Officialisé Speaker après Phokeer : il faut sauver le soldat Adrien Duval

Que faire d’Adrien Duval? La question a été source de multiples réflexions au sein du PMSD. Pour cause, le fils du leader des bleus, Xavier-Luc Duval, se retrouve embourbé dans une polémique majeure. Le poste de Speaker offert par le gouvernement, ce jeudi 18 juillet, pourrait le sauver politiquement du marasme d’impopularité dans lequel il est plongé.

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Avant cette nomination au temple de la démocratie, Adrien Duval avait été avisé de ne pas se présenter comme candidat aux élections générales à venir, le temps que de l’eau coule sous les ponts. Que les répercussions de l’accident qu’il a provoqué à hauteur d’Ebène soient minimisées.

Sa réputation avait, cependant, déjà subi des coups. En 2019, Adrien Duval s’était représenté dans la circonscription No 17, qui l’avait précédemment élevé en tête de lice, en 2014. Mais cinq années plus tard, il est rejeté par l’électorat de Curepipe/Midlands.

C’est la douche froide pour le jeune homme. Décontenancé et accroché à son téléphone portable, ce dernier avait quitté le centre de vote en promettant notamment que « sa pa pou fini koumsa ».

Quelques instants plus tard, des badauds du PMSD avaient débarqué pour confronter les partisans du MSM et de la Plateforme Militante, venus respectivement en soutien aux élus Kenny Dhunoo et Steve Obeegadoo.

Aux abords du centre de dépouillement, hormis des pics verbaux, aucun incident majeur n’avait éclaté.

Dans les artères de Curepipe, les mandants reprochaient à Adrien Duval son absence dans la région, une fois les portes du parlement ouvertes. Ce n’est qu’à la veille des élections qu’il avait accéléré les déplacements dans la localité. Or, son sort était déjà scellé.

« Pa mwa sa, li sa ».

En 2022, le petit-fils du PMSD avait, au volant de sa voiture, violemment percuté un autre véhicule sur l’autoroute. Face à la police et au Mauricien en cette nuit fatidique, Adrien Duval avait déclaré n’avoir pas été le conducteur.

Il avait désigné comme bouc émissaire son ami William Martin, également présent dans le véhicule. Ce dernier avait gardé le silence, alors qu’il était embarqué par la police.

De son côté, Adrien Duval s’était éloigné à pied du lieu de l’accident, avant qu’une voiture noire ne s’arrête à sa hauteur, et qu’il disparaisse à l’intérieur.

Sa version initiale, il l’avait rétractée par la suite, confirmant être le conducteur. Il avait toutefois refusé de se soumettre à quelconque test d’alcoolémie. Adrien Duval avait, par conséquent, été placé en détention policière, avant de recouvrer la liberté après une traduction en cour.

Des charges provisoires ont été portées contre lui, dont la majorité tient toujours à ce jour, notamment pour avoir provoqué des blessures – sur l’autre conductrice – et refusé des alcootests.

Les vidéos d’un Adrien Duval, la langue lourde après cet accident, ont circulé sur les réseaux sociaux. L’ancien Deputy Speaker et ex-député s’était retrouvé au centre de vives critiques populaires.

« Manz banann par de bout ».

Malgré le temps écoulé, la réputation du petit-fils prodigue du PMSD n’a été remise sur les rails. En témoigne un de ses posts sur sa page Facebook, comportant une citation philosophique. Ladite publication a été enlevée pour avoir généré multitude de commentaires négatifs à l’encontre d’Adrien Duval.

Lors des tractations en vue d’une alliance entre le PTr, le MMM et le PMSD, Adrien Duval est pointé du doigt pour avoir entamé en parallèle des discussions avec le MSM et ses alliés, soit les partis au pouvoir.

L’incapacité des bleus a trouvé un terrain d’entente avec l’opposition parlementaire, couplée aux discussions avec les adversaires politiques, contribueront à un échec de leur adhésion à l’alliance PTr/MMM.

Parmi les rangs du PMSD, le marchandage avec le MSM – imputé à Adrien Duval – divise profondément.

Ainsi, une fois que le PTr et le MMM annoncent renoncer aux tentatives d’alliance avec les bleus, plusieurs lieutenants quittent le navire. Comment s’allier à ceux contre qui ils se sont opposés durant des années? Trop de couleuvres doivent être avalées.

Deux députés, Kushal Lobine et Richard Duval, démissionnent du PMSD pour créer leur parti, Nouveaux Démocrates. Ils seront rejoints par la présidente de l’aile féminine, Véronique Leu-Govind, ainsi que d’autres membres historiques du PMSD.

