particulières à la veille des élections générales qui ont conduit le leader du MSM au siège de chef de l’opposition. D’ailleurs, à bientôt 53 ans, Pravind Jugnauth doit quasiment toutes ses ascensions politiques à des calculs qui l’ont propulsé à l’avant-plan. Aux prochaines élections, il sera candidat au N°8, circonscription où il s’est fait élire à la partielle de 2009 et aux dernières législatives, avec l’appui du Parti travailliste. Cette fois, sans ses anciens alliés MMM et PTr, la donne a changé. Pravind Jugnauth ne sera pas porté par un partenaire en mesure de faire basculer la balance en sa faveur à Moka/Quartier Militaire. Ces élections seront sans aucun doute le premier véritable test pour évaluer la force de l’héritier de sir Anerood Jugnauth.

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