Les belles dames créoles de la rue St Georges poussent leur dernier souffle. Il existe dans tous les pays du monde un centre historique, soit un espace hors du temps, hors de tout, où le promeneur avisé ou pas découvre le cœur même d’un pays, d’une île, d’une ville. À Maurice, la capitale port-louisienne abrite de nombreuses pépites architecturales, des bijoux de patrimoine historiques qui, pour la plupart, sont en désuétude. À l’abri des regards, devenues repères pour rapaces de nuit, ces maisons coloniales — centenaires — portent en elles l’histoire d’une île remplie d’histoires. Il y a une semaine, une internaute et SOS Patrimoine tiraient la sonnette d’alarme sur la « case créole/creole cottage », le bâtiment colonial abritant auparavant l’agence de publicité Publico, sis à 6, rue Saint Georges, Port-Louis, qui a été enlevée de la liste des patrimoines nationaux… en 2020, à l’insu de tous. Si la magnifique maison coloniale est aujourd’hui en totale décrépitude, avec des airs de maisons hantées, elle était autrefois un bijou d’architecture coloniale créole, comme beaucoup d’autres d’ailleurs dans cette rue historique qu’est la rue Saint Georges. Nous avons décidé d’aller au-delà du bâtiment centenaire du Mauricien Ltée, qui lui aussi se trouve sur cette rue historique, pour redécouvrir ces vestiges du passé. Si certains ont eu la chance de trouver preneurs et restaurateurs, d’autres attendent patiemment le temps passer…
La rue Saint Georges fleure bon l’histoire. Au commencement de la rue, perpendiculaire à la rue Labourdonnais, et juste après la station d’essence, le ton est donné. Une première case créole en excellente condition. Caractérisée par sa toiture de bardeaux qui imite la structure d’un bateau renversé en tôle ondulée, sa grande véranda et son jardin, cette case créole est parmi les rares maisons à avoir trouvé preneuses. Tant mieux !
Allier modernité et tradition, c’est possible. Cette belle maison coloniale a eu une deuxième chance avec des entreprises locales qui ont décidé de s’y installer.
Ces cases créoles racontent non seulement l’histoire de l’île en pleine évolution, mais aussi celle de familles mauriciennes qui ont vécu de longues années dans la capitale.
Que serait la rue Saint Georges sans sa belle église Immaculée et le beau jardin de la cure ? Pendant les journées les plus chaudes, s’asseoir à l’ombre des arbres centenaires du jardin créole est un vrai exutoire
Oasis terre de paix, oasis tout court. À l’angle de la rue Brown-Séquard et la rue Saint Georges, cette bâtisse en pierres taillées ne passe pas inaperçue.
La « case créole/creole cottage », le bâtiment colonial abritant auparavant l’agence de publicité Publico, a été enlevée de la liste des patrimoines nationaux, ce qui la rend encore plus vulnérable… Il faut noter que le bâtiment colonial concerné est le deuxième sis à la rue St-Georges, à Port-Louis, à avoir figuré sur la liste des patrimoines nationaux. La structure abritant l’ancien consulat de France et le service culturel de l’ambassade de France a également été décrétée monument national.
Le Lambic, ancien restaurant de la rue St Georges à Port-Louis, a fermé ses portes il y a un an, et a été vendu à d’autres propriétaires. Il a perdu, il y a quelques mois, son compagnon de route : un manguier centenaire, qui comme le rapportait Le Mauricien, « c’est un manguier des plus célèbres — de par son histoire — connu des habitants du Ward IV, mais également hors de Maurice et même des touristes. Celui sur lequel un voleur fut abattu, un soir d’été, dans les années 1970, par le maître de la maison coloniale, qui craignait pour la sécurité de sa famille. À l’époque, tout propriétaire de fusil pouvait faire feu sur un intrus… ».