(Alliance de l’Espoir) Dépréciation : ceux au bas de l’échelle encore plus pauvres en 2022

La situation économique et l’instrumentalisation de la police par le gouvernement, entre autres, étaient à l’agenda des quatre dirigeants de l’Alliance de l’Espoir lors de leur première conférence de presse de l’année, à Port-Louis, hier matin. La plateforme a réitéré son souhait pour une opposition soudée et des élections générales au plus vite pour éjecter le gouvernement de Pravind Jugnauth.

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Xavier-Luc Duval, leader de l’opposition et du PMSD, dit ne pas avoir besoin d’une boule de cristal pour deviner que 2022 apportera son lot de difficultés, dont une augmentation flagrante du coût de la vie et une régression de la classe moyenne. C’est sur une note pessimiste que ce dernier, un des quatre dirigeants de l’Alliance de l’Espoir, a donné le ton à la première conférence de presse de l’année de la plateforme, hier matin à Port-Louis. Prédisant « l’appauvrissement de la majorité des Mauriciens », Xavier-Luc Duval a annoncé « une année extrêmement difficile ». Il a attribué ce climat « à l’incompétence du gouvernement, plus particulièrement les ministres des Finances et du Commerce, notamment Renganaden Padayachy et Soodesh Callychurn respectivement, et du gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegoolam. » 

Il est d’avis que le prix des produits de consommation va augmenter considérablement. « Cette avalanche d’augmentations de prix entraînera l’appauvrissement de ceux qui sont déjà au bas de l’échelle. La situation de la roupie mauricienne vis-à-vis des devises étrangères les plus puissantes, dont le dollar américain, la livre sterling et l’euro, est un indicateur. Depuis les dernières élections générales, la roupie a perdu 25% de sa valeur face à la livre sterling. Les importations payables dans cette devise coûteront 25% plus cher. La roupie a chuté de 21% face à l’euro et 20% au dollar américain. Ajouté à tout cela, il y a eu l’augmentation de la TVA, du prix du carburant en décembre pendant la période festive et du ciment. Boukou zafer ki bann Morisien ti pe aste lontan san gete pou vinn hors de prix ! » a déploré le leader de l’opposition.

Appréciation de la roupie, faillite de la BoM

Xavier-Luc Duval a par la même occasion attribué la forte dépréciation inédite de la roupie à l’incompétence du gouvernement, lequel, a-t-il insisté, a « dévalisé la Banque de Maurice sans le savoir. » Et de préciser : « Ni Padayachy ni Seegoolam n’ont réalisé qu’en donnant les Rs 80 milliards à la MIC et Rs 60 milliards au gouvernement qu’ils ont fragilisé le balance sheet de la Banque de Maurice, laquelle se trouve aujourd’hui dans l’incapacité de défendre la roupie. » Xavier-Luc Duval a dit craindre l’endettement dans les familles mauriciennes et estime que la subvention sur certains produits alimentaires, y compris la facture d’électricité, « n’est qu’un moyen artificiel pour masquer l’incompétence du gouvernement. »

« Zot pa mem fer li bien ! Zot donn Rs 500 milion bann inportater dile san zot resi reklam enn bes dan pri dile. Nous devons être extrêmement vigilants sur les prix, les subventions doivent aller aux consommateurs et non engendrer des profits au bénéfice des importateurs. » Le leader de l’opposition a choisi de ne pas critiquer la subvention sur la facture d’électricité, et ce, même si cette mesure est sur le court terme, celle-ci, a-t-il dit, aidera de nombreux foyers. « Nous devons exiger du gouvernement, du ministre Padayachy et du gouverneur de la Banque de Maurice de stopper immédiatement la dépréciation de la roupie qui est en train de tuer le pouvoir d’achat des Mauriciens. Pour rétablir le pouvoir d’achat des foyers, la roupie doit reprendre de la valeur contre l’euro, le dollar américain et la livre sterling. Toutefois, nous devons garder en tête que le jour où la roupie connaîtra une appréciation, la Banque de Maurice ira vers la faillite. Voilà l’héritage du gouvernement Jugnauth ! »

« Zot pe servi lapolis kouma zot pe servi MBC ! »

