« Le conseil des ministres l’a pris à contre-pied. Pas de baisse de prix des produits alimentaires »
Résiliation du bail du MTC : « Money politics pou kapav organiz eleksion »
Face à la presse, hier matin, les dirigeants de l’Entente de l’Espoir ont axé leur intervention sur le pouvoir d’achat en baisse des foyers, et ce, malgré les subsides annoncés, et la résiliation du bail du Mauritius Turf Club par la mairie de Port-Louis.
Réagissant sur la décision du cabinet, vendredi dernier, pour appliquer des subventions sur certaines denrées alimentaires, l’Entente de l’Espoir est d’avis que le gouvernement ne devrait pas s’en vanter. Cette mesure, ont rappelé les dirigeants de la plateforme, ne vise pas à baisser les prix des denrées de première nécessité. « Lor anviron 40 000 item ki ena dan sipermarse, gouvernman pe bat lestoma pou ofer enn sibvansion lor 300 item selman », a déclaré le leader de l’opposition et du PMSD, Xavier Duval. Le ministre du Commerce, Soodesh Callichurn, en a pris pour son grade samedi matin. « Il est de plus en plus perdu dans ses dossiers », a relevé Xavier Duval.
« Le conseil des ministres l’a pris à contre-pied. Contrairement à ce qu’il a dit, les Rs 150 millions des subventions vont maintenir et non baisser les prix des produits alimentaires », a ajouté ce dernier. Le leader du MMM, Paul Bérenger, n’a lui pas mâché ses mots à l’égard du ministre Callichurn. « Il a fait une déclaration pour annoncer la baisse des prix. Mais il n’en a jamais été question. Callichurn est soit un parfait crétin ou il essaye d’embêter la population. C’est écrit noir sur blanc, le conseil des ministres a approuvé des subsides pour prévenir une hausse des prix. Callichurn aurait dû partir du GM ».
«GM pe zwe ar dife »
Quant aux médicaments, Xavier Duval a rappelé que l’OMS et la Competition Commission avaient établi des mesures pour empêcher l’augmentation brutale de leur prix, mais le GM a choisi d’appliquer un contrôle sur 15 produits pharmaceutiques, alors qu’il y en a 4 800 dans les pharmacies. Pour le leader de l’opposition, le GM se perd dans les mesures « ki li pe aplike a drwat, a gos » sans ligne de conduite. Néanmoins, la plateforme de l’opposition se félicite d’avoir attiré l’attention du GM sur la précarité de la situation des Mauriciens.
Elle dit suivre de près le dossier de l’électricité. Pour l’Entente de l’Espoir, la décision de Terragen Ltd d’arrêter la production d’électricité ne sera pas sans conséquence. Répondant à une question de la presse à ce sujet, Paul Bérenger est d’avis que le GM ne mesure pas l’impact de cette décision sur le long terme et en a profité pour blâmer l’ancien ministre de l’Énergie, Ivan Collendavelloo, pour les torts causés au CEB. « Il a fait dépenser des millions pour l’importation de natural gas et le GM l’a toléré », a déclaré Paul Bérenger, en rappelant que l’énergie naturelle prendra du temps. « Il n’y a aucune réflexion sur l’énergie. À cause des effets du Covid-19, il n’y a pas de risques de rupture en énergie… pour le moment. Sa gouvernman-la pe zwe ar dife », a regretté ce dernier.
Faire comme les Seychelles
Xavier Duval a d’emblée décrié la gestion économique du GM pendant que la classe des travailleurs traverse une période difficile. « C’est un GM coupé de la réalité » a-t-il dit. Reconnaissant que le contexte international ne joue pas en faveur de l’économie locale, le leader de l’opposition estime que « les gaspillages records » par le GM ont empiré la situation. La perte du pouvoir d’achat et l’appauvrissement des Mauriciens demeurent la priorité de l’Entente de l’Espoir, a-t-il insisté. « La grande majorité des Mauriciens travaillent pour survivre et non pour vivre. Le travail devrait être un moyen vers l’épanouissement et non seulement une source de revenu pour nourrir sa famille », a avancé le leader de l’opposition
Et c’est dans cette optique que la plateforme a réitéré ses propositions pour rétablir le pouvoir d’achat des Mauriciens, notamment : l’augmentation substantiel du salaire minimum, l’utilisation des fonds injectés à la Mauritius Investment Corporation et non investis pour venir en aide aux PME, une révision à la hausse et avec effet immédiat de la pension universelle de Rs 9 000 à Rs 11 000, et la baisse de la taxe sur le prix du carburant. S’agissant de ce dernier point, Xavier Duval a expliqué que « le price structure de l’essence comprend des items injustifiés, dont la construction of petroleum facilities. » Et de faire ressortir, « plus d’un milliard de roupies ont été collectées depuis 2015 sur l’essence pour la mise en place de ce projet, alors que le GM n’a dépensé que Rs 50 millions sur le oil storage de Mer Rouge. On peut même dire que cet argent a été amassé de manière illégale puisqu’il n’a pas été utilisé. »
Citant l’exemple des Seychelles, des Maldives et de l’Afrique du Sud, le leader de l’opposition a réclamé le rétablissement de la valeur de la roupie sur celle de l’avant-Covid-19. Si ces pays ont pu rétablir la valeur de leur monnaie respective, Maurice, a-t-il expliqué, en est aussi capable. « La raison principale pourquoi on ne serait pas en mesure de le faire c’est parce qu’on a dévalisé et gaspillé les fonds de la Banque de Maurice », a indiqué Xavier Duval.
