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Sur la chaîne anglaise BBC iPlayer : l’île Maurice à l’honneur avec Ariane Barnes

Dans un entretien à bâtons rompus, la jeune femme au palmarès des plus impressionnants nous raconte cette expérience inouïe de jouer à la télé britannique un rôle qui lui tient à cœur. Femme de la diaspora farouchement attachée à ses origines îliennes, elle se confie à Week-End.

Un gros clin d’œil à Maurice ! Vendredi soir, sur la chaîne anglaise BBC iPlayer, notre île était à l’honneur. Un des épisodes de la série phare pour enfants, The Dumping Ground a fait la part belle au pays, racontant l’histoire du petit Sid renouant avec ses origines mauriciennes. Et parmi les acteurs, une Mauricienne au nom d’Ariane Barnes.

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« C’est incroyable, mais le jour du casting, c’était le jour de l’Indépendance de Maurice. Évidemment, les producteurs ne la savaient pas, mais moi je le savais, et c’était spécial », nous confie Ariane Barnes, de son canapé londonien. Malgré le décalage horaire et son emploi du temps très chargé, elle a accepté de nous accorder cet entretien.

Artiste et femme entrepreneur, elle s’occupe, ces derniers temps, de son entreprise sociale Different Women Project qui se consacre à la représentation des femmes métisses et LGBTQ à travers la performance et la psychologie. Après tout, le fruit n’est pas tombé bien loin de l’arbre. Ariane Barnes est bien la fille de sa mère et de son père, tous les deux psychologues ! « La performance artistique et cette entreprise sociale se complètent pour moi. Ce sont deux choses indissociables », dit-elle.

Ainsi, jouer dans The Dumping Ground  a été une sacrée expérience pour la Mauricienne. « C’est un privilège pour moi de jouer ce rôle en tant que femme de la diaspora. Je suis née en Angleterre, mais mes années de formation, mes plus belles années d’ailleurs, je les ai passées à Maurice. Je suis une tifi Lorette et je crois que cela s’entend », nous lance-t-elle dans un éclat de rire.

Ariane Barnes quitte Maurice pour de bon pendant son adolescence pour l’Angleterre où elle a élu domicile. Et malgré toutes ces années loin de son île et « de ses marchands macatia coco », son accent est resté authentiquement mauricien. « Il est vrai que j’ai toujours eu un don pour les langues et je suis capable de reproduire plusieurs accents à l’ouïe. »

Représentativité et
éducation culturelle

Évidemment, l’accent mauricien, elle le garde précieusement. « Je m’y accroche ! C’est mon héritage culturel et oui, j’y tiens et je me suis battue pour le garder, en hommage à ma maman qui, elle aussi, a tout fait pour préserver cet héritage-là », dit-elle. D’ailleurs, elle a été recrutée aux Pays-Bas pour travailler au Tate Modern Museum et au Centre Andalou d’Art Contemporain (CAAC) en Andalousie.

« Ils sont très anthropologues aux Pays-Bas », confie-t-elle, toujours le sourire aux lèvres. « Et du coup, ils m’ont fait écouter plusieurs enregistrements comme ça, qu’il fallait que je reproduise et je l’ai fait », poursuit la polyglotte qui parle couramment le créole mauricien, l’anglais, le français, l’espagnol et l’italien.

Par ailleurs, pour en revenir à nos moutons, elle nous explique que depuis la pandémie, elle joue plus de rôles mauriciens. « Je pense qu’avec tout ce qui s’est passé dans le monde avec les divers mouvements sociaux, dont celui des Black Lives Matter, etc., les médias prennent plus conscience de l’importance de représentativité et de l’éducation culturelle. Je pense qu’elles commencent à se réveiller. » D’autant que The Dumping Ground est une série très populaire pour les enfants.

Et si aujourd’hui, Ariane Barnes arrive à se faire connaître pour son travail, elle confie que ce n’était pas toujours très facile de se trouver une place au début, entre l’île Maurice et Londres. « Il y a toujours des difficultés quand on essaie d’intégrer un nouveau pays et moi j’avais tendance à travailler trop dur, trop fort, car je pensais que j’avais quelque chose à prouver plus que les autres. » Ainsi, pendant son parcours, elle nous avoue qu’elle n’était jamais « assez black, ou blanche, ou indienne. » Pour elle, « les gens n’arrivent toujours pas à ne pas catégoriser les gens et qu’au final, il faut juste arriver à trouver le juste milieu, l’équilibre, pour plus de représentation dans les arts. »

Douée pour les lettres, mais aussi pour les arts, donc. Pendant l’entretien, Ariane Barnes cherche une photo d’elle à 6 ans. Sur la photo, la fillette toute coquette a « strike a pose » à la Madonna. « Je me souviens qu’à l’époque, mes parents ne voulaient pas que je regarde trop les concerts de Madonna. Ils me disaient : on te laisse regarder un peu, mais tu ne fais pas pareil ! Alors que moi, je passais mon temps à faire comme Madonna », se souvient-elle. Donc, la performance artistique, que ce soit à travers la danse, la comédie ou le chant, a toujours fait partie d’elle. Et aujourd’hui avec Different Women Project, elle parvient à transmettre cela aux autres.

Bien évidemment pour clore l’interview, Week-End n’a pu s’empêcher de lui poser une question… politique, sur l’élection du Premier ministre anglais, Rishi Sunak. Question à laquelle l’artiste esquisse une grimace. « Je suis divisée sur cette question et je dirais que l’on ne peut se fier aux apparences. Il ne faut pas oublier que quand il était ministre, pendant la pandémie, il avait carrément demandé aux artistes de se trouver un autre emploi ! donc, disons qu’il ne reflète pas ce que la communauté, et notamment celle des artistes, a besoin. Donc oui, pour résumer : ne jamais se fier aux apparences. »

À savoir que l’épisode The Dodo, de la série The Dumping Ground, peut être visionné sur BBC iPlayer.

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