La sécurité et la production alimentaire sont au centre des préoccupations des membres du mouvement Rezistans ek Alternativ (ReA). Selon Michel Chiffone, Maurice « ne peut plus importer de produits alimentaires alors qu’elle peut en produire ». Lors d’une conférence de presse à Moka, il a demandé au gouvernement « d’accorder des aides financières à des planteurs », en particulier aux jeunes, « pour les encourager à se tourner vers le secteur agricole ». Il propose entre autres la création d’une banque agricole, la prise en charge de l’allocation des certificats bio par le ministère de l’Agro-industrie, évitant ainsi aux planteurs de débourser la somme « exorbitante » de Rs 70 000.
Pour le militant Michel Chiffone, les jeunes veulent faire carrière dans le secteur agricole mais « le gouvernement ne leur accorde aucune aide » pour les encourager, surtout en ce qui concerne la culture bio. Michel Chiffone indique que les planteurs doivent débourser Rs 70 000 pour obtenir un certificat pour le label « bio ». Il dit trouver cette somme « exorbitante », estimant que le ministère de l’Agro-industrie « pourrait trouver une formule pour certifier lui-même les produits bio ».
Concernant la chenille légionnaire, Michel Chiffone estime que le gouvernement a failli dans ses responsabilités car cette invasion « aurait pu être évitée s’il avait pris l’alerte de la Food and Agricultural Organisation (FAO) en considération ». De plus, il fait ressortir que la situation par rapport à la sécurité alimentaire à Maurice est « alarmante ».
Il explique : « Selon les derniers chiffres du Bureau des Statistiques de Maurice, la production locale des légumes est passée de 106 000 tonnes en 2017 à 96 000 tonnes en 2018. La tendance pour les viandes, le poulet et le mouton, entre autres, est presque la même, passant de 90 tonnes en 2017 à 78 tonnes en 2018. Nous importons 80% de nos produits alimentaires. » Et d’ajouter que le coût de l’importation des produits alimentaires en 2016 s’élève à Rs 36,4 milliards. Michel Chiffone est d’avis que le gouvernement pratique « une politique délibérée » pour favoriser les importateurs.
ReA avance donc dix propositions au gouvernement pour rebooster le secteur alimentaire à Maurice : le pays peut solliciter l’aide de la FAO pour mettre sur pied un système de surveillance contre la chenille légionnaire; l’introduction d’un plan financier ou d’une subvention pour soutenir les planteurs locaux; une aide financière aux planteurs de produits bio; une banque agricole pour faciliter les démarches des planteurs; une subvention aux planteurs qui ont des terres abandonnées afin qu’ils redémarrent la culture et un plan pour les aider à pratiquer l’agro-solaire; un endroit pour la conservation des légumes; une subvention pour les éleveurs; renégocier les contrats de pêches; mettre en place une flotte de bateau pour encourager les Mauriciens à aller pêcher; et la création de cinq nouveaux “dairy” pour la production de lait.
Pour ce qui est de la fête du Travail, Rezistans ek Alternativ prévoit une marche, qui débutera à 9h30 à l’église de Saint Jean pour finir vers 14h au Belle-Rose Spiritual Park. Le thème qui sera retenu à cette occasion est « Drwa travay, lanatir nou lavi ». ReA invite le public à venir participer et d’apporter des banderoles pour une marche égalitaire. Selon Manjusha Coogan, membre de ReA, d’autres organisations, comme la General Workers Federation, le Joint Negocation Panel et le CARE, se joindront à cette démarche. Et de préciser que c’est un événement “bring and share”.