Parlement : Pravind Jugnauth ne s’en remet qu’à sa police

 Il juge “non seulement superflu mais totalement injustifié”
le Select Committee réclamé par le leader de l’opposition

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Xavier Duval brandit des copies de correspondances adressées à l’ancien CEO de MT où il n’est aucune part question de “survey”

Immigration Bill : Reza Uteem dénonce les pouvoirs que s’octroie le PM pour décider qui peut être considéré comme Mauricien

On l’aura bien compris ! Pravind Jugnauth a décidé de ne s’en remettre qu’à sa police dans l’affaire des accusations de “sniffing” et de l’intervention d’une tierce partie sur le câble SAFE à Baie Jacotet le 15 avril, exercice qui, rappelons-le, a duré six heures. Le Premier ministre a ainsi rejeté la demande du leader de l’opposition pour la mise sur pied d’un Select Committee parlementaire pour faire la lumière sur toute cette affaire.

Les échanges étaient, par moments, très vifs durant la Private Notice Question, le Premier ministre ayant, dans sa réponse, liminaire, décidé de dénoncer ce qu’il appelé “l’hystérie de l’opposition”. Cette  façon d’élever la voix a poussé Xavier Duval à lui lancer “The Prime minister should know that his arrogance does not impress me at all”.

Pour embarrasser Pravind Jugnauth, le leader de l’opposition a ainsi brandi les correspondances du 21 octobre et du 22 décembre 2021-quand le Premier ministre avait affirmé ne pouvoir déposer sur la table de l’Assemblée nationale le 5 juillet dernier au motif qu’il avait tout remis à la police et a dit les avoir parcourus et n’avoir vu aucune référence à un “survey”.

Pravind Jugnauth a, de son côté, insisté que l’ancien CEO était au courant qu’il y aurait un “survey” mais, le chef de l’opposition a opiné que si les accusations de Sherry Singh ont jusqu’ici été très précises, le Premier ministre, lui n’a fait qu’entendre le flou…

Répondant à côté, le Premier ministre a dit qu’il avait dû lui-même se tourner vers la police parce que les preuves de Sherry Singh ainsi que le “tsunami” se faisaient attendre.

Il a ensuite parlé d’une “montagne qui n’a même pas accouché d’une souris mais de l’air” avant de faire des comparaisons qui se voulaient amusantes mais qui n’ont fait rire personne à part un ou deux de ses back benchers. “Ils sont en train de monter kadadak pour le moment, but let me tell this House one thing. There will come a time when they will not want to be the jockey, they will want to kill the horse itself”.

Tout ça avant de dire que la lettre du 12 avril faisait bien mention d’un “survey mission”. Réplique du leader de l’opposition pour réitérer sa demande de Select Committee: la lettre du 12 avril est introuvable et il s’agirait d’un “fake”.

Cela a amené Xavier Duval à évoquer l’autre lettre, celle du 2 juillet rédigée par le Chief Technical Officer qui a été l’objet d’une fuite organisée dans la presse et, se demander si ce document a été écrit sous contrainte, au Prime Minister’s Office.

Au lieu de répondre de manière très précise, Pravind Jugnauth a invité le leader de l’opposition à répéter ses allégations en dehors de la chambre et à ne pas se cacher derrière l’immunité parlementaire pour lancer de telles assertions. “Pour tirer tout ça au clair pourquoi vous ne mettez pas sur pied ce Select Committee? “ a insisté Xavier Duval qui a demandé de quoi le Premier ministre avait peur.

Piqué au vif, le PM répondra qu’il n’a peur ni du leader de l’opposition, ni de l’alliance de l’espoir ni de ceux qui dénigrent des gens qui font des prières à Grand Bassin. Pour lui, un Select Committee et des débats sur le rapport qui en sortira ne serviront que de prétexte pour un nouveau “show et des blablabla”.

Une enquête policière est en cours et il incombera au directeur des poursuites publiques de décider éventuellement de la marche à suivre, a expliqué le chef du gouvernement, ce qui a suscité une réaction du leader de l’opposition soulignant que personne ne pense qu’un chef du CCID recruté par lui sous contrat va mener une enquête sur les faits et gestes du PM.

Xavier Duval va ensuite évoquer un certain G.M, un spécialiste des câbles qui a rédigé un rapport juste après le 15 avril et qui a raconté ce qui s’y était passé et a demandé au Premier ministre de le rendre public. Il n’y a pas de rapport, a affirmé Pravind Jugnauth  qui a parlé “d’allégations frivoles”.

