Les prétendants se poussent du col dans l’espoir de faire partie de la liste des candidats de l’Alliance du Changement qui prendront part aux élections municipales, prévues le 4 mai 2025. Il y a un peu moins d’enthousiasme au sein des blocs adverses, hormis du côté du Reform Party (RP), qui entend aligner des candidats dans les cinq villes, et l’En Avan Moris (EAM) de Patrick Belcourt, qui rêve de jouer les trouble-fête à Beau-Bassin/Rose-Hill. En pleine turbulences après sa déculottée aux dernières législatives, l’Alliance Lepep, amputée du PMSD, continue de brouiller les cartes quant à son prochain move sur l’échiquier politique. La question d’une éventuelle participation à cette joute électorale n’a d’ailleurs pas été évoquée lors de la rencontre qui a eu lieu il a une dizaine de jours entre Pravind Jugnauth et Ivan Collendavelloo. Le PMSD continue de panser ses plaies après la débâcle du 11 novembre. Xavier Duval, qui s’active à défendre bec et ongles l’image du parti, n’est pas chaud à l’idée d’envoyer au combat, quand bien même certains de ses lieutenants ont un avis contraire sur la question.
15 juin 2015. Les mines sont défaites du côté des partisans et des candidats battus du MMM, avant même la proclamation officielle des résultats des élections municipales qui accoucheront finalement d’un 120-0 en faveur de l’alliance MSM-PMSD-ML. C’est la liesse dans les rues. On pavoise, alors que les plus enthousiastes ironisent sur l’absence, à ce scrutin du PTr, en eaux troubles après sa défaite surprise aux législatives de novembre 2014. Remis en selle, le MMM, flanqué de ses alliés, piaffe d’impatience d’en découdre, 10 ans après cette défaite au goût amère. « Nous avions entrepris de grands projets pour les villes sœurs durant notre mandat qui a débuté en 2012, mais c’était sans compter cette défaite inattendue de 2015 qui nous est restée en travers de la gorge. On savait qu’on pouvait faire mieux que ceux qui nous ont supplantés. Le fait que le MSM ait renvoyé ces élections à trois reprises, pour des raisons fallacieuses, nous a coupés l’herbe sous les pieds. Notre heure est venue. L’Alliance du Changement redonnera à Beau-Bassin/Rose-Hill ses lettres de noblesse », confie Sindy Christian, ex-conseillère mauve entre 2012 et 2015, classée 7e au Ward 1 lors de la dernière joute.
Les grands vainqueurs de 2015, en revanche, ne semblent pas faire grand cas de cet exercice démocratique. Le MSM fera-t-il l’impasse sur ces élections, comme l’avait fait le PTr en 2015, six mois après avoir mordu la poussière aux législatives ? Une participation à ce scrutin pourrait constituer une nouvelle station sur le chemin de croix du parti soleil et de ses alliés, à la lumière des résultats du 11 novembre 2024 qui, à en croire un ex-député, « laisse peu de place au doute sur ce que décidera Pravind Jugnauth. »
« Synonyme d’un véritable suicide politique »
Les poignées de main chaleureuses entre l’ancien chef de l’État et le leader du ML, Ivan Collendavelloo, qui se sont rencontrés récemment, n’ont pas occulté le fait que les fractures et les tensions sont loin d’avoir disparu, d’autant que Steven Obeegadoo et Alan Ganoo de Linité Militan (LM), semblent avoir disparu des radars. Nos recoupements d’informations indiquent qu’en l’absence des deux derniers nommés, une éventuelle participation au scrutin de mai n’était pas au menu des pourparlers entre Ivan Collendavelloo et Pravind Jugnauth. « Les discussions ont tourné autour de la nécessité de resserrer les rangs et de repartir du bon pied, sauf qu’on a la tête sous l’eau », souligne une source.
Quid des bleus ? Si peu d’informations avaient fuité jusqu’ici sur la participation ou pas du PMSD à cette joute électorale, des membres du parti ont décidé de couper court aux spéculations en se confiant sans langue de bois. « Au PMSD, en tant que parti démocratique, chacun a droit à une opinion. Il y a une aile au sein du parti qui souhaite qu’on attende la fin de l’état grâce dont bénéficie le gouvernement avant de prendre une décision, mais cette proposition se heurte aux réticences de nombreux membres, dont Xavier Duval lui-même. Croire que l’Alliance du Changement, quoi qu’elle fasse, ne surfera pas sur sa victoire éclatante aux législatives pour infliger un 120-0 à ses adversaires serait se mettre les doigts dans l’œil. Participer à cette élection serait synonyme d’un véritable suicide politique », souligne un cadre du parti. Autre son de cloche du côté d’un conseiller : « Déclarer forfait à ce scrutin serait synonyme d’une grande faiblesse. Nos partisans ont accueilli favorablement la cassure avec le MSM et sont prêts à nous soutenir de nouveau. »
Si c’est la soupe à la grimace au sein de la basse-cour bleue, l’EAM de Patrick Belcourt, après s’être affranchi de la tutelle de Linion Reform, affûte ses armes en officialisant sa participation aux prochaines municipales dans les six arrondissements que compte Beau/Bassin/Rose-Hill. « Je serai moi-même candidat à cette élection », nous a confié Patrick Belcourt. Projeté sur le devant de la scène lors de législatives de 2019, en obtenant 2 966 voix dans la circonscription N°19 (Stanley/Rose-Hill), le leader d’EAM a fait plus que le double de son score (6 373) aux dernières élections, avec le mérite d’avoir devancé le leader du ML, Ivan Collendavelloo (5 722).
