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Perspective d’un jeune Mauricien à la COP27 d’Égypte

YUV SUNGKUR*

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« Nous – les jeunes – sommes nés dans un monde où la crise climatique nous affectait déjà. Au lieu de déplorer notre position, de nombreux jeunes agissent pour leur avenir en créant des initiatives novatrices pour faire face à la crise climatique. »

Alors que les crises mondiales s’entrecroisent et se multiplient, l’Égypte s’est transformée pour accueillir la 27e conférence des Nations unies sur le climat du 6 au 18 novembre. Cette année, nous fêtons le trentième anniversaire de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), adoptée lors du sommet de Rio de Janeiro en 1992.

Cette année, la COP27 se tient dans une situation mondiale marquée par une ‘triple crise’ : alimentaire, énergétique et financière. Les prises de position vis-à-vis de la guerre en Ukraine – omniprésente dans les discussions en raison de son impact sur les marchés tel que l’essence ou l’huile – révèlent les priorités contradictoires entre les nations. À ces profondes crises s’ajoute cette année la publication du sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), à la visibilité médiatique éclipsée par l’actualité de la guerre en Ukraine, mais aussi, probablement, par un manque d’intérêt de la part de certains hommes politiques.

À l’heure actuelle, les engagements pris par les gouvernements de la planète sont jugés insuffisants par les scientifiques du GIEC pour maintenir la hausse de la température en dessous de +2°C. Avec les engagements actuels, nous nous dirigeons vers un scénario autour de +2,7°C. Alors que les émissions de gaz à effet de serre ne montrent aucun signe de ralentissement, nous devrions, au contraire, être en train de les réduire de 45% d’ici 2030 pour espérer ne pas dépasser +1,5°C.

Autrement dit, nous sommes loin du compte.

La COP27 regroupe (presque) tous les pays du monde et leurs délégués, plus de 30 000 participants, notamment des négociateurs, des experts ainsi que des militants du climat et des représentants de la société civile.

Controverses

La conférence de cette année n’échappe pas à la critique, notamment depuis l’annonce du géant Coca-Cola en tant que sponsor de l’événement. Le modèle économique même de Coca-Cola repose sur des plastiques produits à partir d’énergies fossiles, les mêmes combustibles fossiles qui ont créé une crise planétaire qui tue déjà des milliers de personnes et qui en laisse beaucoup sans maison ni moyens de subsistance. Et surtout, Coca-Cola est connue pour être le plus grand pollueur plastique au monde. Ce plastique a d’énormes impacts environnementaux autres que le carbone, notamment les millions de tonnes de déchets qui vont dans les rivières et les océans chaque année, contaminant nos eaux et détruisant la faune et la flore qui pèsent en grande partie sur le Sud et les communautés vulnérables.

Greta Thunberg, jeune visage de l’activisme climatique, a décidé de se retirer de cette COP, dénonçant les compagnies et les organisateurs de greenwashing. Le pays d’accueil est un des plus grands exportateurs de pétrole et sa stratégie pour sa transition énergétique aux renouvelables se fait très floue.

Ma perspective

 Cette année, j’ai la chance de pouvoir participer à la COP27 en tant que jeune délégué de l’African Climate Mobility Initiative (ACMI), un projet formé par la Banque mondiale, l’Union africaine, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM).

Voici mon ressenti après quelques jours:

  • l’Égypte, pays organisateur

Dès mon arrivée à Charm el-Cheikh, j’ai ressenti un engouement phénoménal autour du sommet. Durant deux semaines, 30 000 personnes viennent pour pouvoir négocier le futur de notre planète. Sur le plan logistique, il s’agit là d’un ‘chaos’: tous les hôtels sont complets, les aéroports sont bondés, et les délégués sont sous stress constant avec un manque de sommeil voyant.

l’Égypte a saisi l’opportunité d’être le pays hôte pour démontrer ses commitments à la cause du changement climatique et la COP en transformant Charm el-Cheikh, une des plus grandes stations balnéaires du pays. Cette ville touristique est normalement connue par les plongeurs sous-marins pour la biodiversité et les eaux transparentes de la Mer Rouge. Pour l’occasion, le logo de la COP27 déborde  dans la ville – des billboards jusqu’aux sièges d’avion. Pour se déplacer entre les hôtels et le lieu de rencontre, nous avons à disposition des shuttles électriques gratuits pour les deux semaines. Et pour la communication, nous avons reçu des cartes SIM spéciales. Autrement dit, nous sommes dorlotés et on est aux petits soins à notre égard – selon les limites de ce que le pays peut nous procurer – pour pouvoir négocier du mieux possible.