Venant à la rescousse du Premier ministre, Sooroojdev Phokeer va insister auprès du leader de l’opposition pour qu’il dépose, lui, le rapport mentionné. L’interrogatoire pressant de la présidence devait agacer Xavier Duval qui lui demandera “who are you to ask me a question… who are you?”. “I am the Speaker” répond le président de séance.

Pas intimidé du tout, la réplique du leader de l’opposition sera encore plus cinglante : “Go and read the Standing Orders: you have no questions to ask me. This is the Prime Minister’s Question Time! This is not the leader of the Opposition Question Time!” Ce qui a cloué le bec à Sooroojdev Phokeer.

Poursuivant avec ses questions supplémentaires, Xavier Duval a voulu savoir si le Conseil des ministres a été mis au parfum de ce problème de sécurité nationale et des démarches initiées à Baie Jacotet. Les délibérations de cette instance ne peuvent être divulguées, a répliqué Pravind Jugnauth pendant que Sooroojdev Phokeer demandait au leader de l’opposition pourquoi il était en train de “bully” le chef du gouvernement.

Le Prime Minister’s Question ne sera pas moins animé puisque la toute première inscrite au nom du député du MMM Reza Uteem portait sur le National Security Advisor.

Dans ses réponses, Pravind Jugnauth a indiqué que le titulaire Kumaresan Ilango a des diplômes en droit et en chimie et qu’il a travaillé au sein de la police indienne et a aussi occupé de hautes fonctions de recherche et d’analyse dans le secteur de la sécurité.

Répondant aux questions supplémentaires du député sur le mode de sélection du titulaire et s’il y a eu des vérifications effectuées sur ses états de service, le PM a dit que c’est pour donner suite à une demande faite auprès du gouvernement indien que son nom a été proposé et qu’il a été retenu.

Déplorant que Maurice se tourne vers un étranger pour sa sécurité nationale 54 ans après l’indépendance, Reza Uteem a aussi demandé à Pravind Jugnauth s’il est au courant que “Mr Ilango was India’s Spy Agency War Station Chief in Sri Lanka, and that he had to be recalled because allegedly he was accused of engineering a political combination against the Party in power?”

Si le PM a d’abord dit ne pas être au courant pour ensuite évoquer des “rumeurs”, le député a, lui, voulu savoir si c’est ce National Security Advisor qui l’a conseillé d’ordonner à Sherry Singh d’autoriser des étrangers à avoir accès au câble SAFE à Baie Jacotet. Réponse : il y a une enquête policière sur tout ça.

Shakeel Mohamed a, lui, demandé si c’est bien le même National Security Advisor qui était aux Maldives en mars dernier pour discuter de la cybersécurité. C’est une question à laquelle le chef du gouvernement n’a pu répondre n’étant pas en présence du dossier.

C’est après une question d’un membre de sa “shouting brigade” Vikash Nuckcheddy quant aux raisons pour lesquelles on ne devrait pas recruter un National Security Advisor indien et des remarques “Why not a mauritian?” de Shakeel Mohamed que le Premier ministre a commencé à s’énerver et à demander, à son tour, “Why not an Indian, what have you got against India?”. Et de dénoncer ceux qui, dans l’opposition, versent dans un “India bashing”.

Plus calme la question suivante sur la commission d’enquête sur l’ancienne présidente Ameenah Gurib-Fakim venant du député du MMM Deven Nagalingum qui n’a pas encore produit de rapport. Le PM a fait la genèse de cette commission qui a commencé ses travaux en 2018 pour les boucler en janvier 2020 et a tenu à dire que c’est la présidence qui a institué cette enquête indépendante et que personne ne peut s’ingérer dans sa manière de fonctionner.

Insistant sur le délai de quatre ans, le député du MMM a aussi rappelé que cette affaire a une portée constitutionnelle et qu’il est temps que le rapport soit rendu public. Le gouvernement n’a pas de contrôle sur les travaux de la commission, a dit Pravind Jugnauth qui a annoncé qu’il touchera un mot au président de la République qui pourra à son tour s’en enquérir auprès de l’ancien chef juge Asraf Caunhye.

A une question d’Osman Mahomed sur le rapport du Chief Technical Officer sur le “survey” de Baie Jacotet, le PM a déclaré qu’il y a une enquête policière et que ce CTO a affirmé qu’il n’y avait pas eu de “sniffing”.

Le député du PTr a révélé que la fameuse lettre du CTO qui ne porte pas l’entête de MT du 2 juillet a été adressée au président du board qui n’est autre que le secrétaire au cabinet lui-même, mais le Premier ministre qui avait de la peine à cacher son courroux a dit que tout ça nest du “rubbish”.

