Échiquier politique — Opération Savat Dodo : Jugnauth’s Crumbling Twin Towers

   Le Central Bank Governor of the Year (Africa) passe de la BoM Tower à la Moka Detention Cell avec transit au Jet Prime Lounge à son retour de voyage vendredi    Deux cautions de Rs 250 000 et Bond de Rs 5 M pour Harvesh Seegoolam, hier, avec d’autres arrestations annoncées dans la Pulse Analytics Saga (Rs 48 M) et ses faux sondages électoraux en faveur du MSM    Padayachy, African Leadership Award of the Finance Minister, cité en première ligne d’un complot allégué pour escroquerie de Rs 400 M au préjudice de la MIC dans l’Ambre Hotel Deal    Le SFO à Londres approchée pour approfondir des Dubious Transfers de 48 M d’euros en date du 5 juin 2023 à travers la UBS de Zurich    Relance à la vitesse grand V des enquêtes à la Telecom Tower avec la démission du CEO Kapildeo Reesaul à la veille du Nouvel An

En ce début d’année 2025, les tours jumelles de la capitale, en l’occurrence celles de la Banque de Maurice et de Mauritius Telecom, minées par des scandales à répétition sous le gouvernement de l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth, se sont transformées en political crumbling towers. C’est le cas de le dire avec la confirmation du passage du Central Bank Governor of the Year (Africa) de 2023 de la BoM Tower à une nuit au Moka Detention Centre avec un transit au Jet Prime Lounge du Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport ce vendredi 3 janvier. Ce premier dossier à charge porte sur la Pulse Analytics Saga des faux sondages électoraux en faveur du MSM de Pravind Jugnauth contre un pactole de Rs 48 millions, montant puisé illégalement du war chest de Rs 82 milliards de Mauritius Investment Corporation Limited, filiale de la Banque de Maurice.

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Hier, en marge de la comparution de Harvesh Seegoolam devant la Bail and Remand Court pour le délit provisoire de conspiracy to defraud logé par l’Anti-Money Laundering Unit (AMLU) du Central CID contre ce prime suspect, d’autres arrestations et inculpations sont à prévoir. Et ce volet de Pulse Analytics n’est pas l’unique dossier, faisant l’objet d’enquêtes au pénal à l’encontre de l’ancien gouverneur de la Banque centrale.

L’opération Savat Dodo, confiée à l’escouade de l’AMLU du Central CID dirigée par l’assistant Balmick Dussoye, pourrait également déboucher sur une dimension internationale, avec une demande formelle de collaboration logée auprès du Serious Fraud Office à Londres en vue de faire la lumière sur trois versements de 48 millions d’euros opérés dans des circonstances douteuses, dont l’un remonte au 5 juin 2023 par le truchement de la filiale de Zurich, Suisse, de la UBS Switzerland A. G. Dans ce cas précis, Londres et Port-Louis pourront conjuguer leurs efforts en vue d’établir des cas de blanchiment de fonds avec l’engagement d’au moins deux banques mauriciennes mises en cause.

Harvesh Seegoolam, qui avait voulu jouer la montre depuis le notice d’Arrest on Arrival déposé le 14 décembre dernier au Passport and Immigration Office par l’Anti-Money Laundering Unit du Central CID, s’est fait embarquer au Jet Prime Lounge dès son débarquement au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport vendredi matin. Depuis, le plus jeune gouverneur de Banque centrale a été soumis à des séances d’interrogatoire intense au 12e étage de Sterling House.

Pendant un peu plus de sept heures, depuis la mi-journée de vendredi jusqu’à 20h30, Harvesh Seegoolam a dû faire face à un barrage de questions autour des circonstances menant au décaissement de Rs 48 millions (un million de dollars) par Mauritius Investment Corporation Limited en faveur de la société de Big Data, Pulse Analytics, avec pour ultimate holding, Menlo Park Limited, entité qui s’est distinguée au cours de la récente campagne électorale avec des sondages donnant systématiquement l’Alliance Lepep de Pravind Jugnauth gagnant au scrutin du 10 novembre dernier.

Le décaissement du montant des Rs 48 millions suite à des manipulations des minutes of proceedings de la plus haute instance de cette filiale de la Banque centrale, qui avait initialement objecté à tout feu vert, est intervenu le 28 octobre de l’année dernière, soit le même jour que la presse locale, gagnée à la cause électorale de Pravind Jugnauth, relayait les résultats d’un autre sondage en faveur de l’Aliance Lepep. Soit quasiment à la veille des dernières élections et en prévision de la mobilisation des derniers rassemblements politiques du dimanche 3 novembre.

Des recoupements d’informations effectués par Week-End auprès de sources concordantes indiquent que lors de la première partie de l’interrogatoire, Harvesh Seegoolam, qui a retenu les services de Me Ravi Yerrigadoo, a répondu aux questions des limiers de l’ASP Dussoye. Même si dans certains cas il a préféré garder le silence pour éloigner tout risque de self-incrimination dans ce dossier.