Organisation des courses
C’est Nando Bodha, leader du Rassemblement Mauricien, qui a longuement commenté sur la résiliation du bail du MTC par la municipalité de Port-Louis. Il a dénoncé l’accaparement de la piste du Champ de Mars par un système mafieux « avec l’aide de la GRA, la Horse Racing Division, la municipalité de Port-Louis, le bureau de l’Attorney General et le PMO. » Il a parlé de la « ramification entre Lee Shim et le PMO pour humilier et tout faire pour évincer le MTCSL Ltd » du Champ de Mars. « Le legal betting selon nos informations varie entre Rs 50 millions et Rs 100 millions par journée. Avec 35 journées, ce sont des milliards de roupies qui sont en jeu. Et les paris illégaux représentent trois fois plus cette somme. Le plus grave est que SMS Pariaz n’est pas relié au serveur de la MRA. Sa ve dir ki se Lee Shim ki vinn anonse landemin lekours komie dimounn finn fer betting ek montan betting. Il y a une taxe de 14% sur ces paris. Quant à l’argent non déclaré, le montant est énorme, soit des millions chaque semaine. Be kot sa larzan sal-la ale ? Kisann-la ki pran sa larzan-la ? Ki fer ek sa larzan-la ? C’est là qu’on comprend mieux la ramification politique pour la mainmise sur l’organisation des courses hippiques […] pour créer des millions de roupies afin d’influencer les élections. Lerla ki nou konpran money politics pou kapav organiz eleksion, partaze a-gos, a-drwat pou benefis parti ki o-pouvwar. »
Nando Bodha a rappelé les objectifs premiers de la HRD et de la GRA en tant qu’instances régulatrices. « Mais aujourd’hui, on se sert de ces régulateurs pour imposer un système afin de mieux contrôler ce business qui génère entre Rs 8 MD à Rs 10 MD », a déploré ce dernier. La plateforme de l’Espoir a aussi exprimé sa solidarité avec les 350 employés du MTC/MTCSL lesquels se retrouvent depuis dans l’incertitude. De son côté, le leader de l’opposition a imputé la résiliation du bail du MTC au lord-maire. « L’argent sale, de la drogue, la corruption, l’argent des courses hippiques sont en train de tuer notre démocratie. Si zot resi touy Champ de Mars e MTC, e ki zot dimounn pran relev, danze-la pou vinn ankor pli gran », a de son côté, ajouté, Paul Bérenger
Déportation : rôle de l’EDB questionné
Roshi Bhadain, leader du Reform Party, est revenu sur l’expulsion du Slovaque Peter Uricek, mardi dernier, malgré une décision de la Cour suprême. Roshi Bhadain, qui a condamné le non-respect d’une décision du judiciaire, s’est néanmoins interrogé sur la présence du Slovaque sur le territoire depuis 2018 alors qu’il était recherché dans son pays. « Comment un international drug smuggler a obtenu un permis de l’Economic Development Board (EDB) pour s’installer à Maurice ? Ki due diligence in’nn fer o-nivo EDB pou oktrway sa permi-la ? En 2019, Interpol a émis un red notice contre cette personne. Interpol aux Casernes centrales n’aurait pas dû informer EDB ? Ou le PMO ? Qui a fauté ? Le Premier ministre n’était pas au courant de l’ordre de la Cour suprême ? Enn pei pa kapav roul koumsa ! Le Premier ministre n’a pas le droit de garder le silence sur cette affaire. Ni le judiciaire, sinon ce sera extrêmement grave pour le rule of law et la démocratie », a insisté Roshi Bhadain.