Succession d’arrestations abusives de ceux qui osent contredire le pouvoir politique ou encore de le traiter de gopia
Des signes d’intolérance, voire de panique sont de plus en plus visibles venant de l’Hôtel du gouvernement. Cela, en dépit de la pseudo-sérénité affichée en public. Le dernier développement trahissant ce mood dans les couloirs du Prime Minister’s Office n’est autre que le renvoi presque en catimini des élections municipales devant être organisées au mois de juin prochain. Viendront se greffer à cette grave atteinte à la démocratie la série d’arrestations arbitraires et abusives par la police de Pravind Jugnauth de plus d’une dizaine de personnes voulant faire prévaloir leurs droits les plus légitimes et sans aucun excès. Dans un des cas, un habitant des régions hautes des Plaines-Wilhems a été inculpé provisoirement pour avoir osé traiter le maire de Vacoas/Phoenix de gopia.
Loin de couper l’herbe sous les pieds des partis d’opposition, engagés dans des consultations pour une plateform commune, le Premier ministre prive encore une fois un électeur sur deux de son droit légitime d’élire des conseillers dans les cinq villes du pays. Les dernières élections municipales remontent à 2015, avec deux amendements successifs à la Local Government Act pour renvoyer ces consultations populaires urbaines, soit une première fois en raison de l’imminence des élections générales en 2019 et ensuite pour cause de Covid-19 l’année dernière.
La proclamation signée du président de la République, Pritvirajsing Roopun, s’appuie sur l’article 12 (A) (1) de la Local Government Act 2022, avec la pandémie de Covid-19 comme toile de fond pour justifier la décision de prolonger d’une année encore à partir du 14 juin le mandat des cinq conseils municipaux et de leurs édiles. Mais cette raison tombe au meilleur moment pour l’opération Tou Korek Lakaz Mama du ministre Kailesh Jagutpal au sujet de la pandémie.
Les dernières données sanitaires à vendredi dernier faisaient voir que le nombre de décès akoz-Covid a été réduit de manière substantielle pour se retrouver en single-digit zone, soit trois, avec les centres de quarantaine sans aucun patient. Par contre, le nombre de cas actifs dans le communiqué du Conseil des ministres, en l’occurrence 671, est littéralement le double de celui inclus dans le bulletin hebdomadaire de la Santé, soit 330 et 79 cas importés.
Donc, brandir la menace de la pandémie du Covid-19 dans la conjoncture pour renvoyer les élections dans les cinq villes, alors qu’à Rodrigues le scrutin régional avait été maintenu en pleine vague Omicron, ne passe pas. Depuis, les ténors du Sun Trust, de Pravind Jugnauth à Joe Lesjongard, se sont lancés dans un marathon d’explications et de cas précédents pour essayer de se tirer d’affaire.
« Les diksioner koze »
Par contre, dans les rangs de l’opposition, l’on condamne énergiquement le gouvernement pour cette fuite en avant sur le plan de la démocratie. Le slogan à la population des villes est « ankor enn fwa, gouvernma pe kokin ou vot. ». En parallèle, sur le terrain, la campagne d’intimidation politique semble avoir pris le dessus sur les opérations de money politics du MSM avec la débauche des militants. « Aster si to pa ferm to labous, to ferme dan kaso ! » Tel est le nouveau mot d’ordre avec la police passant à l’action.
D’abord, en début de semaine, les quatre habitants de Plaine-Magnien, soit les trois élus du Village Council, Nazim Gurub, président, Vashil Jasray et Cursley Nadal, et aussi Gaarish Boodhun, qui avaient osé réclamer des comptes aux ministres Hurreeram et Toussaint au sujet des causes des inondations au vilage, ont été placés en détention en cellule policière pendant une nuit et ensuite libérés sous caution pour le délit présumé de disturbance.
Presque en même temps, un habitant des Plaines-Wilhems, Sahil Bhandoah, a été arrêté, détenu et inculpé pour avoir traité le maire de Vacoas-Phœnix de gopia sur la place publique. Et Pravind Jugnauth de souligner que « mo pa kapav pronons mwa lor gopia. Mo les diksioner koze. Ena enn lanket ki pe fer. Les li swiv so kour… »
Entre-temps, la police avait interpellé huit personnes en fin de semaine, alors qu’elles tenaient une manifestation pacifique non loin du kovil Amma Tookay, à Camp-Diable, où se déroulait une cérémonie pour marquer le Nouvel An tamoul. La Mauritius Tamil Temple Federation avait invité le Premier ministre en tant que “Guest of Honour”. Ces manifestants voulaient protester contre la politisation du Varusha Pirappu.
Les manifestants, qui avaient été embarqués dans des véhicules de la police à destination du poste de police de Camp-Diable, ont été subséquemment relâchés sans aucune charge. Mais ils doivent se tenir à la disposition de la police en attente des instructions from higher quarters.