Les quatre dirigeants de l’Alliance de l’Espoir étaient présents à Port-Louis, hier, pour commenter l’actualité. Et ce, du secteur du tourisme à la visite d’une délégation mauricienne à Blenheim Reefs, aux Chagos…
Le secteur du tourisme inquiète le leader de l’opposition et du PMSD, Xavier-Luc Duval. Pour cause, a-t-il expliqué, le Tourisme a connu une période morose au mois de janvier avec 40 000 visiteurs seulement. Ce qui représente 29% de la moyenne pour cette période. Ancien ministre du Tourisme lui-même, Xavier-Luc Duval accuse l’actuel détenteur de ce portefeuille, Steven Obeegadoo, d’avoir « mené le pays en bateau. » Ce dernier, a-t-il ironisé, « est un ministre du Tourisme à temps très partiel. On ne peut pas se permettre d’avoir un ministre à temps partiel. Nous ne pouvons pas être le parent pauvre du Tourisme dans l’océan Indien. » Et de poursuivre : « D’ailleurs, beaucoup disent que c’est (Ken) Arian qui contrôle le Tourisme. »
Des 325 000 touristes prévus par le ministre des Finances Renganaden Padayachy, pour la période de juillet à décembre 2021, a expliqué le leader de l’opposition, seulement 180 000 ont visité Maurice. Xavier-Luc Duval, qui a cité les îles de la région, en l’occurrence les Seychelles et les Maldives, pour leur bonne performance comparée à Maurice, est d’avis que le gouvernement n’a aucune raison « pou tap lestoma. » Il a attribué l’échec dans le secteur du tourisme, entre autres, « à la vaccination bubble ». Et de préciser « que c’est à partir du 15 septembre que le variant Delta est entré à Maurice par le biais de la vaccination bubble et a détruit nos perspectives touristiques pour l’année. » Avec le variant Omicron, « nous avons enchaîné des faux pas » pour nous retrouver sur différentes listes d’interdiction dans des pays.
XLD : « « La population
va trembler »
Le leader de l’opposition a aussi laissé entendre son indignation après les propos du ministre du Commerce, Soodesh Callychurn, lors d’une activité à Goodlands cette semaine. En effet, c’est en commentant la baisse du pouvoir d’achat des Mauriciens à cause de la dévaluation de la roupie que Xavier-Luc Duval est revenu sur les commentaires du ministre Callichurn. « Il a dit être conscient que le pouvoir d’achat des Mauriciens est en train de diminuer. Et que si des mesures ne sont pas prises, beaucoup de Mauriciens sortiront de la classe moyenne pour se retrouver au bas de l’échelle. Mo sipoze ki bann au bas de l’échelle pou retrouv zot dan lamizer nwar. Et c’est sans aucune honte qu’il est venu dire et que la quantité d’articles que vous pouvez acheter avec le même montant n’est plus la même. Il vient confirmer que nous devons nous attendre à une augmentation massive des prix de produits de consommation », a déploré le leader de l’opposition.
Ce dernier, qui a rappelé avoir prévenu, il n’y a pas très longtemps, que « cette année sera sous le signe de l’augmentation des prix », est d’avis que la dévaluation de la roupie en est la principale cause. « Pour le gouvernement, la dévaluation de la roupie semble être la seule solution trouvée au lieu de prendre des mesures correctives pour augmenter la compétitivité, recapitaliser la Banque de Maurice pour permettre une remontée en valeur de la roupie. Nou pe gagn de lil Moris avek enn kote pansioner ek travayer ki pe soufer. E lot kote enn lil Moris ki pe enjoy parski zot pe faktire an dollar, liv sterlin e an ero, se pou sa ki ou trouv Mc Laren pe rantre ! » Ce dernier a blâmé le ministre du Commerce pour son laxisme face à l’appauvrissement d’une frange de la population. « Li pe asiz lor enn rapor Commission Competition ki finn sorti ena presk enn an. Ce rapport lui a indiqué des voies à prendre pour baisser le prix des médicaments. À la subvention de presque un milliard de roupies sur le lait, il n’a même pas réclamé une baisse du prix. En revanche, il a augmenté la marge de profit des importateurs ! », a déploré le leader de l’opposition.
Ce dernier a rappelé qu’il y a encore quelque temps, Maurice, qui était un high income country avec 11 000 USD par tête d’habitant, est passée aujourd’hui à 8 700 USD par tête d’habitant. « Maurice a baissé en grade à cause de l’incompétence du gouvernement », a dit Xavier-Luc Duval. Dans cette conjoncture, il prévoit une augmentation massive du prix des matériaux importés dans le secteur de la construction. « La population va trembler avec cette augmentation à venir », a prévenu Xavier-Luc Duval. Il a affirmé que les chiffres officiels de l’inflation, soit 7,4%, ne reflètent pas la réalité. « Comme les chiffres sont faussés, ceux de l’inflation avoisinent les 10%, voire plus. »
Xavier-Luc Duval a profité de l’occasion pour exprimer son regret sur le fait que le gouvernement central n’a pas jugé utile de prendre contact avec l’opposition rodriguaise à propos du renvoi des élections de l’Assemblée régionale au 27 février.
