Le Guide - Législatives 2024

LE DROIT DE VOTE À 16 ANS : Avis divergents au Parti travailliste

Le débat autour de l’octroi du droit de vote à 16 ans est maintenant enclenché. À ce jour, à l’exception du principal parti au pouvoir, le Parti travailliste de Navin Ramgoolam, qui déclare « refuser de s’engager dans ce débat où veut l’entraîner Paul Bérenger » (Nita Deerpalsing, porte-parole de l’aile jeune du Labour, dixit), la plupart des formations politiques réagissent plutôt positivement. Le PMSD, partenaire du gouvernement, trouve que « la proposition est intéressante, mais que les implications doivent encore être discutées. » Le Remake 2000 (MMM-MSM), qui a accaparé l’initiative, se déclare partant pour un droit de vote à 16 ans limité aux élections régionales uniquement (les municipales et les villageoises). Entre-temps, le Mouvement Premier-Mai, formation extraparlementaire à qui revient véritablement le mérite d’avoir lancer l’idée, demande « à faire confiance aux jeunes afin qu’ils puissent remplacer aux plus vite les vieux bonhommes qui s’attachent au pouvoir ».
Pour rappel, le droit de vote est accordé à ceux âgés de 18 ans depuis un changement constitutionnel en ce sens appliqué à partir des élections générales de 1976. Or, lors de la conférence hebdomadaire du samedi 28 septembre dernier, le leader du MMM et partenaire du Remake 2000, Paul Bérenger, a déclaré que « le droit de vote à 16 est un débat très intéressant et que le MMM a commencé à en discuter avec le MSM ». Certes, avait également confié le leader des mauves, la question n’a pas encore été débattue en profondeur au sein de son parti, mais il se dit « personnellement pour que 16 ans soit décrété l’âge officiel donnant droit de vote aux élections régionales à Maurice ». Il s’agira, selon Bérenger, « d’un moyen d’encourager davantage les jeunes à s’intéresser à la politique ». Toutefois, toujours selon le leader du MMM, « une éventuelle décision en ce sens devrait aller de pair avec l’accroissement des moyens octroyés aux collectivités locales en matière d’animation sportive, culturelle et de loisirs ».
À ce stade, Paul Bérenger et le MMM sont pratiquement sur la même longueur d’onde que le Mouvement Socialiste Mauricien (MSM) de Pravind Jugnauth, leur partenaire du Remake 2000. Du moins pour un droit de vote à 16 limité « aux élections régionales ». Pravind Jugnauth a confirmé que « le débat pour le vote à 16 ans a commencé à faire l’objet de discussions au MSM et que chacun aura le droit de s’exprimer dessus. Nous allons laisser tous les partis politiques et les organisations non-gouvernementales donner leurs points de vue sur la question. Il y a effectivement de nombreux pays qui sont passés au vote à 16 ans pour les élections régionales et il y en a même où, non seulement les jeunes de cet âge votent, mais ils se portent aussi candidats ».
Ashok Subron : « Pourquoi pas ? »
Au Parti travailliste, la porte-parole de l’aile jeune, la députée Nita Deerpalsing, soutient que « les avis divergent », Mais, d’un point de vue personnel, Nita Deerpalsing affirme ne pas vouloir du tout que le Parti travailliste s’engage dans « ce débat où Bérenger veut l’entraîner par pure cynisme politique ». « Je ne crois pas du tout que Paul Bérenger lui-même croie dans le droit de vote à 16 ans. D »ailleurs, il ne parle que de voter aux élections régionales et il a attendu que les élections municipales et villageoises soient derrière nous pour lancer le débat en sachant très bien que d’ici là les prochaines élections seront d’abord générales. Le cynisme politique de Bérenger a été évident lorsque, intervenant sur une radio, Steven Obeegadoo a dit « non, non, les jeunes voteront à 16 ans mais ne pourraient se porter candidats.e Pourquoi alors ne devraient-ils pas l’être ? Et puis, moi… je n’y crois pas, mais pour d’autres raisons. Cela veut dire qu’il faudrait également donner le droit de conduire et le droit de se marier aux jeunes de 16 ans ? »
Le PMSD qualifie la proposition « d’intéressante dans la mesure où en limitant le droit de vote aux élections régionales, les jeunes concernés pourraient acquérir de l’expérience politique qui servira plus tard au niveau régional. Toutefois, selon le secrétaire général du parti, « les implications du changement devront être sérieusement discutées ».
Le mouvement de gauche Rézistans ek Alternativ est, pour dire le moins, lapidaire sur la question. « La société juge qu’un jeune de 16 ans est apte à vendre sa force de travail, nous ne voyons pas pourquoi ce jeune ne serait pas apte à voter. Nou pa pé ale dir li kapav ziska al poz kandida. Cet aspect-là, le mouvement n’en a pas encore discuté », précise Ashok Subron, animateur de Rézistans ek Alternativ.

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