L’ile aux Aigrettes : un programme d’actions pour la préservation des tortues et des lézards

À l’échelle mondiale, un reptile sur 5 est menacé d’extinction, selon les critères de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN). Et régionalement, 4 sur 5. Dans la lutte pour sauver ces espèces menacées, dont les tortues géantes terrestres Aldabra, le Gecko endémique de Maurice, le Gunther Gecko et le Telfair Skink, la Mauritian Wildlife Foundation (MWF) mène depuis quelques années un programme d’actions pour la préservation de ces tortues et de ces lézards. L’association a invité la presse, mardi, sur l’île aux Aigrettes pour faire découvrir leur Island Restoration Project.

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Deux officiers, Roberto Cesar, Senior Reptile Staff en charge de l’équipe Tortoise Project-Island Restoration, et Ryan Law Yu Kam, Conservation biologist à la MWF, nous accueillent pour une visite guidée sur l’île aux Aigrettes. L’objectif de cette sortie est de montrer à la presse comment la fondation supervise l’évolution de la santé et la croissance des tortues géantes d’Aldabra (nom scientifique: Astrochelys radiata), ainsi que des lézards endémiques, pour une meilleure gestion de ces espèces menacées.
Rats, tanrec, crabes, corbeaux… Sur cette île du Sud-Est, d’une superficie de 26 hectares, plusieurs menaces affectent la population des tortues géantes d’Aldabra ainsi que les lézards endémiques.

Par exemple, le succès d’éclosion de Geckos de Gunther est plus faible depuis la présence de corbeaux sur l’île. Les corbeaux s’attaquent aux juvéniles et aux adultes. Avec les rats et les tanrecs, ils s’attaquent également aux bébés tortues. Selon les deux Conservation biologists, les efforts de restauration ont permis de débarrasser l’île des prédateurs envahissants. La population de ces reptiles sur l’île a également connu un rétablissement spectaculaire grâce à l’élimination des prédateurs.

Clôture dérivante et trappes appâtées y ont été installées à plusieurs endroits. « Les clôtures dérivantes en forme de Y et les trappes ont montré leur efficacité pour capturer les petits mammifères », dit Roberto Cesar. Afin de les aider dans la recherche d’espèces envahissantes nouvellement arrivées sur l’île par la mer ou les bâteaux, comme les crabes ou les rats, des « chew cubes » ont été placés à plusieurs endroits. Au Tortoise Nursery, les mesures morphométriques et les pesages sont pratiqués chaque mois sur les tortues juvéniles. Ils sont également pratiqués sur les scinques de Telfair, les autres lézards endémiques et les jeunes tortues vulnérables qui évoluent librement sur l’île. La population de scinques de Telfair adultes est estimée à 50 individus. De 2006 à 2010, 760 scinques avaient été transférés de l’île Ronde à l’île aux Aigrettes. L’éradication des tenrecs aide à reconstituer la population de scinques de Telfair sur l’île aux Aigrettes. Quant aux tortues terrestres, leur population a atteint aujourd’hui plus de 700 individus. Depuis 2006, les jeunes tortues qui naissaient sur l’île aux Aigrettes étaient transférées vers l’île Ronde.

La MWF est une Organisation Non Gouvernementale (ONG) locale mise en place depuis 1984. Elle a depuis joué un rôle actif dans la sauvegarde de la faune et la flore endémiques du pays, celles-ci étant en danger critique d’extinction. Les fonds collectés par la MWF permettent de soutenir des actions sur l’île aux Aigrettes, notamment la protection des tortues géantes, la restauration de l’habitat naturel des plantes endémiques et la préservation des scinques et geckos, des lézards jouant un rôle clef pour la pollinisation de certaines plantes.

L’île aux Aigrettes était à l’origine connue sous le nom de Visscher’s Eyland (île du Pêcheur) pour les Néerlandais. Les colons français qui suivirent la renommèrent île aux Aigrettes d’après les oiseaux connus pour y nicher. Cette espèce fut par la suite exterminée par les Français. Les canons et bâtiments se trouvant sur l’île nous rappellent son occupation par les soldats anglais durant la Seconde Guerre mondiale.
Lorsque ces Néerlandais sont arrivés il y a 400 ans à Maurice, ils pouvaient contempler une île verdoyante avec des animaux fascinants, dont les tortues terrestres géantes. À cette époque où Maurice était riche en forêts, ils les coupèrent, introduisirent des prédateurs tels le rat et le chat, et chassèrent les animaux jusqu’à l’extinction pour certains.

Plusieurs autres îles et îlots de la baie offrent des opportunités de conservation s’apparentant au travail réalisé sur l’île aux Aigrettes. Des populations de reptiles et d’oiseaux marins nicheurs y ont été réétablis. L’île aux Fouquets est aussi connue sous le nom d’île au Phare. Le phare qui s’y trouve et qui fut construit en 1865 est abandonné. L’île de la Passe possède une fortification côtière construite par les Français au début du 18e siècle. Ces bâtiments furent également occupés par les soldats pendant la Seconde Guerre mondiale. L’îlot Vacoas est en partie cachée par l’île de la Passe et l’île au Phare. Cet îlot est un important lieu de conservation qui abrite actuellement trois espèces de reptiles indigènes et une colonie d’oiseaux marins nicheurs appelée Puffin du Pacifique.

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