Gonflés à bloc, Patrick Belcourt et ses camarades souhaitent peser de tout son poids dans cette joute municipale. Au point d’être un outsider sérieux pour décrocher au moins un siège dans un des arrondissements des villes sœurs où l’Alliance du Changement fait figure d’épouvantail ?
« La ferme intention d’élire des candidats »
Le concerné y croit dur comme fer. « Notre campagne a déjà débuté aux villes sœurs. Nous avons déjà un programme qui sera dévoilé aux citadins. Certes, face à l’Alliance du Changement, la tâche sera ardue, mais nous jouons notre va-tout afin de convaincre l’électorat que enn lot piso kouma dan eleksion zeneral sera néfaste pour le pays et que l’émergence de nouvelles têtes au sein des administrations s’avère plus que nécessaire », souligne Patrick Belcourt.
Si tout porte à croire qu’EAM fera cavalier seul lors de cette échéance électorale, le fait que Bruneau Laurette, leader du mouvement qui porte son nom, ait évoqué la possibilité qu’il sollicite « une rencontre avec Patrick Belcourt ou d’autres dirigeants extraparlementaires », pourrait changer la donne. « Je compte réunir les membres de mon parti la semaine prochaine pour décider de la marche à suivre. Je ne serai pas candidat, mais on a en notre sein des personnes dynamiques et compétentes dans les villes. On évoquera la question de savoir si on participera à ces municipales et si une alliance est envisageable », soutient Bruneau Laurette.
Dev Sunnasy : « Du 50-50 »
Après avoir clamé haut et fort qu’il prenait un long congé politique après son échec aux législatives, le leader du Reform Party (RP), Roshi Bhadain, est revenu à de meilleurs sentiments en annonçant, hier, lors d’une conférence de presse, que le RP participera bien aux élections municipales avec la ferme intention d’élire des candidats. « La question d’un congé politique ne se pose plus après l’annonce que les municipales auront lieu début mai. Il est important pour la démocratie qu’il y ait un contre-pouvoir. Le peuple a fait le choix d’élire les 60 candidats de l’Alliance du Changement aux législatives et nous le respectons. Sauf qu’un nouveau walk-over aux municipales serait synonyme d’une mainmise totale du pouvoir. Ce serait le chaos. Beaucoup de jeunes issues de l’université, ainsi que d’autres institutions, nous ont contactés en ce sens. Je lance un appel à tous ceux et celles qui veulent bousculer l’ordre établi de prendre contact avec moi. On alignera 120 candidats si on a le nombre de prétendants requis », soutient Roshi Bhadain, qui a annoncé qu’il ne participera pas à ce scrutin.
Après avoir été très actif sur le terrain depuis mars 2022, avec la création de Linion Pep Morisien (LPM), pour ensuite s’allier, entre autres, au Rassemblement Mauricien de Nando Bodha, en 2023, les dirigeants de Linion Moris, après avoir déployé une énorme débauche d’énergie durant la campagne des législatives, ont décidé de mettre leur carrière politique entre parenthèses pour profiter de vacances bien méritées tout en se donnant un temps de réflexion. Reste que la question d’une participation aux municipales sera évoquée dans quelques semaines. « J’ai brièvement évoqué la question des municipales avec les membres de Linion Moris en décembre, car après avoir été au four et au moulin durant trois ou quatre ans, on a tous repris avec assiduité nos carrières professionnelles respectives après de longs jours vacances. On pense se regrouper dans quelques semaines autour d’une table pour se pencher sur les municipales, mais à mon humble avis, une participation relève du 50-50 à ce stade », confie Dev Sunnasy, dirigeant du mouvement.
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Après sa défaite électorale : Le MSM fait sa rentrée politique demain
Le Mouvement Socialiste Militant (MSM) se remet sur les rails après sa défaite aux élections générales de novembre dernier et marque son retour sur la scène politique, demain. Le leader, Pravind Jugnauth, ainsi que tous les candidats battus et sortants qui se sont présentés sous la bannière du parti se réuniront au siège du MSM, au Sun Trust Building, pour une réunion de travail à 16 heures. Ce sera lors de cette rencontre que le MSM établira son calendrier pour 2025, du moins pour les mois à venir. Quant à la première sortie publique du MSM, elle sera certainement débattue lors de cette réunion.
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Advisers au DPM : Un trio pour conseiller Paul Bérenger
Depuis que le Deputy Prime Minister Paul Bérenger a constitué son trio advisers, ces derniers ont déjà épluché plusieurs dossiers depuis la première semaine de janvier. Si Vijay Makhan, diplomate de carrière, et l’anthropologue et linguiste Daniella Bastien ont été les premiers nommés senior adviser et adviser, respectivement, au bureau du Premier ministre adjoint, l’avocat Kishore Pertab a complété l’équipe il y a quelques jours. Ancien directeur du personnel à La Sentinelle Ltd et enseignant, Kishore Pertab a en charge le dossier Policy and Strategy. C’est dans son cabinet, qu’il a depuis délaissé, que la Junior Minister à l’Environnement, Joanna Bérenger, a fait ses armes comme avocate. De son côté, Vijay Makhan apportera ses conseils sur des dossiers de diplomatie internationale, commerce, coopération régionale et politique étrangère. Ancien Foreign Secretary et secrétaire général adjoint de l’Organisation de l’unité africaine, il a également été commissaire à l’Union africaine. Quant à Daniella Bastien, elle est conseillère en communication. Elle a été responsable de ce dossier pour le MMM pendant la campagne électorale de 2019, soit un an après son adhésion au parti. Elle a, ensuite, apporté son expertise à la cellule de communication des mauves, lors des dernières législatives de 2024.