Rebondissant sur le chapitre économique, le leader du MMM, Paul Bérenger, a pour sa part déclaré : « Plus que jamais, le gouvernement, le Premier ministre, la Banque centrale… jouent avec le feu. Nek pe pran mem par miliar dan la bank Moris. En décembre, ce sont Rs 25 milliards additionnelles qui ont été données au gouvernement pour brouiller des pistes ! Nepli ena enn labank santral dan Moris ki worth the name. Ena enn masinn ki print lamone pou donn gouvernman pou li depans kouman li anvi san okenn kontrol parlmanter. » La dépréciation de la roupie, a soutenu Paul Bérenger, est devenue une stratégie bénéfique pour la Banque de Maurice. Malheureusement, a laissé entendre Paul Bérenger, avec la dépréciation de la roupie, les chiffres officiels sur l’inflation ne démontrent pas la réalité. Le Fonds monétaire international, a avancé Paul Bérenger, a condamné la politique monétaire de Maurice. « C’est rare que le FMI condamne la politique monétaire d’un pays. Il y a un gros risque de downgrading par Moody’s et si cela s’avère, nous irons vers une catastrophe financière », a constaté Paul Bérenger.

Ce dernier a au passage dénoncé l’instrumentalisation de la police par le gouvernement. Les « complots » mêlant la police sont inacceptables, a-t-il dit. « Zot pe servi lapolis kouma zot pe servi MBC ! Zot pe persekit dimounn dan Bambous Virieux, pena dilo-la, a traver lapolis. C’est inacceptable », a martelé le leader du MMM. « Kot nou’nn arive konsernan nou bann institision, li efrayan ! Bizin aret zot an 2022 atraver eleksion zeneral », a lancé Paul Bérenger. Et dans cette optique, avec ou sans élections générales, a-t-il dit, la plateforme de l’Espoir ainsi que le Parti Travailliste partagent le même souhait s’agissant de l’unité dans l’opposition. « Nous devons aller en ce sens, en 2022, fer tou pou ki eleksion vini sa lane-la, dans le respect de la loi. Et dans le respect de la Constitution, il faut tout faire pour faire partir ce gouvernement le plus tôt possible à travers les élections générales », a déclaré Paul Bérenger. Ce dernier est d’avis que d’ici la rentrée parlementaire, la plateforme de l’Espoir verra « plus clair sur l’unité de l’opposition, le leader et le whip de l’opposition et le Public Account Committee. »

Par ailleurs, avec la menace du variant Omicron, dont la dangerosité n’est pas à prendre à la légère, Paul Bérenger a réitéré son appel aux Mauriciens qui ne se sont pas encore fait vacciner contre le Covid-19 de se rendre dans des centres de vaccination. Idem pour la booster dose. « Fodre pa swiv move lexanp Jugatpal ki ti bizin inn fini demisione », a ironisé le leader du MMM en faisant allusion à la video démontrant le ministre de la Santé, Kailesh Jugatal, dans une fête privée faisant fi des gestes barrières.

« Pas de politique pour gérer l’éducation »

De son côté, le leader du Rassemblement Mauricien, Nando Bodha, a abordé la rentrée du troisième trimestre, en ligne ce lundi, sur fond du variant Omicron. « Dans tous les pays où il y a les meilleurs vaccins, les cas de contamination au variant Omicron sont en train de doubler. Ici, à Maurice, on fait l’impasse dessus. Pe fer komsi Omicron pou vini, pou ale, pa pou remark nanie ! » a souligné Nando Bodha. Perturbée à cause de la situation sanitaire à Maurice, la rentrée scolaire ne pourra se faire en présentiel. Pour Nando Bodha, le troisième trimestre se déroulera et prendra fin sur une note cauchemardesque. « Les parents et les élèves sont angoissés. Aucune prévision n’a été faite. Les actions sont imprévisibles. 350 000 enfants sont concernés par l’année scolaire », a fait observé Nando Bodha.

Et de poursuivre : « Quels sera l’impact du Covid-19 sur les examens et la promotion des élèves ? Et qu’en est-il des étudiants de l’université ? Les parents veulent des solutions plus concrètes et ont besoin d’être entendus. » Le leader du Rassemblement Mauricien, qui a rappelé « l’échec de l’école en ligne », a ravivé les mémoires sur le scandale des tablettes au coût de Rs 900 M. Nando Bodha prévoit une « pagaille » dans le secondaire avec la rentrée en présentiel pour les Grades 9 à 11, avec en ligne de mire des examens nationaux et de Cambridge. Plaidant pour le dialogue entre la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun Luchoomun, et ses partenaires, Nando Bodha a demandé aux autorités de ne « pas utiliser la politique pour gérer le dossier de l’éducation. »

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