Mama Jaz est là. À quelques jours du coup d’envoi musical, mercredi, avec le grand concert de Gina Jean-Charles et Belingo Faro au Caudan Arts Centre, les artistes se confient. Week-End s’est entretenu avec ces derniers, ainsi que trois autres artistes tout aussi talentueux: Jean-René Bastien et Nadine Belombre, qui seront présents pour les événements “andeor map” à Sol Fami, et Philippe Thomas aux Lounge Jazz Session au Hennessy Hotel. Rencontre.
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Nous connaissons Gina Jean-Charles et nous connaissons Belingo Faro. Les deux ensemble, ça donne quoi ?
Gina Jean-Charles : L’aventure musicale que je vis avec Belingo est très enrichissante et m’a surtout appris à m’harmoniser avec un musicien et avec ce que l’autre dégage pour pouvoir jouer en harmonie.
Belingo Faro : Cela demande un travail plus dur pour que la musique des deux puisse sonner et raisonner. C’est un travail pour moi, et aussi pour donner le meilleur de moi-même pour qu’à deux, cela sonne extraordinairement bien.
Prêts pour revoir le public mauricien après deux ans d’absence?
Gina Jean-Charles : C’est nettement mieux d’être sur scène. C’est une vibration, toute une énergie. Et c’est différent, car c’est un challenge pour nous en tant qu’artistes. Il y a le stress évidemment, mais c’est le travail, et il faut se préparer pour l’événement. Bref, c’est un plaisir de rencontrer, enfin, le public après un long moment sans contact humain. Cela fait plaisir de remonter sur scène.
Belingo Faro : C’est une grande opportunité et je tiens à remercier l’équipe de Mama Jaz de permettre à la musique d’évoluer dans notre pays, car ce n’est pas facile à l’île Maurice pour se faire entendre et, surtout, pour faire entendre la musique autrement et différemment. Je dis donc à Gavin Poonoosamy et à l’équipe de ne pas abandonner et de continuer. Il y a encore beaucoup d’artistes qui ne peuvent pas monter sur scène du tout et j’ai une pensée pour eux. Au final, l’art contribue à la bonne santé d’un peuple et aide les gens en souffrance, donc bon courage aux artistes qui ne peuvent pas être sur scène.
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Jean-René Bastien et Nadine Belombre :
“On est là pour transmettre un maximum de vérités”
Que représente ce festival pour vous ?
Nadine Belombre : En tant que chanteuse, ce festival est pour moi l’épanouissement de la musique locale à un autre niveau, c’est-à-dire que c’est tout ce qu’on entend à la radio, mais de différentes façons. Ce festival c’est prendre le temps pour dire les choses au ralenti et prendre le temps pou mett nos personnalités en avant, car c’est l’occasion rêvée de nous faire connaître en tant que musiciens. Mama Jaz c’est aussi un événement qui permet aux artistes d’être connus, de montrer au monde qu’on existe et que nos voix comptent. Je trouve cela dommage qu’il y ait encore tant de musiciens qui restent au grenier et qui ne sont pas mis en avant. En fait, l’on nous a formatés à aimer telle ou telle musique, alors que toutes les musiques, quel que soit le style, sont bonnes à écouter. Donc, le jazz englobe tout cela, toute cette philosophie et tout le ressenti d’un personnage qui a ce besoin, cette envie de partager avec les autres. Je remercie Gavin qui met tout cela en place et heureusement qu’il y a des personnes comme lui qui ont le courage de faire les choses et qui négocient pour des gens comme moi qui, sinon, resteraient dans les hôtels sans découvrir le monde. Ce festival c’est pour représenter notre culture et notre sega qui reste le battement de nos cœurs d’îliens, de Mauriciens.
Jean-René Bastien : Il s’agit pour moi d’un événement national qui a pour vocation de déclencher un choc culturel parce que li amène quelque chose dans la conscience mauricienne, et pas seulement sur le jazz, car beaucoup ne connaissent pas, mail il réveille les consciences et sensibles sur le rôle de la musique au sein de la société sur le plan culturel économique. L’on se rend ainsi compte qu’un événement musical demande toute une administration, des aides financières et sponsors, et qu’un festival musical est pas une chose simple. Il est pour moi salutaire et je salue aussi l’inspiration et le courage de Gavin pour cette initiative. On m’avait invité il y a quelques années mais je n’étais pas prêt. Aujourd’hui, je le suis et j’accepte le challenge en tant que musicien et professionnel.
Vos sentiments avant de (re)monter sur scène à Sol Fami?
Nadine Belombre : On a eu l’honneur de visiter le lieu où l’on sera en prestation et le cadre est super. La sonorisation ne demande pas d’autres éléments à être ajoutés. Salutations à Rajni Lallah et merci à elle qui nous prêter son piano. Il y aura certainement que de bonnes vibrations et on y partagera ce qui est dans nos cœurs et on pourra mettre en avant d’autres idées, car l’on ne peut jouer à 100% ce qui a été écrit sur papier et je dis cela par expérience. Au final, notre rôle en tant qu’artiste est de prendre tout le positif et de mettre de côté le négatif… il y en a déjà beaucoup trop en ce moment dans le monde! Nous allons, donc, partager l’amour avec un grand A et dans son sens le plus large.
Jean-René Bastien : Ce récital sera expérimental car j’aurai un super instrument. Mon rapport avec le piano a toujours été celui du compositeur et pas celui du pianiste. Donc, j’aurai à ce moment-là sur scène un bel instrument avec qui je ferai connaissance sur place, dans un lieu intime, avec une acoustique intéressante, et j’essaie d’anticiper, mais je me dis que je dois juste essayer de livrer mes émotions de la façon la plus authentique possible. On est là pour ramener une sensation au public pour transmettre le maximum de vérités et pour déclencher un minimum d’émotions.
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Philippe Thomas
“La musique nettoie le corps et la tête”
La musique adoucit les mœurs, dit-on. Aujourd’hui avec la pandémie, plus que jamais, selon vous ?
La musique nettoie le corps et la tête. La musique li kav fer twa sanz to lespri. To kas enn poz ek to blie inpe sa bann zafer stresan-là. Effectivement, elle aide à changer votre humeur. Évidemment, il ne faut pas ignorer la pandémie et le virus, et il faut prendre toutes ces précautions, mais moi quand je commence à jouer de la trompette, j’oublie tout et je dis au Covid de déguerpir (rires).
Le public mauricien aura droit cette année à du Jazz pur et dur. Où allez-vous proposer d’autres styles de musique ?
Il y aura de la contrebasse, de la batterie et de la trompette comme toujours. Cette fois-ci, je serai accompagné d’un très bon trompettiste Don Thierry avec qui je n’ai jamais eu l’occasion de jouer. Il apporte quelque chose d’extraordinaire, avec des accords de musique qui s’accordent à merveille avec la contrebasse. Je ne vais pas prendre d’instruments avec des accords pour ce concert. Mais je suis content de voir cette 7e édition évoluer et c’est mon rêve de voir des artistes du monde entier venir jouer à Maurice et c’est pour cette raison que ce festival doit continuer à exister.