Au parlement, seuls restent Xavier-Luc Duval et Patrice Armance, député de la circonscription No 1. Le premier nommé a été, depuis, retrogradé des premiers rangs, pour se retrouver parmi les sièges arrière.

Pour faire face à ces déconvenances, les bleus affichent dans les médias d’autres têtes populaires mais non élus, notamment Mamade Khodabaccus et Aurore Perraud, ancienne ministre. Il incombe de maintenir sa place comme formation prioritaire de l’île.

Back to reality.

Depuis le départ du PMSD du gouvernement en 2016, en vue de stopper une loi contraignante pour le Directeur des poursuites publiques et la démocratie, Xavier-Luc Duval a, pour longtemps, occupé le poste de leader de l’opposition.

C’est d’ailleurs le leader du PMSD qui avait assuré la suppléance quand Arvin Boolell s’était rétracté pour quelques mois, en raison de son état de santé.

En occupant ce haut poste dans les rangs parlementaires, le PMSD et Xavier-Luc Duval ont confronté le gouvernement et Pravind Jugnauth à de multiples polémiques. Le leader du PMSD a mis en lumière de scabreux scandales, dont les sombres tractations gouvernementales durant la Covid-19.

Xavier-Luc Duval s’est opposé à la main mise du gouvernement sur des institutions indépendantes, a condamné la lenteur des enquêtes embarrassantes pour le pouvoir, a dénoncé le gaspillage de fonds publics… Tout cela, en affrontant un Speaker, qualifié par l’opposition de « goalkeeper » de la majorité – voire « d’agent politique » du MSM.

La réputation des bleus brillait alors. Cependant, celle-ci reposait majoritairement sur le poste de leader de l’opposition. Xavier-Luc Duval était, chaque semaine, au-devant de la scène à embarasser le gouvernement, tant au parlement que lors de conférence de presse.

L’illusion d’une popularité grandissante de l’ensemble du parti a trompé beaucoup, même dans leurs rangs. Le rappelle à la réalité intervient à l’échec de l’accord avec le PTr et le MMM.

Avec l’abandon des négociations auprès des partis de l’opposition parlementaire, Xavier-Luc Duval a soumis sa démission comme leader de l’opposition. Esseulé, le PMSD n’est plus sur le front de l’actualité.

A la place de tenir ou participer à un meeting le 1-er Mai, comme les autres formations politiques importantes, le PMSD a préféré inviter ses adhérents à une journée porte-ouverte à l’ancienne demeure de leur tribun, Gaëtan Duval.

Will you marry me?

Dans les coulisses, différents scénarios d’alliance sont étudiés. Dans une déclaration à lemauricien.com, Mamade Khodabaccus a confirmé qu’il est « suicidaire » pour le PMSD de se présenter seul aux élections générales.

Des discussions interviennent avec Nando Bodha, député et ministre démissionnaire du MSM. Xavier-Luc Duval est également pris en photo avec Patrick Belcourt, leader du parti de l’opposition extra-parlementaire, En Avant Moris.

En parallèle, l’accord probable avec le MSM se dessine peu à peu. Jean-Michel Lee Shim, financeur du MSM et magnat des jeux d’argent ayant étendu son business sous le règne de Jugnauth, se retrouve écarté. Xavier-Luc Duval ne le porte point dans ses bons papiers.

Pour cause, le PMSD s’oppose au « Lover Boy » du gouvernement (comme qualifié par Arvin Boolell), jugé responsable du détricotage du Mauritius Turf Club et des courses hippiques à Maurice.

L’autre point noir demeurait le Speaker, maintes fois confronté et vertement critiqué par Xavier-Luc Duval, comme leader de l’opposition. Les critiques de la population contre le Speaker ont, semble-t-il, joué en sa défaveur. Une opportunité se présente pour le PMSD.

Il faut le reconnaître, Adrien Duval a montré des qualités certaines en tant que Deputy Speaker. L’accord du PMSD avec le MSM le conduit désormais au poste de Speaker, Sooroojdev Phokeer ayant soumis sa démission, avec son état de santé avancé comme raison officielle.

Pour le leader du PTr, Navin Ramgoolam, la démission du Speaker Phokeer fait partie de « l’accord avec le MSM ». Les temps qui viennent répondront aux spéculations d’alliance orange et bleu.

De son côté, Adrien Duval pourrait redorer son blason et, de plus, réapparaître au-devant de l’actualité. Une aubaine certaine pour son avenir politique.

Du rejet de l’électorat au coeur du temple de la démocratie, l’opération « Save Private Duval » se déploie avec succès.

Un parachutage à point nommé sur le front, qui génère déjà moult critiques.

Il faut sauver le soldat Adrien Duval, à quel prix?

 

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