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MARE D’ALBERT: Tuées violemment à la suite d’une dispute

« Mo senti moi inn tombé net… « , cette phrase succincte mais lourde de sens témoigne du drame qu’il vit. Le visge défait, les yeux gonflés et rougis par les larmes, Deepak Chuttoree est un homme abattu. Il pleure depuis, lundi après-midi, son épouse Jayantee Mala Chuttooree, aussi connue sous le nom de Jyotee, âgée de 37 ans, et leur fillette de 2 ans, Ayeshna, étouffée dans la lutte qui s’est engagée entre son épouse et son fils Avikesh, 17 ans, au domicile familial à Rampe Le-Moirt, Mare d’Albert.
« Ler mone sorti travay, mone trouve bizarre ki la porte l’entrée fermée. Mone passe par la fenêtre ek mone trouve la porte lasam fermée à clé. Mone resorti pu passe par enn lot la fenêtre… et lerla mo trouve zot », confie-t-il à Week-End le lendemain du drame. C’est l’horreur qui s’offre à ses yeux. Il était alors 16h30. Jyotee et leur petite fille étaient couchées dans le lit conjugal et ce qu’il redoutait se confirme au contact de leurs corps froids et rigides.
« J’ai entendu mon frère hurler de douleur. Quand je me suis précipité vers lui, je l’ai vu assis par terre sur la terrasse, la tête entre les mains… Il pleurait et disait que sa femme s’est suicidée en emmenant leur fille avec elle », se remémore Ravin, le frère aîné de Deepak.
Si la famille et la police ont d’abord pensé à un suicide au vu des témoignages recueillis dans le proche entourage des victimes, les traces sur le cou de Jyotee a dissipé tout doute et a mis les limiers de la CID de Plaine-Magnien sur la brèche. L’autopsie pratiquée par le Chief Medical Police Officer, le Dr Gungadin assisté du médecin-légiste, le Dr Harris Bachoo, devait confirmer la thèse de foul-play. À partir de là, les enquêteurs de la CID de Plaine-Magnien sous les ordres de l’Inspecteur Kheedoo ont eu la confirmation qu’ils avaient sur les bras un cas de double meurtre à résoudre.
Les conclusions de l’examen post mortem attribuent le décès de Jayantee Mala Chuttoree à un étranglement alors que la fillette a succombé à une asphyxie, ayant été prise sous la mère lors de la lutte entre celle-ci et son meurtrier. Avec ces éléments en mains, les hommes des inspecteurs Mohit et Kheedoo n’ont pas tardé à identifier le suspect dans l’entourage familial pour avoir démontré une parfaite maîtrise des lieux.
Ils ont d’abord interpellé le beau-fils de cette dernière, Avikesh, un étudiant de 17 ans, fréquentant un collège privé des Plaine-Wilhems. Avikesh déclenchait, selon les enquêteurs et son entourage, des colères intempestives contre sa belle-mère Jyotee et son père Deepak où des interventions de la Police étaient souvent nécessaires.
« Mone pense à enn suicide parski mo madam ti deja menacé dan le passé. Li ti telman plein ki li ti pe dir kan mo alé zot pou chagrin après… « , raconte Deepak. Depuis les sept dernières années qu’il a épousé Jyotee en seconde noces, les relations n’ont jamais été tendres entre ses trois enfants, dont l’aînée Khusboo, 21 ans, qui habite sous le même toit de la victime.
Arrêté le même jour, Avikesh Chuttooree, qui devait prendre part aux examens du School Certificate (SC), a nié dans un premier temps. Mais face aux questions musclées des hommes de l’Inspecteur Kheedoo de la CID de Plaine-Magnien, il devait passer aux aveux tôt mardi matin.
C’est une énième dispute qui serait à l’origine du drame. « Inn gagne enn probleme, mone touye li », a-t-il avoué aux enquêteurs. Jyotee revenait d’un week-end chez sa mère à l’Escalier, lorsqu’elle est tombé nez à nez avec Avikesh qui a fait l’école buissonnière. Cédant à la colère, il a étranglé sa belle-mère. Sa petite soeur de 2 ans est morte dans la lutte entre les deux protagonistes. Il a ensuite tenté de maquillé son crime en suicide avant de s’enfuir pour se réfugier chez sa soeur cadette à Rose-Belle.
« Avikesh revendiquait une liberté absolue. Il vivait mal les reproches de Jyotee face à son comportement et enrageait à chaque fois qu’elle essayait de lui faire entendre raison », raconte Deepak affligé. Lui-même dépassé par les relations conflictueuses qui rythmaient leur quotidien, Deepak confie avoir dit à sa femme de passer l’éponge et ne pas faire grand cas de ses deux premiers enfants. « Mone dire li get zis pou nou trois, moi, li ek Ayeshna. Tou cuit to met là ek si zot envie manze zot manze, zot assez gran », souligne-t-il.
A l’arrivée de la dépouille de son épouse et de leur fillette au domicile de sa belle-mère à l’Escalier, Deepak était un homme inconsolable. Il s’est lui-même chargé de conduire la fillette à l’intérieur de la maison pour un dernier hommage.
Avikesh Chuttoree a comparu en cour de district de Grand-Port/Savanne pour son inculpation provisoire pour ce double meurtre en attendant la conclusion de l’enquête policière. Il sera à nouveau entendu le 6 juin. Il reste en détention policière.

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