Libéré sur parole

Au cours de cet exercice qui a duré jusqu’à 20h30 vendredi, l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice a été confronté à la teneur de l’interrogatoire du Chief Executive Officer de Mauritius Investment Corporation Limited, Jitendra BIssessur, ou encore des éléments du rank and file de la Banque de Maurice. Ces derniers affirment avoir mis à exécution les directives from higher quarters.

En parallèle une perquisition en la résidence de Harvesh Seegoolam dans la soirée de vendredi, les responsables de l’enquête policière étaient en consultations avec l’Office of the Director of Public Prosecutions en vue de décider de la marche à suivre. Et ce fut tard dans la nuit que la décision de maintenir en cellule à la Moka Detention Centre le gouverneur de la Banque centrale fut entérinée.

En fin de matinée d’hier, le suspect Seegoolam a été traduit devant la Bail and Remand Court pour son inculpation provisoire dans ce premier volet de l’opération Savat Dodo. À la Bail and Remand Court, la police avait initialement objecté à la remise en liberté de Harvesh Seegoolam en évoquant trois raisons principales : le risque de fuite, le risque d’interférence avec des témoins et le risque de falsification des documents.

Me Yerrigadoo a immédiatement déposé au tribunal une bail motion pour la remise en liberté provisoire de son client. Il a avancé que l’ancien gouverneur de la Banque centrale était à l’étranger depuis début décembre 2024 jusqu’au 3 janvier. Il ajoute que Harvesh Seegoolam n’a pas pris la fuite en dépit d’une Arrest Upon Arrival émise contre lui. Il a expliqué que l’ex-gouverneur de la Banque de Maurice a déjà consigné son statement à la police. Il dit ne pas partager les appréhensions des enquêteurs sur le risque d’interférence avec des témoins ou documents.

« Lake ferblan »

Avec la demande de Me Yerrigadoo à l’effet que la motion allait être débattue ce samedi même, la magistrate Zeenat Cassamally avait suspendu la séance en vue de permettre à un représentant du Parquet de prendre position en Cour sur la marche à suivre.

Finalement, l’ex-gouverneur de la BoM a retrouvé la liberté samedi, la magistrate accédant à la bail motion. Harvesh Seegoolam devra s’acquitter de deux cautions de Rs 250 000 chacune et signer une reconnaissance de dette de Rs 5 000 000. Comme la caisse est fermée samedi, la magistrate Zeenat Cassamally l’a libéré sur parole.

Il est attendu au tribunal de Port-Louis en ce début de semaine pour compléter les procédures. La Cour lui a imposé d’autres conditions comme résider à une adresse fixe, être disponible pour les besoins d’enquête, l’interdiction de contacter des témoins et se rapporter au poste de police de Floréal entre 6h à 18h quotidiennement.

Me Nataraj Muneesamy, représentant du bureau du Directeur des Poursuites publiques, ne s’est pas aligné sur la position de la police. Il a fait savoir en Cour que le Parquet n’a pas d’objection que Harvesh Seegoolam soit remis en liberté sous caution si la Cour impose les conditions susmentionnées. La police n’a pas contesté cette positon et elle a accepté la décision du DPP. À sa sortie du tribunal de Port-Louis, Harvesh Seegoolam n’a pas souhaité faire de déclaration en affirmant qu’une enquête est en cours.

Dans ce dossier consacré aux Rs 48 millions de la MIC à Pulse Analytics, la société Corporate Support Services, logée à Temple Court, a confirmé avoir « terminated its services as company secretary to the Company, effective October 14, 2024 » ou encore que « CSS emphasizes that it has no knowledge of any corporate transactions, other communication or any involvement between the Company and MIC during its tenure as Company Secretary for the Company. »

Les membres du board de Menlo Park Ltd, qui étaient en désaccord avec le management de Pulse Analytics à ce sujet, ont déjà été entendus par les limiers de l’Anti-Money Laundering Unit du Central CID dans le cadre de cette enquête. La prochaine étape devra voir les bénéficiaires de ces Rs 48 millions être convoqués pour interrogatoire et inculpation, surtout au sujet de leurs liens avec Lakwizinn du Prime Minister’s Office du temps de Pravind Jugnauth en tant que locataire au Treasury Building.

Toutefois, le scandale financier de Pulse Analytics n’est pas le seul lake ferblan pour Harvesh Seegoolam, outre les Rs 8,3 milliards de Non Performing Loans de Silver Bank Ltd, il pourrait être encore entendu dans les transferts mystères de 48 millions d’euros en juin 2023 avec des soupçons d’une vaste opération de money laundering impliquant des banques mauriciennes et étrangères sous le signe de Savat Dodo…

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