L’atmosphère tendue au sein de la classe syndicale, avec l’animosité grandissante depuis plusieurs mois entre certaines figures de proue, se confirme avec un 1er-Mai 2013 sous forme de désunion. En effet, les célébrations syndicales se dérouleront cette année en ordre dispersé avec les deux principaux blocs, soit le collectif 1er-Mai et le trio General Workers Federation/Joint Negotiating Panel/Rezistans ek Alternativ, rassemblant leurs troupes respectivement à Beau-Bassin et à Réduit, sans oublier les activités en solo d’autres fédérations syndicales.
Depuis au moins 2006, la tradition voulait que les principaux mouvements syndicaux se donnent rendez-vous à la Place Taxi, Beau-Bassin, à l’occasion du 1er-Mai, pour se réapproprier la fête du Travail et par conséquent envoyer un signal fort aux formations politiques traditionnelles. À l’initiative du syndicaliste Jack Bizlall, le comité organisateur devait être constitué, à l’époque, de la General Workers Federation (GWF), du Front Progressive Union (FPU), de la Federation des Travailleurs Unis (FTU), de la Confédération des Travailleurs du Secteur Privé (CTSP), du Muvman Premye Me et de Rezistans ek Alternativ. Mais les tractations depuis ces derniers mois autour de la révision de l’Employment Relations Act et l’Employment Rights Act, sur fonds de divergences et de guerre ouverte entre syndicalistes, sont vraisemblablement l’une des principales causes de cette cassure dans le cadre de cette présente fête du 1er-Mai.
Du côté de la GWF et du Joint Negotiating Panel (JNP), bénéficiant de l’appui de Rezistans ek Alternativ, on confirme qu’il est définitivement impossible dans la conjoncture de se retrouver ce mercredi sur la même plate-forme que le Collectif 1er-Mai, dont un des partenaires est la CTSP, malgré l’appel des membres organisateurs pour l’unité. « Les délégués n’approuvent en aucun cas que certains syndicalistes comme Jane Ragoo n’ont pas remis en question les dispositifs fondamentaux du droit de grève et de la négociation collective au cours des tractations pour amender les lois du travail. Nos visions de la lutte en faveur de la classe ouvrière sont tellement différentes que, par conséquent, nous ne pouvons pas nous retrouver ensemble le 1er-Mai. Cette unité aurait dû se faire quand nos représentants ont été arrêtés devant le Parlement le 18 décembre dernier. D’ailleurs, les représentants de Rezistans ek Alternativ ont exprimé leur désaccord sur la façon dont certaines choses se sont déroulées. Kan ou fine partisip dan canpayne phycose ansam avek minis, ou pa kapav atane ki travay pou cautione ek blyer seki fine passé », soutient avec force Ashok Subron, animateur GWF/JNP, dans une déclaration à Week-End.
Compte tenu de ce fossé de plus en plus grandissant, les syndicalistes du tandem GWF/JNP se sont engagés en solo dans une importante campagne de mobilisation à l’intention des travailleurs de différents secteurs économiques en vue de ce rassemblement à partir de 9 h 30 à Octave Wiehe, Réduit. Depuis au moins deux semaines, les tracts de cette aile syndicale ont été circulés avançant dix raisons pour se rallier avec force à la cause GWF/JNP. L’une des principales raisons misent en avant par les syndicalistes sont les nouvelles lois du travail « répressives » chapeautées par le ministre Mohamed. Des décisions importantes devront être également entérinées ce mercredi concernant les négociations en cours dans l’industrie sucrière et le transport entre autres.
De son côté, la CTSP, qui sera présente à Beau-Bassin, récuse l’nformation que les désaccords syndicaux sur les amendements de Shakeel Mohamed ont joué un rôle important dans la prise de décision du duo GWF/JNP de tenir un rassemblement séparément. « C’est le 16 mars dernier que nous avons pris connaissance que la GWF fera bande à part pour le 1er-Mai contrairement à la tradition depuis 2006. Cette décision nous a choqués, y compris Jack Bizlall. A okenn moma nou pa fine dir kiksoz lor banla, nou pena okenn reprose pou fer zot. Bien au contraire, nous avons toujours maintenu que l’unité syndicale est primordiale surtout dans la conjoncture », fait ressortir Jane Ragoo de la CTSP. « Toutefois, nous avons mené notre campagne de mobilisation comme il se doit. Me peu importe ki syndika ou été fer enn manyere ki ou presan avek ou syndika. Que ce soit à Beau-Bassin avec le Collectif 1er-Mai où à Réduit avec la GWF », poursuit la syndicaliste.
Dans la conjoncture, les célébrations syndicales du 1er-Mai seront marquées par une certaine désillusion compte tenu du sérieux revers subit il y a quelques semaines avec le ministre Mohamed remportant la bataille des amendements aux lois du travail. Ainsi, tout semble indiquer que la principale cible des deux principaux blocs syndicaux pour leurs rassemblements mercredi sera le ministre du Travail et des Relations Industrielles Shakeel Mohamed. Dans le camp GWF/JNP/Rezistans ek Alternativ, les syndicalistes ne parviennent toujours pas à digérer les amendements apportés par le ministre et appellent donc aux travailleurs de se mobiliser en masse à Réduit pour « montrer leurs désapprobations aux lois répressives qui sont en faveur du patronat ». À Beau-Bassin, Jane Ragoo indique que la CTSP compte « expliquer aux travailleurs ki nou fine gagner ek ki pa fine gagner are sa nouvo lalwa-là. Nous dénoncerons aussi les promesses non-tenues par le ministre Shakeel Mohamed ».
FÊTE DU TRAVAIL : Les syndicats en ordre dispersé pour le 1er-Mai
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