Tapeur d’infirmier, imposition de la présence de son épouse dans une délégation officielle, mais aussi…
Déni de son passé politique dans le giron du PMSD, instigateur du renvoi de Manisha Jooty de la MBC et agitateur stérile et ridicule au Parlement
Kenny Dhunoo, c’est la GenNext du Sun Trust dans toute sa splendeur. Celle dont l’arrogance est proportionnelle à une ignorance patente, celle dont la petitesse d’esprit est égale au manque cruel de culture politique et de culture tout court, celle qui est capable de toutes les mesquineries et d’abus pouvoiristes juste parce qu’elle vient de goûter au confort d’un simple siège de député de la majorité gouvernementale dont on sait à quel point il peut se révéler aussi éphémère qu’éjectable.
L’illustre inconnu, hormis de ceux qui l’ont côtoyé durant ses années de collège au Sookdeo Bissoondoyal State Secodnary School ou à l’Université de Maurice, était le candidat de la dernière minute du MSM à Curepipe/Midlands.
Un élu improbable que seul une lutte à trois a pu propulser à la députation, et encore! Que 139 voix le séparaient du candidat de l’alliance PTr/PMSD, Adrien Duval, arrivé en 4e position. Lorsqu’on émerge dans ces conditions, on devrait avoir une obligation d’humilité et de retenue. Oh que non, pas pour Kenny Dhunoo !
Ce député est capable de débiter des contre-vérités sur son parcours, tout en refusant d’assurer son passé. Invité sur une radio privée, il avait nié toute association antérieure avec le PMSD mais, confronté à des clichés le montrant arborant un polo bleu en compagnie d’Adrien Duval, lors d’un congrès du PMSD à l’école hôtelière, il retrouvera partiellement la memoire en prétendant que ce sont certains membres de sa famille qui ont des accointances avec le parti de Xavier Duval. Déjà le faux…
Le député du MSM nommé Government Deputy Whip, Kenny Dhunoo a, dès ses premiers pas dans l’hémicycle, commencé à se prendre pour un terrible. Les Standing Orders à peine assimilés, le voilà qui se pose en grand donneur de leçons des us et coutumes de l’Assemblée nationale.
Ce qui n’a pas empêché l’agitateur stérile et ridicule d’être expulsé, en août 2021, par le “Loudspeaker” Sooroojdev Phokeer, pourtant toujours très indulgent vis-à-vis de ses camarades de parti du Sun Trust ou d’être rappelé à l’ordre, quelques mois plus tard, en novembre, par le Deputy-Speaker Zahid Nazurally.
Son profil type correspond bien au MSM de l’ère Pravind Jugnauth. Ce sera lui, avec quelques autres comme Vikash Nuckcheddy ou Bobby Hureeram, qui montera toujours au front lorsqu’il s’agit de basses besognes visant les adversaires du leader.
La notion du back bencher – quand bien même issu de la majorité, mais ne tombant pas aux pieds de sa hiérarchie et qui aurait une réflexion indépendante – est inconnue au bataillon new look du Sun Trust. Des béni-oui-oui à la pelle toujours partants pour chanter les louanges du “grand leader”.
C’est, donc, sans surprise que c’est lui qui a posé la toute dernière question sur les frais du déplacement en Inde de Navin Ramgoolam atteint du Covid. Une interpellation qui a donné l’occasion à son chef de déblatérer sur Veena Ramgoolam et qui a été à la base de la suspension de trois députés travaillistes, Shakeel Mohamed, Patrick Assirvaden et Mahen Gungapersad.
Crime de lèse-Majesté
Lorsqu’il n’est pas en train d’essayer de faire l’intéressant à l’Assemblée nationale, il lui arrive aussi de s’immiscer dans les affaires de la municipalité de Curepipe et de marquer de sa présence les réunions du Conseil municipal. Le dernier venu sur la scène politique se pose déjà en propriétaire de Curepipe.
C’est cette attitude qui, de nouveau, s’illustra le 10 décembre 2021, jour où Kenny Dhunoo écrivit à la direction de la MBC pour se plaindre du comportement de la journaliste Manisha Jooty dont le crime de lèse-majesté aurait été de ne pas avoir, la veille, recueilli les impressions du député sur le site du tramway à l’occasion d’une sortie des ministres Ganoo et Obeegadoo sur le chantier.
La journaliste fut suspendue, la direction de la boîte de propagande du MSM étant toujours très prompte à montrer qu’elle sait se plier aux caprices des membres de la majorité.
Entre comité disciplinaire et pressions tant internes qu’externes, la journaliste, qui comptait une vingtaine d’années d’expérience, finit par jeter l’éponge et négocier un bon de sortie sous la forme d’un retrait définitif, contre une compensation de Rs 2,3 millions.
Comme il n’en finit pas de se faire remarquer, la participation de Kenny Dhunoo à une délégation de jeunes députés en Inde, ces derniers jours, se révèlera tout aussi épique. Il commence par s’auto-proclamer chef de délégation et imposera son épouse, alors que les invitations avaient été lancées à titre individuel.
Au lieu de faire profil bas pour s’être infiltré dans la délégation de jeunes politiciens mauriciens, l’épouse de Kenny Dhunoo, qui s’est présentée en tant que Reema Chattaroo, est intervenue de manière intempestive dans les débats, ce qui n’a pas manqué de créer de l’embarras pour les initiateurs de ce programme.
D’autres incidents encore moins reluisants ont également émaillé ce séjour dans la Grande Péninsule au point où d’autres membres issus de la majorité gouvernementale ont dû intervenir pour qu’il n’y ait pas plus de fracas.
Et c’est pendant qu’il jouait au grand pétaud en Inde que l’incident de la clinique Wellkin, appuyé par une vidéo plus qu’explicite, a surgi. On y voit le député du Sun Trust, ne portant pas de masque, bousculer un infirmier, un ressortissant indien, juste parce que celui-ci lui rappelait qu’il devait passer par le comptoir du triage pour savoir quels médecins voir et quels soins prodiguer à son épouse.
Alors que sa démission est réclamée et que ses explications sont attendues, le député a présidé un rassemblement du MSM, vendredi, sans que ni lui ni aucun autre orateur n’ait eu le moindre mot à dire sur cet incident qui défraye la chronique. Il y a des silences qui en disent long…