Rétablir les faits, tel était l’objectif de la conférence de presse du Parti Travailliste, hier matin, à Port-Louis. Deux raisons expliquent la motivation des rouges. Premièrement, le PTr, selon son président, Patrick Assirvaden, veut ou, plutôt, insiste pour que le MMM soit clair sur ses positions au sujet de l’Asset Recovery Bill. Les rouges, dit-il, ne sont pas dupes: le volte-face du leader du MMM, Paul Bérenger, sur l’Asset Recovery Bill n’est pas anodin. Le PTr réclame des éclaircissements sur des affirmations de Jean-Mée Desvaux à l’effet que le MMM, notamment « Paul Bérenger, a été manipulé par quelqu’un qui était dans le viseur des institutions pour blanchiment d’argent. »
Deuxièmement, le PTr a tenu à brandir des chiffres pour rétablir les faits sur la politique du logement social du gouvernement. Patrick Assirvaden – qui a laissé le soin à ses deux collègues Suren Dayal et Abu Kasenally, ministres de l’Intégration Sociale et des Terres et du Logement, respectivement, de se soumettre à cet exercice – a toutefois été catégorique sur cette démarche. Répondant à une question de Week-End, qui voulait savoir si l’intention des ministres Dayal et Kasenally était de réagir suite à l’initiative du diocèse catholique – qui, pour sensibiliser sur l’exiguïté d’une maison sociale destinée aux plus pauvres, a construit et exposé une maison prototype sur la place de la cathédrale –, Patrick Assirvaden a été direct: « Nous avons noté une campagne de kasyet laverite… Depuis quelques jours, certaines personnes ont fait de cette maison la risée de la place publique, pour ne pas dire une autre place! Nous nous devons de rétablir la vérité. » C’est pour cette raison que le PTr a tenu à dénoncer ce qu’il considère être une campagne de dénigrement dont les victimes sont, selon le parti, les familles les plus pauvres du pays.
Pour marquer la gravité de l’affaire, le président du PTr s’est exprimé sur un ton solennel sur le leader de l’opposition, Paul Bérenger, et l’Asset Recovery Bill. Après avoir applaudi et soutenu le gouvernement au Parlement sur le projet de loi, le MMM, précisément Paul Bérenger, a changé de position, intriguant du coup le PTr. « Koman in’nn kapav ena enn voltfas osi flagran lor sa issue la? », s’est demandé Patrick Assirvaden. Jean-Mée Desvaux, un ancien collaborateur de Paul Bérenger, a éclairé la lanterne des rouges. Bérenger aurait été, selon les dires de cet ancien proche collaborateur, influencé par « quelqu’un qui se trouve dans le saint des saints de la finance du Sun Trust. » Et le PTr de réclamer: « Nous voudrions savoir qui est-ce (…) d’autant que Jean-Mée Desvaux a été précis, il a évoqué quelqu’un qui est dans l’entourage du MMM (…) Pourquoi l’attaque de Jean-Mée Desvaux a été claire, précise et grave? »
Patrick Assirvaden s’est attardé sur le fait que dans cette affaire, l’ex-collaborateur du leader de l’opposition « a suggéré que Paul Bérenger se laisse manipuler et embobiner. » Le président des rouges a expliqué que son parti est au courant « que la police enquête sur monsieur Jingree, lequel est considéré proche du Sun Trust. » Toutefois, il s’est demandé « si Bérenger est au courant de cette enquête. » Pour sa part, le PTr dit souhaiter une enquête policière transparente. Et demande que Jean-Mée Desvaux dépose également à la police « ou sinon ki lapolis al pran lanket ar li. » Aussi, a-t-il rappelé, « si vremem li (ndlr: JM Desvaux) pe mean biznes, ki li donn nom gro reken ki’nn manipil Bérenger. » La population, dit Patrick Assirvaden, a le droit de tout savoir sur cette affaire. Il s’est aussi étonné du « silence inacceptable du MSM/MMM. » Auparavant, le président du PTr a fait ressortir que l’Asset Recovery Bill a pour but de « kass leren, konbat trafikan ladrog, gro reken. »
Maisons sociales à plus de 30m2
Pour Suren Dayal, qui défendait la politique de logement et relogement des foyers les plus démunis, les chiffres qu’il a cités tout au long de son intervention ont été ses meilleurs alliés. Sns transition, le ministre de l’Intégration Sociale a sorti les chiffres pour féliciter le gouvernement de Navin Ramgoolam, sa vision sur sa politique d’intégration sociale des familles vulnérables. Entre les 5,000 bénéficiaires relogés dans des logements d’urgence, mais temporaire, 376 familles disposant depuis 2011 d’une maison en béton sous tôle, les quelque 250 autres répartis dans des maisons en béton dans les quatre villages intégrés du pays et les autres projets, non des moindres, à venir… le ministre de l’Intégration Sociale a laissé comprendre que le gouvernement n’a pas à rougir du travail abattu pour offrir un logement décent aux plus démunis.
Suren Dayal a même passé en revue la superficie des maisons intégrées: de 30 m2 à 50 m2, selon les régions. Comme pour balayer d’un revers les critiques émises sur l’exiguïté des maisons et leur environnement, le ministre Dayal a relevé la superficie globale: cour et maison d’une structure de la Valette: 211 m2, et souligné qu’une maison sociale est avant tout « un outil » indispensable dans le processus de l’empowerment. De son côté, le ministre Abu Kasenally a soutenu que les maisons sociales sont évolutives. Des facilités – tel le paiement symbolique d’une Roupie – du loyer dans certains cas et les subventions ont été implémentées pour décourager l’assistanat. Abu Kasenally a aussi passé en revue le nombre de bénéficiaires, ex-squatters régularisés, et maisons allouées sous le National Housing Programme (Rs 1.5 milliards).
À l’issue de la conférence de presse, le ministre Dayal, qui répondait à une question de Week-End sur la similarité de la superficie de la « mock house » du diocèse avec celle des maisons du programme de relogement de la National Empowerment Foundation, a réfuté cette remarque. Il a rappelé que les maisons de La Valette, Sottise et Dubreuil font 50 m2, 49 m2 et 32,5m2, respectivement. Et à une autre question sur le nombre de mauvais payeurs de Sottise et de La Valette, qu’il a omis de mentionner dans son intervention, Suren Dayal s’est dit confiant que la quarantaine de cas, sur 198, à La Valette sera résolue. Il est resté vague sur les réfractaires de Sottise…
ASSET RECOVERY BILL : Les rouges veulent « le nom du gros requin qui manipule Bérenger »
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