  1. La fougue africaine

Je fais partie d’une équipe de 8 jeunes délégués, venant respectivement du Cameroun, Burundi, Tanzanie, Soudan du Sud, et Ouganda. Le premier jour avait été  pour nous ‘Africa Day’. Dans notre pavillon, plusieurs ministres et présidents ont défilé par le biais de différentes discussions de panels pour discuter de sujets comme la résilience, l’adaptation, le rôle et les besoins de leurs nations respectives. Que ce soit dans ma délégation, ou dans les discours que j’ai entendus, l’Afrique est prête à faire avancer les choses. Ses jeunes sont ambitieux, distincts et passionnés. C’est pour moi un honneur de pouvoir partager mon expérience avec eux – leur rapport au climat est une vraie expérience. Ils ne cherchent pas la pitié – bien au contraire ! Ils sont là pour proposer des solutions, donner leurs avis, et provoquer leurs chances. Concernant ses leaders, leurs discours sont clairs : les effets du changement climatique se font ressentir au quotidien (sécheresse créant des conflits, inondations, pénurie d’eau) – leurs efforts sont présents, mais ils ne pourront pas s’adapter durablement aux changements tant que les pays développés ne les soutiennent pas financièrement. Il y a un besoin concret des pays développés de tenir leurs promesses.

  • La diversité des pavillons de la zone bleue

La COP ne se résume pas qu’à des négociations. C’est aussi une opportunité pour les pays, ONG, organisations internationales, société civile, et thèmes climatiques de pouvoir montrer leur dévouement à la cause du changement climatique, et proposer leurs idées pour apporter du changement au niveau local, national et régional.

Pour démontrer leurs intérêts, les parties prenantes ont droit à un pavillon (un stand) dans la Zone Bleue. Le Tchad, le Japon, le Pakistan, Singapour, la France… chaque pavillon est unique à son pays. Ce qui est intéressant à analyser, ce sont les manières dont les pays organisent leurs pavillons pour promouvoir leurs intérêts. Les pays plus puissants comme la Chine, l’Inde et l’Arabie Saoudite entendent démontrer leurs futurs plans d’investissements dits ‘verts et durables’, tandis que des territoires comme le Qatar font fi de leurs abominations climatiques en se justifiant de la prochaine Coupe du Monde, et d’autres comme le Zimbabwe ou la Thaïlande restent plus discrets.

Dommage que Maurice, de par sa non-présence, ne fasse pas partie de tout ça.

Malgré cette absence, je continuerai à défendre les intérêts de mon pays et représenter sa jeunesse du mieux que je le peux.

* Un jeune activiste mauricien, correspondant de la Conference of Parties (COP27) Charm el-Cheikh, Égypte, du 6 au 12 novembre 2022. Diplômé depuis juin 2022 en ‘Global Environmental Governance’ de Vrije University Amsterdam. À 23 ans, Yuv est un militant pour le climat. Il a parlé à la conférence des jeunes sur le climat COY16 en marge de la COP26 à Glasgow en 2021, était conférencier au TEDx à Maurice et ensuite il a été Ambassadeur mondial de la jeunesse pour l’ONG Their World, qui lui a permis de parler aux côtés du Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, lors des Assemblées annuelles à New York en septembre 2022. Il poursuit dans sa dynamique en tant que jeune délégué de l’African Mobility Initiative (ACMI) qui lui a donné la possibilité de prendre son envol pour la COP27 afin de représenter les intérêts de la jeunesse mauricienne concernant les différentes thématiques autour du climat (éducation, migration climatique, disparition de l’héritage culturel). 

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