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SOCIÉTÉ: Mouvements citoyens contre république cosmétique

Des regroupements citoyens manifestent une intention d’amener les Mauriciens à accéder vers l’égalité. Une idée en cohérence avec des valeurs républicaines. Ce qui implique une égalité face à l’emploi pour un salaire décent, notamment une meilleure qualité de vie. Car tous les citoyens d’une vraie république devraient être égaux. Constat dressé par le sociologue Jean-Claude Lau et par Jeet Golam de Transparency Mauritius.
Selon Jeet Golam de Transparency Mauritius, les mouvements citoyens ont un point commun : ils sont issus essentiellement de la jeunesse actuelle et expriment une indignation contre une société minée par notamment le communalisme et la corruption légués par la génération post-indépendance.
Il observe que le constat de la jeunesse est que la société mauricienne est en danger et que le leadership actuel conduit la population vers un précipice.“Il est dit que les politiciens sont en train d’empoisonner et de corrompre la jeunesse. La lecture est que, vu de l’extérieur, Maurice est une démocratie couverte d’une couche de vernis, mais est rongée à l’intérieur par le cancer de la corruption et du communalisme.”
Égaux.
Le sociologue Jean-Claude Lau estime que ces mouvements de protestation devaient se constituer depuis longtemps. Il note que les Mauriciens fonctionnent dans un système dans lequel les gens sont considérés comme des représentants de groupes et non pas comme des citoyens.“Une fédération de tribus n’a rien à voir avec une république. On est censé être des citoyens, mais on ne fonctionne pas toujours ainsi. L’éveil de conscience auquel nous assistons est en ligne avec l’esprit républicain et citoyen.”
Un parallèle est dressé avec le MMM des années 70, qui prônait la lutte des classes pour remplacer la lutte des races. Ce que veulent les mouvements de protestation à présent, remarque le sociologue, est une reconnaissance des gens comme des citoyens ayant des droits, indistinctement des croyances, des origines ethniques ou des classes sociales… Des critères qui n’ont pas de pertinence dans une république car tous les citoyens devraient être égaux devant les lois républicaines.
Valeurs.
Les mouvements de jeunes représentent des changements accélérés et sans précédents, poursuit Jeet Golam. “Cette jeunesse veut s’affirmer comme catégorie socioculturelle et politique à part entière, ayant sa propre culture ainsi que son propre outil de communication. Elle a aussi ses propres malaises et revendications, que les pouvoirs publics et le monde adulte tardent à comprendre.”
Ces mouvements sont en cohérence avec une jeunesse ayant grandi dans une république, selon Jean-Claude Lau. “Ces initiatives semblent transcender les appartenances ethniques, religieuses et culturelles afin que la république devienne une réalité et non un concept virtuel.”
Le sociologue souligne que la laïcité est un des fondements des valeurs républicaines. Les confessions religieuses sont par conséquent personnelles et ne devraient pas déborder sur l’État. “À Maurice, on est loin de là. La chose religieuse est souvent instrumentée à des fins politiques. Un ministre n’est pas censé démontrer sa croyance religieuse dans une fonction publique, étatique ou gouvernementale.”
Avenir commun.
Transparency Mauritius estime que le combat de Blok 104 représente une avancée citoyenne dans la contestation du système électoral et du communalisme. “On attend avec impatience le jugement du Privy Council qui va statuer si la loi électorale et la First Schedulede la Constitution sont conformes à la section 1 de notre Constitution. Le Conseil Privé sera appelé à interpréter si le fait de se présenter comme Mauricien avant toute autre chose s’avère anticonstitutionnel.” Il est également à noter que les Nations unies se penchent aussi sur cette question primordiale pour un avenir commun.
Jean-Claude Lau note, par ailleurs, une intention d’amener chaque Mauricien à une sorte d’égalité formelle. Avec la possibilité de pouvoir accéder aux mêmes droits par la loi, car tous les citoyens d’une république sont égaux. Ce qui implique notamment une égalité face à l’emploi et pour un salaire décent, le droit au logement et à la sécurité. Finalement, la recherche d’une certaine qualité de vie. “En appliquant la loi, on fera peut-être en sorte que les gens sortent de la misère. Qui plus est, un certain nombre de conventions ont été adoptées par le Parlement.”
Combat.
Que se passe-t-il à partir de ce constat ? “Quand les gens aspirent à la liberté et à une égalité, ils passent à l’action dès que la possibilité de réussir est ressentie. On ne peut remplacer une manifestation de rue, qui a un impact au niveau de la représentation sociale. Un impact sur la nation et sur les autorités. Recourir à des moyens légaux serait, par la suite, l’une des étapes logiques pour faire avancer une situation qui semble verrouillée.”
Soulignons que Transparency Mauritius propose une solution visant à démocratiser davantage la lutte contre la fraude et la corruption. Elle donne l’opportunité aux citoyens victimes ou témoins d’actes de corruption de se mobiliser et de les dénoncer au sein de son Centre d’Assistance Juridique et d’Action Citoyenne (hotline : 800-2555). Ils peuvent faire valoir leurs droits en consignant des plaintes relatives à des actes de corruption de manière légale. Transparency Mauritius assure le suivi avec l’ICAC. Une manière d’élargirla coalition anti-corruption avec les parties prenantes existantes. Une invitation à l’implication citoyenne dans le combat contre la fraude et la corruption.

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