L’ex-président malgache Marc Ravalomanana a condamné samedi l’expulsion de sa femme Lalao vers Bangkok la veille alors qu’elle tentait un retour à Madagascar, mais le chef de la Transition Andry Rajoelina a dénoncé une « provocation » menaçant, selon lui, les pourparlers en cours entre les deux rivaux.
« Une fois de plus, le régime en place à Madagascar a montré qu’on ne peut pas lui faire confiance », a-t-il déclaré dans un communiqué.
« Ma femme ne fait pas de politique, elle n’a jamais été condamnée, pourquoi est-ce qu’elle n’aurait pas le droit de rentrer? Andry Rajoelina ne respecte pas les droits de l’homme », a-t-il ajouté par téléphone depuis l’Afrique du Sud à l’adresse d’un millier de partisans, réunis dans les ruines de l’un de ses anciens magasins d’Antananarivo.
M. Ravalomanana a ajouté qu’il allait porter plainte auprès de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), l’organisation régionale qui tente une médiation pour sortir le pays de la crise où il est plongé depuis qu’il a été chassé du pouvoir par M. Rajoelina en 2009.
Ce dernier a pour sa part dénoncé vendredi soir dans une déclaration de son bureau un retour non autorisé qui était, selon lui, « une provocation ».
Pour le président de la Transition, « Marc Ravalomanana a encore torpillé le processus de sortie de crise en se servant, cette fois-ci, de sa propre épouse elle-même, Mme Lalao Ravalomanana », affirmant qu' »un tel retour n’a même pas été évoqué (…) aux Seychelles ».
« Cet acte de provocation prouve inéluctablement que son commanditaire, en l’occurrence M. Marc Ravalomanana, ne pense guère à rétablir la sérénité à Madagascar », a jugé Andry Rajoelina.
Sommés de s’entendre avant le 31 juillet par la SADC, MM. Rajoelina et Ravalomanana se sont rencontrés mardi et mercredi aux Seychelles. Ils ont convenu de se revoir dans les prochains jours, l’ultimatum ayant été repoussé au 16 août.
« Je ne cherche pas mon intérêt personnel. Je veux juste des élections libres, démocratiques, reconnues par les Nation unies et l’Union européenne, auxquelles chacun pourrait se présenter, en laissant le peuple malgache faire son choix », a encore souligné l’ex-président malgache depuis son exil sud-africain.
Marc Ravalomanana affirme dans son communiqué que son rival lui avait donné aux Seychelles l’assurance que sa famille serait « protégée » à Madagascar.
Il ajoute les voyages familiaux devaient rester discrets, si bien que leur fils Tojo –présent à Madagascar depuis plusieurs mois– devait seul rencontrer Lalao Ravalomanana à l’aéroport. Ce qui n’a pas empêché les principales personnalités de son camp de s’y rendre pour accueillir l’ancienne première dame.
Mme Ravalomanana et Gergena, épouse bulgare d’un autre fils du couple, ont, d’après lui, été « malmenées » et embarquées manu militari sans argent ni visa dans le premier avion en partance pour l’étranger, en l’occurrence Bangkok. Les deux femmes ont dû être examinées à l’hôtel de la zone de transit de la capitale thaïlandaise, poursuit le communiqué de l’ancien président.
« Hier, la femme de Josoa Ravalomanana, fils du président, (elle-même) de nationalité bulgare et portant un passeport de l’Union européenne, a été brutalisée par les forces de l’ordre. Nous en avons les preuves par des vidéos, et nous allons bien sûr porter l’affaire devant la justice », a expliqué Hanitra Razafimanatsoa, l’avocate de M. Ravalomanana.
MADAGASCAR: L’ex-président Ravalomanana condamne l’expulsion de sa femme, Rajoelina menace
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