NB : « L’industrie sucrière unsustainable »
De son côté, déplorant l’absence de volonté du gouvernement pour réformer l’industrie sucrière, le leader du Rassemblement Mauricien, Nando Bhoda, a alerté sur la situation de ce secteur. « Il faut agir, car la situation est unsustainable », a avancé l’ancien ministre des Affaires étrangères. Alors qu’il y a urgence, a-t-il dit, le rapport de la Banque mondiale sur l’industrie sucrière « dort dans un tiroir depuis 15 mois. » Il a plaidé pour un « super ministre (de l’Agriculture) à plein temps » qui agirait avec la bénédiction du gouvernement pour implémenter les réformes dans l’industrie sucrière. Il a annoncé la création « d’un super map » dans le cadre d’un projet sur l’aménagement du territoire pour faciliter la synergie entre l’industrie de la canne et l’énergie verte.
Abordant le dossier de l’éducation, le leader du Rassemblement Mauricien a pointé du doigt la lenteur de la mise en place du protocole en cas de contamination au Covid-19 dans les écoles. Pour cause, a dit Nando Bhoda, le manque de ressources au sein de la Testing Team.
PB : visite Chagos,
trois points à éclaircir
C’est Paul Bérenger, leader du MMM, qui a commenté le grand voyage de la délégation mauricienne dirigée par Jagdish Koonjul, représentant permanent de Maurice auprès des Nations Unies, vers les Chagos. Précisément à Blenheim Reefs, atoll partiellement submergé dans l’archipel des Chagos. L’objectif de ce voyage, avec des natifs des Chagos, étant une étude scientifique pour délimiter le territoire entre la Zone économique exclusive de Maurice et celle des Maldives. Paul Bérenger a été catégorique : ce déplacement est entouré de confusions. « Il faut éclaircir trois points, à commencer par l’attitude de la Grande-Bretagne à ce sujet étant donné que le gouvernement mauricien ne dit mot, on est obligé de nous appuyer sur les déclarations de Phillippe Sands, le conseiller légal de Maurice dans l’édition du Guardian du 8 février. Il s’est prononcé au nom de l’île Maurice.
Il a dit que Maurice a informé la Grande-Bretagne du départ d’une délégation pour Blenheim Reefs […] et que si elle ne se prononçait pas au 20 décembre, il y aurait un nouveau case contre elle. Mais, je cite Philippe Sands : The UK blinked and sent a note back saying they would not impede the voyage. Nous sommes en droit de savoir ce qu’il en est des positions de la Grande-Bretagne aujourd’hui. L’Alliance de l’Espoir demande la publication de la note diplomatique envoyée à la Grande-Bretagne en décembre et celle qu’elle a envoyée à Maurice. Deuxièmement, est-ce que le Bleu de Nîmes se rend uniquement à Blenheim Reefs ou vers les îles Peros Bahnos et Salomon ? Selon le Guardian, c’est cet après-midi (ndlr : hier) que le bateau se rapprochera de Peros Bahnos, mais pas Salomon, ce qui est bizarre. Troisièmement, c’est bien de savoir si nous pourrons délimiter notre Zone économique à partir de Blenheim Reefs. Mais il y a d’autres récifs qui se trouvent au plus au nord et si nous démarrons la limitation dans ces parages, nous allons augmenter la superficie de notre Zone économique », a noté Paul Bérenger. Le leader du MMM a insisté pour connaître la vraie nature de la mission à Blenheim Reefs. Il a aussi au passage déploré l’absence de la presse locale (indépendante) à bord du bateau. Les commentaires, a-t-il dit, suivront après le retour de la mission, à Maurice.
S’agissant de l’adhésion du PTr à la plateforme de l’opposition, les discussions avec Navin Ramgoolam, a dit Paul Bérenger, se poursuivront lorsque l’état de santé de ce dernier le permettra. Il a également fait savoir que tout comme la plateforme de l’Espoir, « le Parti Travailliste est catégoriquement contre le système de vote électronique. » Ce système, selon lui, facilite les fraudes. Un autre comité sera mis sur pied pour étudier les procédures sur les élections et non sur la réforme électorale. Par ailleurs, Si Paul Bérenger n’a pas souhaité commenter la démission de Jenny Adebiro cette semaine, il a néanmoins déclaré que ce départ « est bien triste. »
RB : registre électoral, une attention particulière bientôt
Pour sa part, le leader du Reform Party, Roshi Bhadain, a expliqué que le prochain comité qui sera mis sur pied pour étudier les procédures électorales accordera une attention particulière au registre électoral. « Tou dimounn ki gagn drwa vote dan Moris bizin kapav vote. Kan nou fer resers depi 1967 sak sink an la lis elekter ogmante par 60 000. De 2010 a 2014, li ogmante par 57 000. Me 2014 a 2019, li ogmanrte zis par 4744. Se enn non sans », a déclaré Roshi Bhadain. En quatre ans, la liste des électeurs a été réduite de plus de 13 000, a ajouté ce dernier. Et de rappeler que la commission électorale aurait dû avoir noté cette anomalie. Le comité, a-t-il encore dit, se penchera aussi sur les amendements apportés à la Finance Act 2016.