Depuis 2016, Jean Hubert Célerine, alias Franklin, (dont le nom n’a été cité que quelquefois au parlement) a effectué plusieurs voyages à l’étranger, a indiqué le Premier ministre, lors de la Private Notice Question de ce mardi 28 mars.
En février 2020, sous le coup d’une interdiction de voyager suite à une affaire de possession de cannabis, Franklin a obtenu un « variation order » de la cour de district de Pamplemousses – avec des conditions – en vue d’effectuer un voyage aux Seychelles, du 20 février 2020 au 23 février 2020.
L’interdiction a par la suite été levée en août 2020 après que le principal concerné a payé une amende.
Avec son passeport mauricien, a précisé le Premier ministre, Franklin a effectué quatre voyages depuis 2016 :
- A Dubaï du 5 mai 2018 au 12 mai 2018
- A Dubaï en octobre 2018
- A Dubaï du 10 juin 2019 au 23 juin 2019
- A Madagascar du 14 décembre 2022 au 14 janvier 2023
Auparavant, le Premier ministre a souligné qu’une affaire de possession de cannabis avait été logée contre Franklin en 2019 par l’ADSU. Le 16 avril 2019, une interdiction de voyager a été retenue en cour de Pamplemousses.
Réunion/Maurice.
Avec l’enquête en cours à La Réunion sur un réseau de trafic de drogue transfrontalier impliquant Maurice – suite à la saisie en 2017 à La Réunion de 147kg de cannabis destinés à Maurice -, les autorités françaises ont demandé, en 2018, à la partie locale d’obtenir des témoignages de Franklin et « J.D. », et ce, dans le cadre d’une commission rogatoire, soit une collaboration entre la justice mauricienne et réunionnaise.
Pravind Jugnauth a informé que des démarches en ce sens ont été entreprises par l’Attorney General. Ainsi, le 2 août 2019, le Master and Registrar de la Cour suprême a « issue an order » requérant la présence des deux individus, le 18 septembre 2019 à 10h00, en vue de recueillir leurs témoignages.
Ce jour-là, leurs versions ont été enregistrées en créole.
Les documents ont été « forwarded » au bureau de l’Attoney General, le 6 janvier 2020. Toutefois, l’AG devait demander que les témoignages soient retranscrits en français.
Le 29 juillet 2020, face au manque de retour de la partie mauricienne, les autorités françaises devaient demander la « closure » de la demande pour une commission rogatoire avec Maurice dans le cadre de cette enquête sur un trafic de drogue transfrontalier.
Vers fin 2022 et début 2023, la presse devait étaler les affaires troubles de Franklin, considéré comme le Roi de l’Ouest, de même que sa condamnation pour trafic de drogue, vers mi-2022, à la Réunion.
Finalement, ce n’est que le 6 février 2023 que l’Attorney Général a adressé un rappel au Master and Registrar pour l’envoi de la version des témoignages en français. Soit quelque trois années plus tard.
La transcription des témoignages sera envoyée le 8 février 2023, a déclaré le Premier ministre.
« Main invisible ».
Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a relevé les commentaires émis par la justice réunionnaise, à travers le jugement rendu dans le cadre de l’affaire Franklin. Pour La Réunion, il n’y a eu « no cooperation » de Maurice dans cette enquête sur un trafic de drogue transfrontalier.
Xavier-Luc Duval a demandé pourquoi les démarches des autorités locales avaient pris toutes ces années et s’il y avait « une main invisible » qui empêcherait le gouvernement de Pravind Jugnauth d’agir rapidement dans une affaire impliquant le Roi de l’Ouest.
« Il n’y a pas de main invisible », a rétorqué le PM, disant agir en toute transparence en relevant les détails de cette affaire. Il a déclaré que des procédures, notamment au niveau judiciaire, doivent être respectées.
Pravind Jugnauth n’a, en outre, divulgué aucun détail de l’avancement de l’enquête de l’ICAC sur ce réseau, entamée il y a sept ans.
Xavier-Luc Duval a, d’autre part, interpellé le Premier ministre à l’effet que l’enquête initiée à Maurice sur Franklin ne concerne que l’aspect de blanchiment d’argent allégué, et non de trafic de drogue, pour lequel il a été condamné à La Réunion.
A cela, le Premier ministre devait demander au leader de l’opposition de venir de l’avant avec des preuves de trafic de drogue par le dénommé Franklin, s’il en avait.
Xavier-Luc Duval a alors relevé que « tout cet argent ne vient pas des paris mais d’activités criminelles ». Puis, il a demandé si un mandat d’arrêt avait été émis contre Franklin.
Le Premier ministre a soutenu qu’Interpol avait émis une notice, mais que Franklin ne pouvait être arrêté à moins qu’il y ait un « extradition request » d’un pays étranger.
Enchainant, le leader de l’opposition a questionné si une demande d’extradition avait été reçue par la partie mauricienne.
C’est à cette question que le Premier ministre a révélé que l’ambassade de France avait envoyé « une note verbale » au ministère des Affaires étrangères, en février 2023, pour l’extradition de Franklin et « JD ».
Plus de détails ici : demande d’extradition de Franklin adressée en février