Sniffing du réseau internet : Le cellulaire de Sherry Singh détient la clé du mystère

— Le Premier ministre sur la défensive face à une demande d’éclairage net sur des directives pour favoriser l’accès au réseau SAFE par une Third Party — TM, réclamant une commission d’enquête, dénonce « des tendances totalitaires qui se traduisent par une volonté de violation des droits du citoyen » — Consultations en vue au sein de l’opposition au sujet de la marche à suivre vis-à-vis du Leader of the House pour la séance parlementaire de mardi prochain — Rajesh Bhagwan (MMM) : « Pravind Jugnauth bizin aret zwe sove kouma li ti fer dan Angus Road Saga »

Sherry Sing a activé une bombe à retardement politique et diplomatique sur le pas de porte du Prime Minister’s Office au lendemain de sa démission en tant que Chief Executive Officer de Mauritius Telecom. Depuis les révélations de celui-ci au sujet des directives visant à permettre à une third party de faire installer des équipements de sniffing pour le contrôle du trafic internet sur le réseau SAFE, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, voit la pression s’accentuer sur lui pour un éclairage clair et net au sujet de cette affaire, s’apparentant aux yeux du monde politique à « une haute trahison envers l’État mauricien. » D’aucuns affirment que la carte maîtresse de cette affaire se résume au téléphone cellulaire de

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Sherry Singh, avec notamment l’enregistrement de la conversation de cet échange avec le Premier ministre où ce dernier lui aurait déclaré qu’il n’avait pas le choix que d’obtempérer à cet ordre, notamment permettre l’accès au réseau du trafic internet par une third party.
Dans sa première réaction à la MT Third Party Saga, Pravind Jugnauth, sur la défensive malgré un sourire de façade, s’est gardé d’entrer dans les détails des accusations, préférant demander à Sherry Singh d’aller consigner une déposition au sujet de toute cette affaire à la police, notamment au Central CID du DCP contractuel Heman Jangi. Mais sur le plan politique, des consultations devront être engagées dans les rangs de l’opposition en vue de décider de la marche à suivre pour resserrer l’étau sur le Leader of the House lors de la prochaine séance parlementaire.

Par contre, la réaction la plus virulente est venue de Transparency Mauritius (TM) avec une demande d’institution d’une commission d’enquête, présidée par un juge de la Cour suprême et des assesseurs nommés par le gouvernement et l’opposition, laissant la porte ouverte à un stepping down du Premier ministre le temps des travaux. Auparavant, Transparency Mauritius a souligné que « ces allégations touchent le sommet de l’État. Elles indiquent, si elles sont avérées, des tendances totalitaires qui se traduisent par une volonté de violation des droits du citoyen. »

Quarante-huit heures après ces dénonciations, les deux protagonistes, Sherry Singh et Pravind Jugnauth, sont engagés dans un jeu du chat et de la souris. À ce stade, l’ancien CEO de MT est perçu comme n’avoir pas tout révélé au sujet des dessous de cette conversation téléphonique et la gravité des directives. Au sujet de l’éventualité d’une déposition à la police, l’ex-CEO de MT est catégorique : « Si zot oule mo fer sa, zot pou bizin step down », alors que quelques instants auparavant, lors de ses dénonciations sur Radio Plus vendredi soir, il avait fait ressortir au sujet des ordres reçus que « li plis ki serye. Ou pe travay kont lintere ou pei. »

Mais à hier après-midi, très peu d’indications ont filtré de l’entourage de Sherry Singh quant au next move envisagé, surtout à la lumière de la déclaration de Terre-Rouge de Pravind Jugnauth. Le fait demeure que l’ancien CEO de MT détient la carte maîtresse en vue de faire la lumière autour de cette demande de third party access au trafic d’internet transitant par Maurice.

« Volonté de puissance absolue »
Cet exhibit se présente sous la forme du téléphone cellulaire de Sherry Singh, qui contiendrait l’enregistrement de cet appel téléphonique venant du Premier ministre. À ce stade, il s’avère prématuré de s’aventurer pour se prononcer sur le timing de ces révélations, même si d’autres sources avancent que l’ex-CEO de MT dispose également des informations cruciales au sujet de cette entité devant exécutant cette opération de sniffing et pour le compte de qui.

