Mauriciens au Canada : Les Moorghen font découvrir la culture culinaire mauricienne

Dix ans après s’être installés au Canada, Varouna et son époux Neetyren Moorghen, originaires du village de Poudre D’Or, décident de lancer leur entreprise familiale « Moorghen’s Spices » afin de faire découvrir aux Canadiens le « Masala Moorghen », recette familiale transmise de génération en génération et qui a fait sa réputation à Maurice, mais aussi d’autres multiples couleurs et saveurs mauriciennes comme le haleem, les épices briani, le poutou ou autres mines Apollo. Aujourd’hui, les produits du couple installé à Toronto attirent une clientèle mauricienne mais aussi américaine.

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C’est en 2010 que Varouna, alors âgée de 29 ans, et son époux, âgé lui de 34 ans, décident d’immigrer au Canada avec leur fille Ceana, née en Irlande. Dix ans plus tard, celle qui occupe le poste de Sales Manager à Air Canada et son époux Service Manager pour la compagnie ferroviaire Viarail, décident de se mettre à leur compte. C’est la crise sanitaire dans un contexte épidémique qui va leur donner l’impulsion. « C’est l’année dernière, pendant les périodes de travail en horaires réduits, que nous avions décidé de lancer notre entreprise, car nous avions plus de temps libre », nous dit cette mère de deux filles âgées de 13 et 7 ans respectivement.

Pour se faire connaître, le couple crée une page Facebook, Moorghen’s Spices, où il propose une variété d’épices : épices briani, haleem, vindaye, achards, rasson, ti cari, tandoori, Peri Peri, chatini dhall, cumin grillé, karuciron, kucha mangue, piment vert, mangue confit. Si ces épices proviennent de différents pays, dont le Sri Lanka, le Pérou, le Guatemala, la Jamaïque et l’Inde, d’autres produits comme le poutou, le Nestum ainsi que les mines Apollo sont importés de Maurice.

« Nous avons voulu les importer afin de les mettre à la disposition de la communauté mauricienne, qui est à la recherche de saveurs locales et qui a rarement accès à ces épices. Par ailleurs, c’était aussi l’occasion de faire découvrir la cuisine mauricienne aux Canadiens, car les goûts et saveurs de nos épices ne leur sont pas familiers », nous dit Varouna Moorghen.

Les épices prennent de plus en plus de place dans les cuisines

Le bouche-à-oreille aidant, les nouveaux clients apparaissent. Les commandes se multiplient auprès des consommateurs en ligne. La clientèle est essentiellement mauricienne. Mais certains Canadiens sont également curieux de découvrir de nouvelles saveurs, à partir du moment où le plat n’est pas trop piquant. « Certains demandent d’où ça vient. Et si cela leur plaît, ils les adoptent. En revanche, ils n’aiment pas trop le piment. Ainsi, pour eux, nous avons concocté un masala sans piment. Ils sont aussi adeptes du tandoori blend. Ils aiment l’utiliser pour assaisonner leur viande avant de l’enfourner », dit cette ancienne employée d’hôtel âgée de 40 ans et formée comme chef à l’école hôtelière.

Les condiments sont commandés en ligne et livrés au domicile du client. Avec un petit réseau d’habitués et de nouveaux clients, la cadence passe de 20 à 40 familles. « Nous vendons directement au client. Nous faisons une livraison à Toronto chaque deux semaines et une fois par mois à Montréal. Pour tous les autres provinces, nous les envoyons par voie postale », dit l’entrepreneure.

L’amour des épices fait partie intégrante des Moorghen. Et cela ne date pas de l’année dernière. À Maurice, les Moorghen ont fait leur réputation grâce à leur fameux « masala », exposé sur le marché local depuis 1985. Comme ses parents, Neetyren Moorghen a acquis ce savoir-faire transmis de génération en génération. Dans une commercial kitchen, il consacre ses talents à concocter des mélanges d’épices inspirés de son enfance à base de coriandre, de cumin, de poivre, de all spice, de la moutarde et du safran. Tandis que sa femme, qui a reçu une formation de chef et qui a été gérante d’un restaurant à Maurice, propose des recettes sur la page Facebook consacrée à leurs épices. Une façon pour eux de promouvoir et revendiquer leur héritage. Mais aussi de se rapprocher de Maurice. « Avant, ce qui me manquait le plus ici après ma famille, c’était la cuisine mauricienne. Aujourd’hui, je trouve 95% de tout ce qu’il me faut », dit Varouna Moorghen.

Après le lancement de leur entreprise et l’importation des épices, le couple caresse un autre projet : ouvrir une épicerie et proposer une variété de produits mauriciens.

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