La Commission développement durable du MMM s’engage à protéger son whistleblower et attribue au Legal Officer du CEB un rôle crucial dans cette affaire qui implique Rs 5 Md
La Commission développement durable du MMM laisse le soin à l’ICAC de mener une enquête sur le présumé traitement de faveur qu’aurait accordé le CEB à la société Corex Solar en lui attribuant trois projets de fermes solaires alors que celle-ci ne disposerait pas de site au moment de la soumission de son offre en 2022. « Nous n’allons pas cautionner une white washing machine », a déclaré la présidente de la commission, Joanna Bérenger, qui a dit ne pas faire confiance à l’ICAC. La Commission développement durable du MMM, qui détient des documents pour soutenir ses affirmations, s’est engagée à protéger son whistleblower.
« Après St-Louis et l’achat de masques à Rs 200 l’unité, le CEB est touché par un autre scandale », a relevé Joanna Bérenger, avant d’annoncer que « le board du CEB a faussé un appel d’offres en faveur de Corex Solar, une société étrangère. » Tout en livrant la chronologie de cette affaire, Joanna Bérenger a dénoncé les nominations dans des institutions, à l’instar du Legal Officer du CEB, qui aurait joué un rôle crucial dans ce nouveau scandale. Dans le cas de cette affaire, dit-elle, l’ancien Premier ministre adjoint et ex-ministre de l’Énergie « sirman pe trap so vant li pe riye kan li trouve ki kalite frask so sikseser pe fer zordi. »
« Documents pas légitimes »
Joanna Bérenger a expliqué qu’« en mars 2022, il y a eu un appel d’offres pour l’implémentation d’une ferme solaire avec des panneaux solaires photovoltaïques pour quatre projets de 10 MW et trois projets de 30 MW. » Quatre soumissionnaires ont répondu à l’appel d’offres. « La société Corex Solar a obtenu un contrat pour deux projets de 30 MW et un contrat pour celui de 10 MW. Ce qui représente un total de 70 MW équivalant à Rs 5 Md. Li bon kone ki sa konpagni-la pe gagn boukou tipti e gro kontra avek CEB e ki so bann aksioner 100% etranze. Nou pena nanie kont bann etranze. Me kan ou donn kontra a enn firm etranze, li evidan ki li pou rapatriy so bann profi. Nou pa panse ki sa li enn bon stratezi ekonomik. »
L’appel d’offres, a expliqué Joanna Bérenger, stipulait explicitement une condition obligatoire : « Pour décrocher le contrat, la compagnie devait prouver qu’elle disposait déjà d’un site où elle allait implémenter le projet, soit l’installation des panneaux photovoltaïques et leurs batteries. » Toutefois, selon elle, après la signature du Power Purchase Agreement (PPA) entre le CEB et Corex Solar, l’entreprise aurait fait une demande auprès du CEB pour l’autoriser à changer le site ; qu’elle aurait disposé au moment où elle avait répondu à l’appel d’offres de 2022. « Cela veut dire que la société n’avait pas fourni des preuves qui étaient nécessaires en termes de titre de propriété pour bénéficier d’un contrat du CEB », avance Joanna Bérenger. Et de poursuivre : « Non seulement le CEB s’est laissé embobiner par cette entreprise, mais celle-ci a fourni des documents qui n’étaient pas légitimes pour faire croire qu’elle détenait un titre de propriété pour implémenter les projets concernés ! »
Pressions…
Suite à cette demande, le CEB aurait cherché un avis légal auprès d’un Senior Counsel, lequel, a expliqué Joanna Bérenger, « a clairement dit que la société ne peut changer de site. » « Li dir ki CEB pa kapav akespte ki bann-la sanz zot terin. Ki bizin anil kontra-la e demann domaz a sa konpagni-la parski li pa fi’nn respekte enn kondision ki ti ena dan lapel-dof, ki fi’nn ena enn fos deklarasion », dit-elle encore. La présidente de la Commission développement durable du MMM affirme que le Senior Counsel aurait fait comprendre au CEB que s’il accédait à la demande de Corex Solar, l’appel d’offres de 2022 serait faussé. Et qu’il s’exposerait à des poursuites judiciaires par des autres soumissionnaires. Il a fait d’autres recommandations au conseil d’administration.
« Eski larzan
in’nn marse ? »
« Mais, dit-elle, il y a eu clairement des pressions, car au final, le conseil d’administration du CEB a accepté la requête de Corex Solar après les conseils de son Legal Officer : un nominé politique, ancien attaché de presse de l’ex-ministre Ravi Yerrigadoo, qui a outrepassé les recommandations d’un Senior Counsel ! » Joanna Bérenger a rappelé que ce qu’il s’est passé révèle la gestion du CEB « sans capitaine à bord. » « Le CEB n’a pas de directeur général, mais un officer in charge. C’est la pire façon de faire en gestion. Ou pe kre enn pantin, ou pe dir li fer tou se ki minis pe dir ou, kasiet tou magouy lerla ou kapav gagn enn promosion pou vinn General Manager », a insisté Joanna Bérenger.