En tout cas, tout semble indiquer que Sherry Singh devra préciser des détails cruciaux autour de cette sinistre affaire à plus ou moins brève échéance. D’ailleurs, c’est la position prônée par Transparency Mauritius, tout en adoptant un ton des plus durs à l’égard des autorités, affirmant que « les institutions de la République sont, presque toutes, sous le contrôle des proches du gouvernement et démontrent une volonté de puissance absolue. »
Transparency Mauritius demande à Sherry Singh de venir de l’avant avec des suppléments d’informations précis et détaillés de ce qu’il a allégué, ajoutant que « toute information doit être rendue totalement publique. Cela constituera la meilleure protection dont l’ancien CEO de MT pourrait bénéficier. » Mais la question se pose sur les institutions devant initier une enquête au sujet de ces allégations.

« Mais qui enquêtera si les institutions sont infiltrées ou cadenassées ? La meilleure option serait à travers une commission d’enquête publique présidée par un juge et des assesseurs nommés par le gouvernement et l’opposition », propose Transparency Mauritius, qui ne rate pas de faire ressortir que « les scandales s’accumulent avec les affaires Kistnen, Wakashio, Angus Road, St Louis, SBM, emplois fictifs, torture des suspects par la police, l’octroi des contrats à des proches du pouvoir durant la pandémie, les milliards payés pour la résiliation du contrat de Betamax, le contrôle des courses hippiques, la gestion de la Banque de Maurice, entre autres. Même la nomination du commissaire de police a soulevé des interrogations », précise Transparency Mauritius.

« Zafer-la pli grav ki sa »
En conclusion, Transparency Mauritius réitère sa demande au gouvernement pour la mise en place d’une loi pour protéger les lanceurs d’alerte. « C’est plus que jamais le moment pour une telle loi », soutient-elle en guise d’indictment de ces dérives attribuées au gouvernement.

Sur le plan politique, l’opposition parlementaire pourrait être amenée à se concerter en début de semaine en vue d’élaborer une stratégie pour la séance de l’Assemblée nationale de mardi. Toutefois, le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, maintient que « zafer-la pli grav ki sa. Sherry Singh n’a pas dit toute la vérité sur cette affaire de third party. Il a le devoir d’informer les Mauriciens des dessous de cette affaire. Le plus tôt il le fait, le mieux ce sera pour le pays ».

Pour sa part, Rajesh Bhagwan, secrétaire général du MMM, accule le Premier ministre et l’enjoint de ne pas zwe sove. « Nous savons très bien comme il a manœuvré pour ne pas donner des explications au sujet de ses transactions immobilières et financières sur Angus Road Saga. Azordi avek so larogans, li kler ki le rod zwe sove lor MT Saga. Il se sert de menaces. Tousala pa pou servi. So bann chatwa e mafia inn fini realize ki zo lafin inn vini », déclare-t-il.

Poursuivant, le secrétaire général du MMM ajoute que « lepep inn demaske zot. Zot kapav servi MBC ek bann thatwa, lelektora inn pare pou regle so kont ar zot. Pena perdi pou atann. Pravind Jugnauth li kone ki pe atann li ».

Dans le camp du Parti Travailliste, avec le leader Navin Ramgoolam montant au créneau , les parlementaires s’interrogent sur la meilleure formule pour acculer politiquement le Premier ministre dans cette affaire relevant de « haute trahison ». « Nous nous posons la question pour savoir si nous devrons boycotter la séance des PQs adressées au Premier ministre. Aucune décision n’a encore été prise. Pravind Jugnauth est dans la même situation que Yogida Sawmynaden, Raj Dayal pour ne pas dire Ivan Collendavelloo, qui a été révoqué pour moins que cela. Dans le cas de MT, il y a des direct evidence de haute trahison. Il n’y a qu’à analyser les téléphones cellulaires de ceux concernés », se demande le président du Parti Travailliste, Patrick Assirvaden.

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