– Environ 180 électeurs et trois centres de votes tandis que l’atmosphère tranquille dans l’archipel contraste avec l’ambiance bouillante à Maurice
Contrairement à l’ambiance électorale fiévreuse qui a enveloppé le pays depuis l’annonce de la date du scrutin du dimanche 10 novembre, à Agaléga, aucun signe n’est visible à l’effet que les habitants s’apprêtent à se rendre aux urnes. Mais détrompez-vous, car ils ne sont pas indifférents aux Missie Moustass Leaks qui dominent l’actualité et bouleversent les Mauriciens. Les Agaléens suivent avec grand intérêt les émissions radiophoniques consacrées à ces élections et restent eux aussi connectés à leurs cellulaires pour ne manquer aucune des dernières nouvelles de la campagne relayées sur les réseaux sociaux.
À 24 heures de l’ouverture des bureaux de vote, les habitants de l’archipel vaquent à leurs occupations quotidiennes dans le calme, suivant leur routine habituelle. Toutefois, ils s’interrogent sur l’avenir de leur Ti Zil avec l’installation d’un nouveau gouvernement dans quelques jours. Une question revient sur toutes les lèvres : « Eski nou lavi pou meyer ? »
Les habitants de l’archipel sont inscrits dans la circonscription de Port-Louis Maritime/Port-Louis Est (No 3). À ce jour, environ 180 électeurs (hormis les fonctionnaires en service dans l’archipel), et la plus âgée d’entre eux a 84 ans, sont concerné par le vote. Ces électeurs sont répartis dans trois centres de vote situés, soit au Village-25 et à La-Fourche sur l’île du Nord, ainsi qu’au village Sainte-Rita sur l’île du Sud.
Les urnes et les bulletins de vote ont été acheminés en priorité, hier matin, à bord de l’avion de la National Coast Guard, en présence de deux officiers de la Commission électorale, qui veilleront également au bon déroulement des élections demain. Les centres de vote à Agalega seront ouverts de 6h à 10h.
Là-bas, aucune réunion politique n’a été organisée par les principaux blocs, ni d’exercice de porte-à-porte des candidats, ce qui aurait permis aux habitants d’interroger directement ces derniers sur l’avenir d’Agalega et de s’exprimer sur leurs principales doléances. « Depi 9 mwa nou finn gagn enn zoli lapis laterisaz ki bien gran ek enn nouvo lepor… Me nou lavi pa finn sanze ! Tou nou bann problem ki nou pe kriye depi komie banane ankor lamem ! », s’énerve un père de famille.
En effet, la mise en service des nouvelles infrastructures portuaires et aéroportuaires n’a pas apporté de changements notables à la vie des habitants concernant certains problèmes quotidiens. Que revendiquent les habitants d’Agalega depuis des lustres, et dont Le-Mauricien a fait état maintes fois ? Rien d’extravagant ni de coûteux pour le gouvernement. Leurs doléances concernent des questions de la vie ordinaire, qui auraient certainement amélioré leur qualité de vie. Comme l’obtention de titres de propriété pour leurs modestes maisonnettes; la construction urgente de nouveaux logements sociaux pour résoudre le problème de promiscuité croissante dans plusieurs familles; un système éducatif adapté aux réalités de l’archipel; la formation des jeunes dans divers domaines; un service de santé moderne et plus efficace, répondant aux nouveaux besoins de la population.
Mais encore la création d’emplois pour résoudre le problème croissant du chômage chez les jeunes; la création d’espaces de loisirs pour combattre l’oisiveté des jeunes; un programme d’activités pour les personnes âgées; la restructuration de l’usine de fabrication d’huile de coco pour en faire une industrie moderne et productive; ou encore une présence régulière de travailleurs sociaux et de psychologues pour accompagner la population face à l’émergence de nouveaux problèmes sociaux.
Dans le cadre du scrutin de demain, les habitants d’Agalega n’affichent pas ouvertement leurs préférences politiques. Cependant, lorsque certains jeunes évoquent avec colère des difficultés récurrentes, notamment liées à l’emploi, ils confient qu’ils souhaitent un changement à la tête du pays, mais ne révèlent pas davantage leur choix. « Nou koze ant nou e nou pass bann ti mesaz pou sa eleksyon-la », se contentent-ils de répondre.
Dans les foyers et entre voisins, les habitants s’interrogent aussi sur leur avenir : « Ki plan sa prosin gouvernman-la ena pou Agalega ? Eski nou pou kontign viv dan nou Ti-Zil, ou eski nou bann zanfan pou oblize vinn Moris pou gagn travay ek enn ti lakaz ? » Ce cri de cœur lancé par les Agaléens, citoyens de la République de Maurice, à 1 122 km de là, sera-t-il entendu par les futurs Honourable Members, et en particulier par leurs prochains représentants, à l’Assemblée nationale ? L’avenir le dira…