Réclamant des éclaircissements sur le traitement de faveur accordé à Corex Solar, cette dernière a lancé : « Nou anvi kone kifer sa konpagni-la inn gagn bann faver koumsa ? Eski larzan in’nn marse ? Dapre nou bann ransingnman, gro larzan in’nn marse, parski nou pe koz enn kontra Rs 5 MD. Les responsabilités du conseil d’administration du CEB et le ministre Joe Lesjongard sont engagés ici, ils doivent des explications. Ce n’est pas dans l’intérêt de la population de payer les pots cassés au moment où le CEB aura des comptes à rendre en Cour pour avoir faussé un appel d’offres. C’est ce genre de mauvaise gestion qui a provoqué un déficit de Rs 4 Md au CEB. Kan defisit pou ogmante, zot pou rod ogmant tarif elektrisite, ankor enn fwa se bann konsomater ki pou bizin paye. » Elle a exhorté le ministre de l’Énergie et des services publics, Joe Lesjongard, de ne pas s’appuyer sur le prétexte de « situation d’urgence » pour justifier les recommandations du Legal Officer du CEB.
Joanna Bérenger a demandé aux deux parties concernées d’expliquer le départ, après pression, de deux membres, dont une femme « reconnue pour ses compétences et expériences », du board en juillet dernier. « Zot bizin dir nou ki sa’nn-la inn pran sa desizion-la e dan ki lintere inn fer sa ! » a martelé Joanna Bérenger.
Terrain en renégociation
Actuellement, Corex Solar, selon Joanna Bérenger est en renégociation pour l’obtention d’un terrain à bail « d’une superficie de 1 266 000 m2 » pour faire ses projets. « Li ti dir li ti ena terin. Mais nous avons découvert qu’il n’a pas de terrain ! » a fait ressortir Joanna Bérenger. Cette dernière a aussi expliqué qu’avec la nouvelle donne, Corex Solar est désormais tenu à respecter d’autres conditions. La société a été priée de notamment fournir « un document d’engagement du propriétaire du terrain, soumettre un nouveau plan, signer une clause d’indemnité au cas où les autres soumissionnaires décident de poursuivre le CEB… »
La réaction du CEB
Le CEB a adressé le communiqué suivant à Week-End hier après-midi, en réponse aux déclarations de Joanna Bérenger concernant les appels d’offres pour les fermes solaires.
« Le 18 mars 2022, le CEB avait lancé un exercice appel d’offres international : Request for Proposal for Purchase of Electrical Energy From Renewable Energy Hybrid Facilities. 7 soumissionnaires avaient pris part à cet exercice. En février 2023, les compagnies QaiR et CorexSolar avaient été sélectionnées après l’exercice d’évaluation. Ces deux compagnies étaient les lowest responsive bidders.
« Le CEB voudrait préciser que le 5 avril 2022, soit deux mois avant la fermeture de l’appel d’offres, l’un des sept soumissionnaires, en l’occurrence “Omnicane”, avait formulé une demande de clarification, quant à la possibilité d’un changement de site après la soumission des offres.
« Dans une correspondance du 13 avril 2022,Request for Proposal for Purchase of Electrical Energy From Renewable Energy Hybrid Facilities Clarification no2, adressée à tous les soumissionnaires, le CEB avait répondu positivement à l’option d’un changement de site, à condition qu’il n’y ait aucune modification de l’offre financière et aux points de connexion initialement proposés par les soumissionnaires.
« Après l’exercice d’évaluation des offres reçues, les contrats ont été alloués à CorexSolar et QaiR en février 2023. Le 17 mai 2023, CorexSolar a informé le CEB qu’elle fait face à un problème par rapport au terrain initialement identifié et a proposé un site alternatif et que CorexSolar ne modifierait pas son offre financière et son point de connexion.
« Suite à cette requête de CorexSolar, le CEB a recherché l’avis de son conseiller légal externe. Dans son avis, daté du 28 juin 2023, le conseiller légal externe a soutenu que le CEB pouvait accéder à la requête du soumissionnaire.
« Ainsi, le nouveau site proposé par CorexSolar ne posait aucun problème d’ordre légal, technique et financier au CEB.
« Le CEB a agi en toute transparence et le conseil d’administration a été régulièrement informé des amendements et développements relatifs au projet. Le CEB soutient que toutes les procédures et provisions ont été scrupuleusement respectées suivant les critères et conditions mentionnées dans les documents d’appel d’offre.
Nous tenons aussi à préciser que les consommateurs ne seront nullement pénalisés par le changement de site par rapport à ce projet de ferme solaire. »