Démontrant qu’il a résolument pris de nouvelles habitudes, le Premier ministre a répondu à une quatrième question, celle de Franco Quirin sur les agents du Muvman Liberater  appréhendés avec un kilo de cannabis à Roches Brunes. Pravind Jugnauth a déclaré que les personnes incriminées ont déjà été expulsées du ML et qu’une d’elles était très proche d’un candidat du PMSD.

Coté texte, le Academy of Design and Innovation a été voté suivant les interventions des ministres Stephan Toussaint, Deepak Balgobin, Leela Devi Dookun-Luchoomun et le résumé des débats par le ministre Sunil Bholah.

Place ensuite à l’Immigration Bill piloté par le Premier ministre qui a justifié la présentation de ce texte par l’évolution des échanges sur les réseaux sociaux et du nombre de rencontres effectuées et celui d’étrangers débarquant à Maurice pour épouser des nationaux, ce qui a contribué à faire augmenter les mariages blancs.

Pravind Jugnauth a expliqué que dorénavant un étranger qui épouse un Mauricien devra avoir résidé sous le même toit que son conjoint pendant deux ans et qu’il pourra au bout de cette période faire une demande de permis de résidence.

Reza Uteem, le premier intervenant sur ce texte a, d’emblée, déploré que pas grand-chose n’ait été dit sur la destitution de la nationalité par le seul bon vouloir du Premier ministre et sans qu’il n’ait à donner la moindre raison pour sa décision.

Pire, a-t-il souligné, c’est que la victime d’une telle décision “shall not be subject to any appeal or review in any court”. C’est la discrétion absolue et une décision irrévocable, s’est indigné le député mauve.

Perfide, Reza Uteem a cité des passages de l’intervention d’Alan Ganoo en 2019 très critiques sur les amendements à l’Immigration Act en relation avec l’affaire du pilote Patrick Offmann. Evoquant les intérêts de la famille et des droits de l’enfant qui risquait de pâtir de cette loi, le député a dit que l’opposition ne la votera pas.

Après l’intervention de la ministre Fazila Jeewa-Daureeawoo qui a, tant bien que mal, essayé de défendre ce texte et celle du député de Rodrigues Joseph Buisson Leopold, le chef de file du PTr Arvin Boolell s’est également adressé à la chambre pour dénoncer la “cruauté” du MSM avec son bilan négatif de la déportation de la Sri lankaise enceinte et du pilote belge Patrick Offmann. C’est le règne de l’arbitraire, a-t-il dit.

A l’issue de la participation au débat de Teena Jutton, les travaux ont été ajournés à mardi prochain.

Mardi prochain—“Sniffing” : l’opposition ne lâche pas le Premier ministre

Il aura, cette semaine encore, fort à faire pour contenir les assauts de l’opposition qui a, visiblement, décidé de ne rien lâcher dans l’affaire de “sniffing”. Si le Premier ministre n’est pas soumis à une nouvelle Private Notice Question sur cette affaire, ce qui serait surprenant, il aura quand même à confronter les interpellations sur l’intervention d’une tierce partie à Baie Jacotet.

Après une première question de Kenny Dhunoo sur le voyage médical de Navin Ramgoolam qui risque de durer avec les supplémentaires attendues de ses collègues, place aux questions de l’opposition sur l’affaire Sherry Singh.

C’est Osman Mahomed qui ouvrira le bal avec une question pour Pravind Jugnauth demandant s’il n’y a pas eu infraction des accords avec le consortium SAFE avec l’intervention d’une tierce partie sur le câble de Baie Jacotet.

Nando Bodha va prendre le relais pour interroger le chef du gouvernent sur  l’équipe qui s’est rendue à Baie Jacotet le 15 avril, sa composition, les competences professionnelles de ses différents membres, leur appartenance à des entités publiques ou privées, la durée de leur séjour et si elle a soumis un rapport sur le “survey” effectué.

Osman Mahomed reviendra à la charge avec une question sur l’implication du board de MT et la décision de son président Nayen Koomar Ballah de téléphoner à l’ancien CEO Sherry Singh.

Patrick Assirvaden va aller droit au but et demander au Premier ministre combien de fois l’ex Chief Technical Officer Girish Guddoye a été convoqué au Prime Minister’s Office, le détail des rencontres organisées et l’identité des personnes qui y ont assisté.

Son collègue Arvin Boolell aura une question similaire sur les visites du CTO de MT au PMO durant ces trois derniers mois. Patrick Assirvaden aura aussi une autre question sur le financement de la visite des techniciens indiens ainsi que leurs compétences techniques.

Ritesh Ramful voudra lui savoir un peu plus sur les menaces à la sécurité nationale évoquées par le Premier ministre, leur nature, l’identité des informateurs, la date à laquelle il en a discuté avec le Premier ministre indien et si tout cela est lié à la sécurité maritime dans l’océan Indien.

Ehsan Juman a une interrogation plus directe sur la visite à Baie Jacotet. Il demandera à Pravind Jugnauth si, lors de la visite à Baie Jacotet, l’équipe de techniciens indiens a procédé à la saisie de données et si cela est mentionné dans un quelconque rapport.

Les autres questions pour le Premier ministre portent sur des sujets comme la censure du message de Transparency Mauritius par la MBC (Patrice Armance), la violence et les vols à Vallée des Prêtres (Joanne Tour), les responsables du naufrage du Sir Gaëtan (Reza Uteem), le favoritisme à Air Mauritius (Patrice Armance), des travaux d’amélioration au poste de police de Triolet (Rajiv Woochit), le cas des réfugiés tamouls de Diego Garcia (Joanna Bérenger), les cas de Prakash Maunthrooa, de Dick Ng Sui Wa et l’affaire Soopramanien Kistnen (Rajesh Bhagwan), la falsification de cartes d’identité (Osman Mahomed) et le transfugisme ( Farhad Aumeer).

Les sujets qui seront abordés avec les autres ministres concernent la fermeture de Building and Civil Engineering Ltd (Reza Uteem), le contrat de pub avec Liverpool et les cas de harcèlement sexuel au casino de Curepipe (Franco Quirin), le vol commis au même casino ( Kenny Dhunoo), la pénurie de gaz dans certaines régions (Ritesh Ramful).

A l’item projets de loi, poursuite des débats sur l’Immigration Bill, examen du Mauritius Food Standards Agency Bill et le Finance (Miscellaneous Provisions) Bill 2022 pour donner force de loi aux mesures budgétaires et qui sera présenté en première lecture par Renganaden Padayachy..

 

Refus de répondre à la question de Joanna Bérenger — La réplique à KKS: “Dormi ou bien zoure!”

l Zahid Nazurally: “The reason you have put forth for not replying is not a valid reason!”

Grosse animation durant le Question Time dans l’après-midi de ce mardi avec la ministre de l’Egalité du Genre et du Bien Etre de la Famille refusant de répondre à une question de la députée Joanna Bérenger sur le “country profile 2021-2027” de la SADC “until this Member tenders her unconditional apologies to this entire nation…. she has no moral right to sit in this House.

Une posture qui a provoqué des réactions très vives des bancs de l’opposition et du MMM en particulier. Franco Quirin a été le premier à donner de la voix “dir to anvi dormi!”. Il sera vite rejoint par Paul Bérenger qui ajoutera “dormi ou bien zoure!”.

Le Deputy Speaker Zahid Nazurally qui présidait alors les débats est intervenu pour essayer de ramener le calme et dire qu’il est là pour appliquer les Standing Orders. Tandis que des voix dans la majorité réclamaient des excuses, Zahid Nazurally a invité Joanna Bérenger à poser des questions supplémentaires “you can try to put”.

“Malheureusement c’est le peuple qui n’a pas droit à ces réponses. C’est le peuple qui est perdant aujourd’hui” a déclaré, avec un calme olympien la députée du MMM. Les invectives ont continué à fuser de part et d’autre pendant que le Speaker invitait la députée à poser des questions supplémentaires. Réponse logique de l’intéressée “but she has not answered!”

Un échange stérile qui s’est conclu par un député qui a insisté sur le fait qu’elle ne faisait que son travail de poser des questions et qui en a rajouté une couche en disant “instead of sleeping”. Elle a été interrompue par des accusations de communalisme au point où Zahid Nazurally a dû suspendre la séance.

A son retour au perchoir, le Deputy Speaker a bien nuancé sa déclaration :”Allow me to impart my ruling to you. Honourable Minister, according to Standing Orders 21 to 25, you are under a duty to reply, and the reason you have put forth for not replying is not a valid reason that holds ground under the Standing Orders. However, Standing Orders also do not allow me to insist upon you answer the question. In the circumstances, if you are maintaining your position not to reply, I cannot force you to reply”

Il s’est tourné une nouvelle fois en direction de Joanna Bérenger pour lui demander si elle avait des supplémentaires mais sa réponse n’en été pas moins directe “mais elle n’a pas répondu ! How can I ask supplementary question? C’est complètement illogique, M. le président”.

Il faut souligner que le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal avait, plus tôt, répondu à une question supplémentaire de la même députée sur les problèmes au centre de cancérologie de Solférino, l’ancien site de Medpoint.

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